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Les Enfants de Longbridge tome 3 sur 3

Josée Kamoun (Traducteur)
EAN : 9782072922664
608 pages
Gallimard (25/03/2021)
3.99/5   1236 notes
Résumé :
Comment en est-on arrivé là ? C'est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l'histoire politique de l'Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des Jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le Cœur de l'Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (238) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 1236 notes
Si vous n'avez pas vraiment suivi comment la Grande Bretagne est finalement arrivée au Brexit ou si, comme moi, vous l'avez suivi un peu superficiellement, alors une solution s'impose, pas un effort titanesque, non, ni une lecture ennuyeuse ou pédagogique, pas du tout. Il suffit de se plonger dans le coeur de l'Angleterre de Jonathan Coe pour savoir comment on est arrivé là, car c'est la question qui est posée tout au long de ce roman.
Celui-ci débute en avril 2010 avec les obsèques de la femme de Colin, Sheila, avec qui il a vécu 55 ans. Celui-ci, 82 ans, conservateur depuis 1950, repart, la réception terminée, avec son fils Benjamin plutôt indécis vis-à-vis des élections qui ont lieu dans une semaine, déclarant même qu'il ne voterait peut-être pas. La soeur de Ben, Loïs accompagnée de sa fille Sophie les rejoint chez ce dernier. L'autre frère, Paul, est reparti sur Tokyo car il est fâché. Doug, l'ami journaliste de Ben est présent aussi. Les principaux personnages nous sont donc présentés dès ce premier chapitre et au fil du roman, s'en ajouteront bien d'autres tout aussi intéressants. Ainsi, au moyen d'une fiction, par le biais d'une famille agrandie aux amis et connaissances, Jonathan Coe réussit de façon magistrale à nous faire vivre ce qu'ont été ces années plus que difficiles qui ont précédé ce fameux 24 juin 2016 où a été annoncé que les britanniques s'étaient prononcés contre le maintien de leur pays dans l'Union européenne et où David Cameron avait démissionné de son poste de Premier ministre. J'avais craint, n'ayant pas lu les deux précédents, Bienvenue au club et Cercle fermé d'avoir quelques problèmes de compréhension, mais il n'en a rien été, le coeur de l'Angleterre peut se lire séparément sans aucun problème. Ce roman couvre quasiment une décennie, d'avril 2010 à septembre 2018. Il retrace la vie politique économique et sociale de toutes ces années en jalonnant son récit de certains évènements marquants comme les violentes manifestations de 2011, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques du 27 juillet 2012 ou encore l'attentat contre la députée Jo Cox en juin 2016. le lecteur n'est jamais perdu car la plupart des chapitres sont précédés d'une date. Il est intéressant et instructif de voir que chacun est impacté par la politique, de façon différente selon sa sensibilité mais que nul n'y échappe.
L'auteur montre très bien comment, progressivement, et notamment avec le chômage de plus en plus important, s'est creusé l'écart entre les classes populaires et les élites, comment sont nés la peur du lendemain, le repli sur soi, la méfiance vis-à-vis de l'étranger et des migrants, le tout finissant par engendrer la révolte.
C'est une triste réalité que nous dépeint Jonathan Coe avec cette satire sociale. Par bonheur, les différents liens d'amour, les relations familiales ou amicales tissés entre les personnages leur permettent de traverser cette vie pas toujours simple à appréhender. Se dégagent de ce roman une mélancolie et un sentiment de nostalgie sur le temps qui passe qui m'ont beaucoup touchée.
C'est un ouvrage que j'ai trouvé particulièrement plaisant à lire et que je recommande chaleureusement. Il peut se lire sans problème, indépendamment des deux premiers.
Bien mieux que toutes les analyses politiques, le coeur de L'Angleterre est le livre à lire pour comprendre l'époque dans laquelle on vit et ce fameux Brexit qui n'a pas encore révélé toutes ses conséquences.
Je conseillerais donc vivement ce triptyque : Bienvenue au club, le cercle fermé et le coeur de l'Angleterre à tous ceux qui voudraient avoir une vue politique d'ensemble des années 1970 à 2019, de l'Angleterre, bien sûr, mais de notre vie à tous. Une manière très agréable et très enrichissante de faire le point !
À noter la très belle et très explicite jaquette !
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Plonger au coeur de l'Angleterre des années 2010 est une aventure très instructive, prenante, émouvante et riche en rappels précis de la vie politique de ce pays.

Dans le coeur de l'Angleterre, Jonathan Coe redonne vie à des personnages créés dans ses précédents romans, Bienvenue au club et Cercle fermé. Je ne les ai pas lus, hélas, et cela m'a gêné un peu au début pour situer chacune et chacun car on gravite au sein d'une même famille, la famille Trotter, qui est de Birmingham, dans ces Midlands qui subissent les fermetures d'usines, le chômage et où un ressentiment, pour ne pas dire plus, envers les étrangers, va grandissant.
Colin a quatre-vingt-deux ans. Il vote conservateur depuis 1950. Parmi ses enfants, Benjamin a cinquante ans et vit seul. Lois, sa soeur, est la mère de Sophie qui se fait flasher en excès de vitesse. Plutôt que de perdre des points sur son permis, elle choisit de suivre un stage et tombe amoureuse de Ian, le formateur.
Doug est un autre personnage important du livre. Il a fait ses études avec Benjamin et il est devenu un chroniqueur politique réputé. Grâce à un sous-directeur à l'information du gouvernement, il connaît tous les dessous de la vie politique de son pays qui, après le succès des conservateurs (tories) aux législatives, fait face à des émeutes dans les plus grandes villes, en 2011. Certains, comme Ian, y voient un conflit racial.
Pendant ce temps, Benjamin se décide à montrer à Philip, un ami, son projet littéraire. Après un élagage sérieux, il est édité sous le titre Une rose sans épine, et finit par créer la surprise…
Ainsi, je me suis peu à peu passionné pour la vie de ces gens, leurs rencontres, leurs amours, leurs succès, leurs échecs et j'avoue que tout cela est bien mené, varié, avec beaucoup de maîtrise. L'auteur ne cache pas son amour pour la France, situant une belle séquence à Marseille et dans les îles du Frioul, plus une scène finale qu'il ne faut pas divulgâcher.
Enfin, l'essentiel, c'est ce fameux Brexit dont l'auteur permet de comprendre la préparation avec campagne médiatique jouant sur les ressorts du patriotisme et la force du monde des affaires. David Cameron a commis une lourde faute en lançant ce référendum qui l'a contraint à la démission du poste de Premier Ministre mais, rassurez-vous, tout va bien pour lui puisqu'il s'est mis ensuite à rédiger ses mémoires et à donner des conférences à 120 000 dollars l'heure.
Au fil de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en lisant que le gouvernement de Theresa May avait fixé la date butoir pour le retrait de la Grande-Bretagne de l'Union européenne au 29 mars 2019.

Lors de son intervention aux Correspondances de Manosque, Jonathan Coe rappelait que le Premier Ministre actuel, Boris Johnson, journaliste auparavant, avait pendant vingt ans, écrit des articles satiriques, moqueurs contre l'Europe. Comme un autre personnage, il animait un show télévisé et passait pour un homme sympa, drôle. Suivant son modèle d'outre-Atlantique, il joue les durs, maintenant.
Le coeur de l'Angleterre, au travers de destinées professionnelles et familiales, allant jusqu'à une intimité émouvante, montre bien la fracture générationnelle en cours dans ce pays où les plus de soixante-cinq ans ont fait basculer le référendum alors que la majorité des jeunes voulaient rester dans l'Europe. Cela n'empêche pas l'humour comme lors de la séance de golf car l'auteur qui ne jouait pas mais dont le frère était professionnel, n'a pas oublié ces séances interminables durant lesquelles il devait porter les clubs de tout le monde…

Très Anglais et très Européen, Jonathan Coe est très triste devant ce qui se passe et son livre m'a éclairé sur bien des points ressortant régulièrement dans l'actualité. le coeur de l'Angleterre est un livre important à lire pour comprendre notre époque.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Deux ans après la crise financière qui a secoué le monde et engendré une ligne de fracture abyssale partout en Europe, les Britanniques sont profondément divisés par un fossé culturel et social. Le racisme et la xénophobie sont de plus en plus virulents, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, la classe moyenne se sent victime et a le sentiment qu'on ne l'écoute pas. Quant aux antagonismes de partis, la plupart des Anglais n'en veulent plus, et certains sont tentés par le nationalisme que défendent les populistes.

Sans aucun doute Jonathan Coe essaie de comprendre son pays. Ainsi, alors qu'en ce moment les pour et les contre Brexit s'y affrontent, sous l'angle de Benjamin, Doug, Sophie et les autres, il nous invite à découvrir dans la dernière décennie les racines de la dérive britannique (qui est aussi celle d'autres pays européens). Éclairante et un brin mélancolique, une analyse pertinente, drôle et pleine de recul de la crise anglaise que seul un Britannique lucide et ouvert au monde, tel Jonathan Coe, pouvait offrir à ceux qui s'interrogent sur celle que des Français du XVIIe siècle ont nommé la Perfide Albion...
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Par ici la sortie !
Ce roman, c'est le Mappy du Brexit, la carte Michelin de la transhumance de l'indécise Albion vers elle-même.
Les battements du coeur de l'Angleterre sont aussi anarchiques que ceux des personnages qui poursuivent Jonathan Coe depuis Bienvenue au Club et le Cercle Fermé. Après avoir fait trotter la famille Trotter dans les années Thatcher et Blair, il leur fait traverser la période Cameron, celui qui eut la lumineuse idée, tous phares éteints, d'organiser le référendum qui aboutira au Brexit.
A défaut de prescrire un médicament efficace à son pays, l'auteur fait défiler la chronologie de ces dernières années et décrit les symptômes à cette crise à travers trois générations, toutes traversées par des fractures amoureuses, sociales et historiques.
Côté troisième âge… de pierre, Colin, récent veuf, qui ne comprend plus grand-chose au monde qui l'entoure, se replie dans ses souvenirs et Héléna, une belle mère possessive et acariâtre qui rejette tous ceux qui ne sont pas made in England.
Côté quinquas blasés et usés, il y a Benjamin, l'alter ego de l'auteur, écrivain mélancolique et désengagé qui suit le mouvement comme le spectateur d'un match entre deux équipes dont il n'est pas supporter. Sa soeur, Lois, est aussi restée bloquée dans l'ascenseur du passé et elle choisit la fuite pour retrouver un petit gout à la vie.
Le personnage le plus passionnant du roman est Sophie, jeune universitaire qui s'amourache d'un instructeur d'auto-école, Ian. Ils n'appartiennent pas au même monde : son compagnon lui reproche sa vision progressiste, elle craint sa dérive populiste.
Si vous rajoutez un clown désabusé, des jeunes idéalistes, un conseiller politique hors sol et un chroniqueur engagé, vous obtenez une jolie galerie de portraits d'un peuple qui parle la même langue mais qui ne se comprend plus. Des anglais qui ressemblent à des français. D'un côté, des intellectuels dopés aux grands principes, de l'autre, des sujets de sa gracieuse majesté qui ont l'impression que la Manche n'est plus assez étanche.
Jonathan Coe réussit à orchestrer ce choeur qui ne chante pas à l'unisson en articulant son récit autour des événements qui ont marqué son pays depuis 10 ans. Ils sont superbement abordés à travers le regard subjectif des différents personnages. Il décrit ainsi avec la même subtilité et la même émotion la communion de tous les Britanniques lors de l'ouverture de JO de 2012, les attentats de Londres, le choc causé par le meurtre en 2016 de Jo Cox, députée travailliste et le référendum.
Jonathan Coe est un romancier, pas un journaliste. Il ne s'agit pas d'une simple chronique politique dont les personnages ne seraient qu'un prétexte à défendre une opinion.
L'auteur ne cache pas son hostilité au Brexit mais il ne juge pas ses personnages. Il n'accable ni n'épargne personne. Il semble surtout intéressé par le temps qui passe et l'impact de ces bouleversements politiques sur la vie de ses personnages. Est-il possible de s'aimer quand on ne partage plus la même vision du monde ?
Tout cela serait vraiment trop sérieux si l'auteur n'était pas Jonathan Coe, romancier mélomane qui glisse une bonne dose d'humour et d'ironie dans des scènes improbables. Les échanges entre le journaliste Doug et sa taupe, conseiller politique de David Cameron atteignent des sommets dans le burlesque. Il parvient même à rendre une scène de panne sexuelle orgasmique.
C'est le roman du Brexit et du coeur blessé de l'Angleterre. J'ai adoré.

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Le cru 2019 de Jonathan Coe s'inscrit dans l'actualité encore brûlante puisque le brexit ne cesse de faire couler l'encre, jour après jour, pour savoir comment extirper cette balle dans le pied que les anglais se sont tirée presque malgré eux.

Bien entendu, il s'agit d'un roman et l'on retrouve des personnages déjà croisés dans Bienvenue au club, il y a quelques années. Et c'est un vrai plaisir de les voir débattre, nouer des alliances, se séparer pour mieux se retrouver au fil d'un quotidien ordinaire. Ils sont assez nombreux, autour de Benjamin, l'ermite au bord de la rivière, sa famille, ses amis, ses relations sociales. Et tout se joue autour de l'écriture de son roman, oeuvre entamée des années plus tôt et alimentée sans tri sélectif au point de se retrouver avec un pavé illisible. Ce qu'en fera son éditeur est à mourir de rire.

Grand moment aussi que l'ouverture des Jeux Olympiques, Il n'y a que Jonathan Coe pour retranscrire cette ambiance particulière, où pour quelques minutes tous les anglais se sont retrouvés soudés devant le même spectacle.

Pas de prise de position pour les Leave ou les Remain, mais une savante analyse de la situation et de sa complexité. Les politiques ne sont pas épargnés : un peu d'ironie n'a jamais tué personne.

L'humour est en effet là, parfois amer, jamais méchant, mais imprégné de ce qui fait le charme de cette spécialité britannique.


Grand plaisir donc de parcourir ces pages, et le roman ne dénote pas parmi les autres. Les fans apprécieront et les nouveaux venus auront un aperçu fidèle du talent de l'auteur.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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critiques presse (8)
Liberation
02 octobre 2019
Jonathan Coe lime les griffes de la satire, choisit des situations qui peuvent émouvoir ou amuser un maximum de lecteurs, sans que ceux-ci se situent en surplomb. Jonathan Coe est un écrivain anglais et européen, un écrivain qui rassemble.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaCroix
23 septembre 2019
Si Jonathan Coe connaît le succès pour sa capacité à romancer l’histoire récente de son pays, il serait dommage de négliger ce qui sous-tend son œuvre : le rapport de l’être humain au temps qui passe.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaPresse
23 septembre 2019
L’écrivain anglais raconte l’Angleterre des années 2010 et les événements qui ont conduit sa société au bord du gouffre. Une lecture à la fois divertissante et éclairante pour mieux comprendre la crise politique qui secoue le pays aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Actualitte
11 septembre 2019
Bourré d’humour, fin et sensuel pour évoquer musiques, nourritures et lumières, sec et brutal dans la mise au jour du racisme omniprésent, le nouveau roman de Jonathan Coe a été qualifié de « premier roman du Brexit » de l’autre côté de la Manche.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeDevoir
10 septembre 2019
Jonathan Coe poursuit brillamment sa fresque de la société anglaise contemporaine dans ce portrait d’une décennie mouvementée.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeSoir
02 septembre 2019
« Le cœur de l’Angleterre » bouillonne de conflits publics et privés sur fond de Brexit, mais la meilleure arme du romancier reste l’humour.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
27 août 2019
L’écrivain s’inscrit en plein dans l’actualité avec « Le Cœur de l’Angleterre ». Et ce grand roman du Brexit condense tout ce qui rend l’auteur britannique indispensable depuis « Testament à l’anglaise ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
27 août 2019
Avec Le Coeur de l'Angleterre, Jonathan Coe réussit une fresque captivante de son pays entre 2010 et 2018, où politique et souffle romanesque font la paire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (226) Voir plus Ajouter une citation
... Je l'ai emmenée à la vieille usine de Longbridge, il y a deux semaines. je lui ai parlé de son grand-père et de ce qu'il y faisait. J'ai essayé de lui expliquer ce que c'est qu'un délégué syndical. Mais faire comprendre les politiques syndicales des années soixante-dix à une gamine de Chelsea qui fréquente une école privée, c'est sportif. Et puis, bon Dieu, il ne reste plus grand chose de l'endroit.
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Novembre 2017
La Grande-Bretagne avait voté. Elle avait signifié à David Cameron de prendre ses cliques et ses claques. Elle avait exprimé clairement son opinion sur l'Union européenne. Et, ce choix crucial fait, elle ne voulait plus y penser et préférait retourner à ses occupations quotidiennes en laissant la mise en œuvre à ceux qui étaient traditionnellement chargés de cette besogne : la classe dirigeante.
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_ Content de ton papier ?
_ Oh, ça fera toujours l'affaire. Honnêtement, je me sens un peu illégitime, ces derniers temps... J'ai la nette impression que le Labour est foutu, je le pense vraiment. La colère monte et personne ne sait que faire. Je l'ai entendue quand j'étais avec la caravane de Gordon ces derniers jours... Les salaires sont gelés, aucune sécurité de l'emploi, pas de plans retraite, les vacances en famille c'est fini, réparer la voiture c'est trop cher. Il y a quelques années, les gens avaient l'impression d'être riches. Aujourd'hui ils se sentent pauvres.
(..)
_ En somme, c'est une bonne période pour des gens comme toi. Vous avez de quoi écrire.
_ Oui, sauf que je suis... très loin de tout ça, tu vois ? Ce ressentiment, cette sensation d'en baver, moi je ne les éprouve pas. Je ne suis que spectateur. Je vis dans un cocon, j'habite Chelsea, une maison qui vaut des millions. La famille de ma femme possède la moitié de la région de Londres. Je parle de ce que je ne connais pas. Et ça se voit dans ce que j'écris, forcément.
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L'approche du château ne l'avait nullement préparée à la vue qu'elle aurait sur la ville et la côte en accédant à la terrasse de toit par l'escalier en colimaçon. Elle découvrit tout Marseille, son fatras d'immeubles anciens et modernes, les cités tentaculaires des quartiers nord, la garrigue verdoyante et les calanques vertigineuses à l'est, et puis, veillant sur tout cela, Notre-Dame-de-la-Garde qui dominait la cité. Entre le château et cette perspective s'étendaient la Méditerranée et sa houle légère, scintillante sous le soleil, d'un bleu outremer intense jusque dans ses profondeurs. Et tout était baigné de lumière, oui, c'était cette lumière, bien sûr, et elle le comprenait, qui leur manquait en Angleterre, cet élément qui rendait tout si vif ici, si sensuel, si plein d'énergie, si inéluctablement vivant. Quelle existence étriquée et misérable ils menaient tous, en comparaison, au pays qu'il lui fallait bien appeler natal. En passant de Birmingham à Marseille..., on ne changeait pas seulement de pays, voire de planète, on changeait d'ordre d'existence. La lumière lui donnait l'impression d'être vivante d'une façon qu'elle n'avait pas connue depuis des années, depuis l'enfance peut-être.
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... la colère que Doug disait avoir rencontrée au cours de la tournée, ce sentiment d’injustice larvé, cette rancœur contre une élite politico-financière qui avait volé les gens comme au coin d’un bois en toute impunité, cette rage froide d’une classe moyenne habituée au confort et à la prospérité qui voyait aujourd’hui l’une comme l’autre lui échapper. ... Il y a quelques années, les gens avaient l’impression d’être riches, aujourd’hui ils se sentent pauvres…  
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