Citations sur Trois ruches bleues (39)
En exergue , citation de William Blake :
L'abeille laborieuse n'a pas le temps d'être triste.
( A propos de Mario Rigoni Stern)
Il y a tant de paix nichée droite et bien rangée dans ses phrases. (...) Rigoni Stern parle naturellement bien des abeilles. Il en fait des chapitres que je découpe mentalement comme autant de lieux de paix.Ce sont les meilleures prescriptions qui existent pour croire à notre condition. Au pied de sa maison tranquille, à pas d'âge, il s'en occupe encore.Il réserve ses pots à ses nombreux amis et vit dans la lumière sereine d'un village.
Je voudrais le savoir toujours en vie.
Un copain me raconte une histoire idiote.On offre une râpe à fromage à un aveugle.Plate et en tôle, on ne connaît que ça. Celui- ci la tourne et la retourne dans ses mains et du bout de ses doigts tente de la lire en braille. Il en fait un poème. Cela semble absurde et cela ne l'est pas.Chacun à son simple niveau décrypte les signes au plus offrant.Je tiens à de telles anecdotes, la sagesse n'y a plus aucun prix.
( p.103)
****je rajoute un extrait...pour marquer cette journée où je me rends ce soir à Montmartre pour une séance signature avec Patrick Cloux, à la Librairie L"Attrape- coeurs ", à 20 h, pour ses " Trois ruches bleues"
On dit que les oiseaux n'ont jamais froid aux pattes car ils chantent en se levant.
( p.49)
Campagne d'affichage oblige, l'abeille a enfin de quoi lire en rentrant au dépôt. Du catéchisme sentencieux aux scènes grivoises des paysans en goguette, elle n'eut que l'embarras du choix. C'est attachant cette idée de laisser sa trace partout.
(...)
A faire collectivement signe d'appartenance à sa communauté. Cette mentalité rustique et profane est restée longtemps opérante. Les gens y tenaient. La peinture de ces ruches vient dire le lien étroit qui attache depuis toujours l'abeille à l'humain, à ses faisceaux de croyances et de valeurs.Peindre les ruches faisait signe.
(...)
On est dans la joyeuse imagerie populaire nourrie du feuilleton des livrets de colportage, des histoires à tiroirs, des contes à dormir debout.Les ruches en profitèrent.
( p.125)
Les ruches sont un symbole de ce qu'on doit décider.
" Faire son miel de tout" est la sagesse mère.
( p.145)
Aujourd'hui il fait un temps splendide. Autant profiter des derniers beaux jours pour passer toute la journée dehors. J'écris dans ma tête " beaux jours" comme je noterais " beaux-arts". Tant tout cela me semble si proche à l'instant.
Une reine vit de deux à cinq ans, les ouvrières deux mois.Elles seront passées par de nombreuses tâches : ménagères, cireuses, nourrisseuses, sentinelles à l'entrée, gendarmes, butineuses, représentantes en pollens. La polyvalence est pour elles une chance de durer.L'instinct décide de tout avec une précision et une détermination redoutables. L 'évolution les lie depuis toujours aux fleurs.Et les fleurs à elles. A l'exubérance mais aussi à la pauvreté. Elles doivent affronter toutes les difficultés. Nous ne captons qu'une infime partie du pacte.
L'essentiel est d'en saisir ce qui, à simplement les observer vaquer à leurs occupations, nous élève spirituellement et fait de chacun d'entre nous des admirateurs enchantés (...)
Une abeille seule n’existe pas. Elle n’est qu’une virgule, un code secret, un chiffre. Une simple syllabe. Une note sans portée. La clef est en elle mais elle ne fonctionne qu’une fois reliée en réseau. En phase. En devenant une phrase à plusieurs. Puis une page, un conte, un livre.
Les abeilles, de rares voyages, l'amour des livres et des plantes, mon goût pour l'échange d'idées et la fausse dispute, une certaine posture du cœur, une ordinaire complicité avec les femmes, le marcottage d'arbustes à sauver, l'abreuvoir à l'eau fraîche que je dois réparer, la colline incurvée où s'endort un calvaire, voilà bien ce qui une fois de plus évoque en moi le séminaire. La clôture discrète. (...)
J'ai échappé de peu à la tonsure inavouée et autre vocation suspendue. L'autisme tranquille des rêveurs assumés mange assez facilement de ce pain- là. Il faut me méfier.
( p.71)