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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mitsou ou comment l'Esprit vient aux filles contient "En camarades", comédie en deux actes créée au Théâtre des Arts le 22 janvier 1919.


Chère Mademoiselle Mitsou,

Les Minoteries Italo-Tarbaises et les Scieries Orléanaises Unifiées n'auront laissé à la postérité qu'une charmante chose : votre surnom M I T S O U. Aussi je remercie votre "ami" de vous en avoir fait cadeau. Il est constitué de deux syllabes brèves reliées par ce "t" dental, légèrement soufflant, une douce brise qui vous accompagne discrète comme vous l'êtes malgré votre carrière au music-hall qui pourrait donner à penser bien des choses... On ne vous a pas vue vieillir ni "la trentaine rembourrer votre cuisse de page" ni "fourbir un beau cuivre, donner à un miroir l'éclat d'une eau pure, au palissandre le poli d'une huile sombre, apprendre tout cela au temps des premières rides, de l'embonpoint et de l'avarice." Vous resterez éternellement Mlle Mitsou, première vedette, "l'oeil très grand, noir comme le cheveu, la joue ronde, la bouche étroite et fraîche." Vous resterez éternellement figée dans les magnifiques lettres que vous avez écrites à votre "cher lieutenant bleu" que l'on se surprend à détester parce qu'il ne vous a pas aimée comme vous le méritiez. L'on se surprend à détester cette société et ces classes qui ont empêché l'éclosion de l'amour auquel vous aviez droit. L'on se surprend à verser une larme lorsque vous écrivez : "Mon chéri, le difficile pour vous, c'était de ne pas être aimé de moi. le presque impossible pour moi, c'est d'être aimée de vous. Je dis presque impossible, parce que je suis ainsi faite que je n'accepte pas dans mon esprit le pire des malheurs et le pire des bonheurs." Oh! chère Melle Mitsou, comme vous vous souhaiterions le bonheur. Colette aussi, qui nous a transmis avec son talent, tous les méandres de votre petite âme simple et pure.

Avec toute mon affection,

Lune

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Quel délicieux roman, qui commence si léger, garde ce joli ton, et tord délicieusement le coeur de sa pauvre lectrice! (Ou de son pauvre lecteur, ne soyons pas sectaire)
Qui est Mitsou? Et bien Mitsou est une jeune artiste de music-hall, et Mitsou est fort grave et sérieuse pour sa profession, en contraste avec la charmante Petite Chose, une de ses collègues, qui elle mord la vie et l'amour à pleine dents. Car Mitsou n'a jamais été amoureuse et est fort fidèle envers son protecteur, un Homme Bien, pour qui elle a du respect. Seulement voilà, un beau Lieutenant Bleu va venir compliquer le tableau.
Chère Mitsou, vous êtes vraiment délicieuse et si vous n'êtes pas l'oeuvre la plus marquante de Colette, vous mériteriez tout de même d'être plus célébrée!
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Grâce à ma grand-mère paternelle qui était fan de Colette, comme beaucoup de femmes de son époque, j'ai pas mal de livres de cette autrice dans ma bibliothèque et dans ma PAL !
Mais récemment déçue par le blé en herbe, que j'ai même abandonné, et par un énième "Claudine", avec la Retraite sentimentale, je voulais faire une pause.

C'était sans compter sur le hasard du rangement d'une de mes bibliothèques... "Mais c'est quoi, ce bel ouvrage avec ces si belles illustrations ?"... et c'était parti pour la découverte de ce court livre, à la forme particulière, écrit en 1919, et illustré de gravures sur bois de Hermann-Paul.

J'ai eu un beau coup de coeur, et j'ai retrouvé la Colette que j'aime ! Sensuelle, aimant décrire les sentiments, les personnages, les odeurs, les matières : une gourmande de la vie.

L'histoire :

Qui est cette Mitsou ?
Une jeune femme de 24 ans qu'on pourrait appeler peut-être une cocotte aujourd'hui, danseuse de revue, et soutenue par un monsieur qu'elle appelle "l'Homme bien", d'une cinquantaine d'années.

Elle a une petite collègue qui s'appelle « Petite-Chose » (oui ça c'est assez typique chez Colette, elle aime bien donner des noms comme ça à ses personnages), qui va un jour débouler dans sa loge avec deux lieutenants à cacher pour qu'on ne la voit pas batifoler !

Et très vite on comprend que Mitsou va s'éprendre du « lieutenant bleu », et que ce sera vraisemblablement réciproque.

La forme, et la langue typique de Colette :

Ce que j'ai adoré dans ce roman c'est d'abord la forme, puisque ça commence comme du théâtre, et que va s'en suivre une longue correspondance belle, espiègle, puis amoureuse, entre ces deux là. Pour revenir ensuite à une petite forme de théâtre, tout au-moins de conversations, et de pensées personnelles, plus profondes.

En très peu de pages, car c'est un roman assez court, Colette va réussir à brosser un personnage extraordinaire pour Mitsou, et une richesse d'émotions et de sentiments entre les deux personnages principaux que j'ai trouvé magnifique.

La langue de Colette est vraiment particulière, et avec Mitsou, elle a pu s'en donner à coeur joie. Je vous mets deux ou trois citations pour que vous la découvriez.

" Petite-Chose voulait que je vous envoie un sachet de préservation comme elle envoie à ses amis. Ce sont des sachets où elle ne met rien que des baisers." ❤️

" Je vous écris là des choses bien longues et bien sottes, mais j'ai mis tant de plaisir à les écrire que je n'ai pas le courage de les déchirer."

Et pour vous décrire Mitsou :

"Moi, comme j'ai un genre enfant, une figure bien propre, les yeux que j'ouvre à m'en faire mal dans le front parce que ça va bien ensemble avec mes grandes jambes, ma petite bouche et mon pas de nez, les auteurs de revue se sont écriés :  "Elle sera épatante dans les scènes les plus raides, on va les lui garder !"

Colette est fantastique dans ses descriptions d'odeurs, comme le parfum de Mitsou qui serait "une rose thé effeuillée dans une boîte en bois de santal qui aurait contenu un peu de tabac fin". Pour avoir lu par-ailleurs, ses descriptions de plantes et de fleurs, je suis fascinée par les images qu'elle sait faire naître chez ses lecteurs.

Étonnamment j'ai cru que le roman était bourré de fautes d'orthographe, mais je crois que c'est cette jeune femme qui fait des fautes d'orthographe dans sa correspondance. Je trouve amusant que Colette ait pensé à cela. D'autant que le "Lieutenant bleu" ne semble pas en faire.

Je garderai un excellent souvenir de ce couple de personnages, et aurai grand plaisir à le relire.

Et vous, aimez-vous Colette ?
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