AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le miroir brisé (13)

Alors voilà comment il marche, le monde, se disait-elle. Il marche comme ça, en vrai. Une fille avait fait quelque chose de mal, une fille avait triché, et c'était son amie qui en avait pâti. Et quand elle avait essayé de corriger cette injustice flagrante personne n'avait voulu l'écouter. Elle avait dit la vérité, mais un homme l'avait contredite - il avait menti, pour la simple raison qu'il trouvait une femme belle et qu'il voulait obtenir une faveur de la part de son mari - et on avait choisi de le croire, lui, plutôt que Claire, parce qu'il avait du pouvoir et pas elle. Elle qui était si sûre que tout le monde croirait la vérité ! La vérité, c'était ce qu'il y avait de plus important, dans la vie, non ? Elle l'avait toujours cru. Apparemment, elle se trompait, en ce qui concernait certains, en tout cas. Pour ceux-là, il y avait des choses qui passaient avant : obtenir des avantages personnels, et ne pas trop se compliquer l'existence.
Commenter  J’apprécie          130
Mais ce qui était exaspérant, c'était que Claire ne pouvait pas si accouder, à cette balustrade, ni contempler l'étendue de l'océan. Tout simplement parce que la balustrade n'existait pas. On ne pouvait pas la situer sur une carte, parvenir jusqu'à elle ni la toucher. Elle n'existait que dans le monde miraculeux du miroir, miroir qui - elle en était certaine maintenant - reflétait non pas le quotidien trop familier qui était le sien mais ce qui la faisait rêver, les choses qui, jusque là, n'avaient existé que dans son imagination.
Sa tête fourmillait sous l'effet de l'excitation et de la frustration, elle monta dans sa chambre. Qu'elle était donc petite et banale, après les splendeurs du palais des algues entrevues dans le miroir, en bas.
Commenter  J’apprécie          120
Quelque chose la passionnait dans l’étude de l’histoire. Elle était fascinée par ces empires qui s’étaient édifiés puis écroulés à cause de l’arrogance d’une poignée d’hommes , ces grandes guerres et ces batailles qui donnaient parfois l’impression d’avoir été livrées pour rien, ces crises et ces conflits provoqués au fil des âges par l’avidité des uns, la soif de pouvoir des autres. Il lui semblait que le grand thème de l’histoire était la quête de la justice, la lutte pour que tout homme ait sa chance de tirer le meilleur parti de sa vie. Sauf que régulièrement les choses tournaient mal, on commettait les mêmes erreurs […….]
Commenter  J’apprécie          90
Il lui semblait que le grand thème de l’histoire était la quête de la justice, la lutte pour que tout homme ait la chance de tirer le meilleur parti de sa vie. Sauf que régulièrement les choses tournaient mal, on commettait les mêmes erreurs, les faibles étaient incapables de se défendre parce que c’étaient toujours les riches et les puissants qui déterminaient le cours des événements. Elle repensait à la fête du Sport, il y avait tant d’années, où elle avait tenté de prendre le parti de son amie, et où personne n’avait voulu l’écouter parce que chacun avait son idée derrière la tête, ses intérêts personnels, ses objectifs à atteindre. Elle prit conscience qu’elle avait appris une leçon importante ce jour-là, et qu’elle pourrait apprendre la même en observant le répertoire infini de péripéties semblables qui composaient l’histoire majuscule de l’humanité, laquelle se répétait en spirale. (p. 68-69)
Commenter  J’apprécie          30
Au cours de ces deux ans, Claire eut le temps de s’habituer à ce que le miroir fasse partie de sa vie. Elle en arriva à croire qu’elle n’aurait jamais accès au monde qu’il lui faisait voir – ce monde tellement plus éclatant, plus coloré, plus magnifique que le sien. Elle était déçue, bien sûr, mais elle en acceptait maintenant l’idée. Que faire d’autre, d’ailleurs ? En attendant, elle s’estimait heureuse d’avoir le privilège et le plaisir – secret – de pouvoir y plonger les yeux quand bon lui semblait. Elle le rangeait, enveloppé avec soin d’un morceau de velours vert, dans le tiroir de sa table de chevet.
Commenter  J’apprécie          20
- [...] tu sais, les gens glissent entre les interstices. Ils glissent entre les interstices.
Commenter  J’apprécie          00
Elle aimait regarder les gens boire et bavarder devant le pub, parfois elle se disait même qu’elle aurait plaisir à se joindre à eux, mais elle sentait confusément qu’elle n’y était pas encore prête. Elle s’arrêtait au café en sortant de l’école, et en général elle y restait une heure ou deux avant de rentrer. (Ses parents ne lui demandaient jamais où elle était passée.) Elle quittait toujours les lieux avant sept heures du soir, et elle était souvent stupéfaite de voir à quel point des tas de clients du pub étaient déjà ivres. Elle se demandait ce qu’il y avait dans leur existence qui les pousse à se mettre dans un état pareil.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis quelques semaines, elle avait pris l’habitude d’entreprendre de longues balades sans but le week-end. Il n’y avait pas grand-chose à voir ou à faire en ville, mais c’était toujours mieux que de rester à la maison, où l’atmosphère devenait très déprimante, ces temps-ci. Non pas que ses parents se soient disputés tout le temps ou que le ton soit monté entre eux, mais ils donnaient l’impression de s’en vouloir en permanence, sans jamais le dire. Elle ne les voyait plus dans les bras l’un de l’autre, ne les entendait plus se dire qu’ils s’aimaient ; il devenait même rare qu’ils échangent un sourire.
Commenter  J’apprécie          00
Alors voilà comment il marche, le monde, se disait-elle. Il marche comme ça, en vrai. Une fille avait fait quelque chose de mal, une fille avait triché, et c’était son amie qui en avait pâti. Et quand elle avait essayé de corriger cette injustice flagrante personne n’avait voulu l’écouter. Elle avait dit la vérité, mais un homme l’avait contredite – il avait menti, pour la simple raison qu’il trouvait une femme belle et qu’il voulait obtenir une faveur de la part de son mari – et on avait choisi de le croire, lui, plutôt que Claire, parce qu’il avait du pouvoir et pas elle. Elle qui était si sûre que tout le monde croirait la vérité ! La vérité, c’était ce qu’il y avait de plus important, dans la vie, non ? Elle l’avait toujours cru.
Commenter  J’apprécie          00
Au cours de ces deux ans, Claire eut le temps de s’habituer à ce que le miroir fasse partie de sa vie. Elle en arriva à croire qu’elle n’aurait jamais accès au monde qu’il lui faisait voir – ce monde tellement plus éclatant, plus coloré, plus magnifique que le sien. Elle était déçue, bien sûr, mais elle en acceptait maintenant l’idée. Que faire d’autre, d’ailleurs ? En attendant, elle s’estimait heureuse d’avoir le privilège et le plaisir – secret – de pouvoir y plonger les yeux quand bon lui semblait. Elle le rangeait, enveloppé avec soin d’un morceau de velours vert, dans le tiroir de sa table de chevet.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (92) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La pluie, avant qu'elle tombe

    A quel âge est morte Rosamond?

    71
    72
    73
    74

    15 questions
    62 lecteurs ont répondu
    Thème : La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan CoeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}