Cet essai est une adaptation de l'émission éponyme de radio animée par l'auteur en 1977-1978 autour de 16 thèmes de société et fait intervenir différents experts dont certains le sont encore (J. de Rosnay,
J. Attali…).
Dans l'ensemble, l'auteur a tendance à donner trop d'importance au progrès scientifique et à ses aboutissements les plus spectaculaires et effrayants, et à ignorer les évolutions démographiques, sociales, sociétales, à sous-estimer la capacité des individus et des minorités à s'associer, à revendiquer et à s'imposer à l'Etat.
Certaines prédictions seraient plutôt à envisager dans les années 2050 (applications des neurosciences, contrôle social par l'informatique et la biochimie).
On découvre au passage qu'un projet américain envisageait la construction dans l'espace d'un panneau solaire géant de 30 km2 pour faire de l'électricité pour la Terre.
Trop d'importance est donné à certains sujets (nodules polymétalliques sous-marins) alors que des enjeux majeurs du XXIe siècle sont totalement absents (immigration, réchauffement climatique, l'Europe…).
Si l'auteur montre que certaines tendances sont déjà amorcées (développement de l'ordinateur individuel, réseau d'appareils connectés, parité hommes/femmes, dégradation de l'environnement, la voiture autonome au Japon…), il ne fait nulle mention du téléphone portable et à peine de l'ordinateur portable. Egalement, l'énorme potentiel de la mise en réseau des PC (dont le Minitel de 1980 est l'ancêtre) et les conséquences de la révolution numérique qu'elle prépare semblent lui échapper.
A l'inverse, devant les faibles performances des PC des années 70, il croit plausible que ces derniers louent leur puissance de calcul aux plus gros ordinateurs.
Au chapitre ‘La religion', si l'auteur note déjà un développement fulgurant de l'islam et demande même s'il sera reconnu comme religion principale, il n'évoque aucune inquiétude sur cette évolution. La principale question qu'il se pose est seulement de savoir si globalement l'humanité va vers plus ou moins de religion.
De même, au chapitre ‘Economie', c'est le capitalisme qui est présenté comme une menace pour les identités culturelles, et pas l'immigration.
Au final, le livre peut être divisé en trois parts égales : les scénarios qui voient juste, ceux qui ne voient pas assez et ceux qui voient trop. Sa lecture 44 ans après sa sortie révèle ainsi surtout les aveuglements de son époque.