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3,52

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman autobiographique "coup de poing" générationnel bouleversant , qui sur un sujet tabou considéré comme "maladie honteuse" a emporté et fauché de nombreuses personnes en plein vol ..ce sida insidieux comme une bête noir installant les prémices d'une prise de conscience très salutaire pour toute une génération à venir.

ce roman porté au cinéma a été un vrai "porte parole"...à ce jour c'est un un récit qui ne m'a jamais quitté., une "grande claque émotionnelle" ressentie à l'époque de sa sortie.
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Tout ceci n'a ni queue ni tête et parlera peu de l'oeuvre en question.

Je ne me souviens plus par quel malentendu ironique ma mère avait introduit ce livre à la maison, après la sortie du film sur lequel je m' étais précipité discrètement dans ma petite salle de province. Je me souviens en revanche d'un repas en famille pendant lequel je piquais du nez et un fard dans mes petits pois alors que ma mère expliquait en quoi ce bouquin était "une litanie de scènes de sexe degueulasses" devant mon père partageant son avis d'office: après tout, ce n était qu'histoires de sales pédés... ah, des bi? Oui, bon, du pareil au même. Et oui, nous étions en 93, mais je ne doute pas que 30 ans plus tard, d'autres assiettes de petits pois masquent à grand peine les hontes adolescentes face à des désirs nébuleux et la bêtise à manger du foin de certains géniteurs. J'avais néanmoins réussi à subtiliser le livre désormais marqué du sceau de l infamie à la vigilance toute relative de mère. Manoeuvre fourbe me permettant de prolonger la fascination exercée sur moi par le film et son auteur.

Concernant le pitch: le narrateur, 30 ans, travaille dans le cinéma. Bisexuel, il se grise de drogues et de sexe dans le Paris de la fin des années 80 et rencontre Laura, une jeune fille de 17 ans avec qui il vivra une passion amoureuse et sexuelle, compliquée par ses rencontres masculines et le Sida.

Livre et film, dyptique indissociable. le ton est brutal, cru et poétique, des mots, des sentiments comme nus, sans fioritures, parfois violents, parfois morbides. Pourtant la vie s'accroche en des instants teintés de joie et de désespoir, en des plaisirs délétères.
Urgence à écrire/à montrer/à raconter ces années là, sans recul, dans le vif. C'était donc ça l'époque de mon adolescence, ce qui m'attendait et qui me paraissant encore loin, mort d'ennui et de rêves désordonnés dans ma chambre, une vie parisienne dangereuse et vibrante fantasmée par un petit provincial n'ayant encore aucune expérience de la vie et de sa dureté ( ma propre experience parisienne, quelques années plus tard, aura été plus safe mais aussi plus décevante, que voulez-vous, je suis un garçon terriblement "random", comme disent les jeunes ).
Tant que j'y pense, Romane Bohringer, pour toujours je vous aime.

Alors certes, le narcissisme du Collard est agaçant. Il se voit comme un ange maudit et romantise peut-être la maladie comme un chemin de croix christique.
La poésie de l'auteur se fait parfois déviante lorsque le narrateur atteint l extase en se faisant pisser dessus dans la nuit et le froid sous les quais d Austerlitz.
Je vous accorde tout ça, mais l'oeuvre a les défauts de ses qualités et sa fougue est toute adolescente, jusque dans ses excès.

Puisque ce billet est plus un retour aux sources qu'une critique de l'oeuvre en question, j'en profite pour faire un petit coucou à ma pote de lycée Manue, qui est venue me trouver un après-midi caniculaire de bac blanc, découpée en ombre chinoise dans ce couloir de lycée sombre et frais pour m'annoncer avec des larmes dans la voix: Cyril Collard est mort. Et moi qui essayais de faire le ptit mec à côté de mes potes en me foutant de sa gueule et de ses tremolos, alors que j avais envie de chialer.
Pardon donc Manue, et pardon M'sieur Collard, parce qu'en fait moi, j aurais bien aimé savoir ce que vous alliez devenir, ce que vous alliez nous donner après, et j en aurais bien repris une louche de votre poésie de guitare sèche et de périphériques arpentés à toute bringue, peuplée d'enfants perdus à la sexualité frénétique. Car si je retiens une chose de vous, c est que nous sommes faits pour vibrer, jusqu'à la fin.
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Par où commencer?…
Des nuits fauves jusqu'ici je ne connaissais que le nom, le visage de Cyril Collard, ange sombre à l'aura incontestable, et quelques vagues impressions et images glanées alors que j'étais encore bien incapable d'en saisir la portée.
Dés les premières pages j'ai été saisie par le style de l'auteur, percutant et cru, et par son écriture si particulière. Son utilisation de phrases courtes, saccadées, semble traduire une irrépressible urgence et donne un rythme soutenu au récit, cependant apaisé ça et là par quelques passages descriptifs, contemplatifs, proches de la poésie.
Bien que découvrant ces lignes pour la toute première fois j'ai eu l'impression d'avancer en terrain connu.

Le personnage principal, dont on ne connait pas le nom, a 30 ans. Il bosse pour la télévision et le cinéma, vit à Paris et accumule les rencontres d'un soir, d'une heure, essentiellement avec des hommes. Il est séropositif. Sa vie n'est qu'une éternelle fuite en avant dont Cyril Collard fait de nous les témoins pendant presque 2 ans.
Une fuite qui semble prendre fin lorsque Laura, tout juste 18 ans, apparaît un peu par hasard dans sa vie. Encore ado, immature, elle vit chez sa mère et cherche sa voie. Lui se sent désabusé, déjà vieux parfois, elle n'a encore rien vécu et plonge tête baissée dans leur relation. Entre eux c'est tout de suite explosif. Il semble revivre entre ses bras, redécouvrir les sensations de l'amour et revenir à quelque chose de simple et de beau, bien loin de ce à quoi ressemblaient ses jours et ses nuits jusque là. Mais on ne se défait pas si facilement de ses habitudes, de ses démons.
Son histoire avec Laura, qui prend peu à peu les traits de la dépendance – aux dépends de la jeune femme ( ses longs atermoiements m'ont d'ailleurs quelque peu lassée ), tente de se frayer un chemin parmi les voyages pour le travail, l'omniprésence solaire de Samy, les hommes de passage, à peine entrevus dans les sombres entrailles de la ville, la menace grandissante de la maladie et l'apparition de Jamel, dont la jeunesse est comme un doux pansement. La jeune femme lui donne tout, trop, mais rien ne semble pouvoir apaiser ses envies.
Au contact des autres, de ces inconnus qui souvent le blessent et l'humilient, qui lui ont donné la mort et vers qui il revient pourtant inlassablement, il se sent exister, il est vivant.

« Les nuits fauves » est un livre qui ne peut pas laisser indifférent. En ce qui me concerne ça a été une véritable claque. Un gros coup de coeur pour la plume de l'auteur et toutes les émotions par lesquelles il m'a fait passer.
La question du sida est centrale et ce roman a pour lui de nous (re)mettre face à la réalité des choses alors que, de nos jours, beaucoup pensent naïvement être à l'abri. On ne peut évidemment pas approuver le comportement du héros, qui continue à avoir des relations sexuelles non protégées alors qu'il se sait malade, mais j'ai personnellement été touchée par ses doutes, ses besoins, ses manques, ses peurs… par son humanité. A une époque où on ne savait quasiment rien du virus, où les informations à son sujet tenaient plus de la rumeur qu'autre chose et où les médecins tâtonnaient, il donne corps à la vérité, aussi sombre soit-elle.
Plus qu'une histoire d'amour, c'est le récit d'un homme qui tente par tous les moyens de se rattacher à la vie. Il n'est donc pas étonnant que, malgré son côté obscur, ce livre remue et inspire encore aujourd'hui ses lecteurs qui, pour beaucoup, font de son personnage la figure de proue d'une jeunesse qui refuse de se laisser guider par la peur et qui veut vivre, vraiment, quel qu'en soit le prix ( à l'image par exemple du groupe « Fauve » dont l'un des morceaux reprend directement le titre du livre et dont le nom est clairement inspiré de l'oeuvre de Cyril Collard ).
Lien : https://mllejuin.wordpress.c..
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La première fois que j'ai lu ce livre, je vivais une situation particulièrement difficile. J'étais à la rue et il m'arrivait de passer des après-midi entier dans des bibliothèques pour oublier ma condition. Ce livre est celui qui m'avait accompagné dans ces moments. Forcément, je ne pouvais pas l'emprunter car je n'avais pas d'adresse fixe à fournir pour le formulaire d'inscription donc, tous les jours, je retournais poursuivre cette lecture en espérant que personne ne l'avait emprunté. Je me découvrais homosexuel et comme j'avais beaucoup de mal à assimiler cette identité de moi-même, je ne sais pas si ce livre m'apportait de l'aide. Néanmoins, j'obtenais certaines réponses et du coup, ce bouquin a continué à me suivre à de nombreuses reprises malgré les différentes situations que je vivais. A l'heure actuelle, il figure dans ma bibliothèque et il faudrait que je songe à le relire. Je n'ai plus dix-huit ans, j'en ai trente-quatre désormais et du chemin a été fait depuis. Je me souviens que lors de cette lecture, les passages bisexuels ne m'intéressaient guère des masses. Je savais déjà ce que j'étais et je savais pourquoi je lisais cette histoire. Par contre, forcément, je me montrais particulièrement attentif à l'histoire entre Jean et son amant même si le SIDA continuait de sévir entre les pages.
Cette histoire n'est pas un coup de coeur. Néanmoins, avec les nombreuses périodes chaotiques que j'ai connu dans ma vie et cette espèce de symbole qu'il représente pour moi, je sais qu'à l'heure actuelle, j'aurais beaucoup de mal à m'en débarrasser.
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Ça fait un moment que ce livre traînait dans ma PAL d'autant plus qu'il me faisait un peu peur...
Au final, c'est plutôt une bonne surprise, même si je dois dire que j'ai trouvé Les nuits fauves assez effrayante comme histoire.



Le truc, c'est que le SIDA ne fait plus vraiment peur aujourd'hui : bon, c'est vrai qu'il est toujours bien présent, que des personnes sont contaminées chaque jours, tandis que d'autres faiblissent de semaines en semaines... Mais, n'empêche qu'il est limite banalisé aujourd'hui.
Alors, forcément, le fait de retourner 30 ans en arrière, au point fort de la contamination, ça fait un choc. A travers Les nuits fauves, j'ai fait la rencontre du croque-mitaine qu'est le SIDA. Et pour le coup, je suis assez « choquée » : ce livre fait vraiment peur sur ce point-là ! Je crois que je me souviendrais très longtemps de cette partie de l'histoire. du coup, ce roman a été une terrible piqûre de rappel.



Par contre, j'ai moins accroché à l'autre partie de l'histoire, plus sentimentale. Plus sexuelle que sentimentale en fait ! le héros a vraiment des moeurs dissolus (remarque, il couche avec qui il veut !), en soit ça ne m'a pas choquée ni quoique ce soit, c'est juste que c'est le genre de truc qui ne m'intéresse pas de savoir.



J'ai trouvé l'écriture de Cyril Collard plutôt agréable en dépit du fait qu'il prenne un malin plaisir à raconter en détails les multiples scènes de « débauches » que l'on retrouve dans ce livre ;)
Par contre, je dois dire que la présentation du livre m'a assez dérangée : il n'y a pas chapitres dans ce roman même si il y a des « coupures », du coup, l'on s'arrête où l'on peut ce que je ne trouve pas vraiment agréable... Heureusement que le roman est court !
Les nuits fauves est un roman très dérangeant.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Il y a très longtemps que j'ai lu ce livre (1986), mais je m'en souviens encore comme si c'était y'a un mois. Et je l'avais particulièrement apprécié, mais aussi oublié de l'ajouter à ma liste. C'est chose faite.
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Le livre témoignage d'un jeune homme qui s'est jeté à corps perdu dans la vie et que la vie à brulé, dans la fleur de l'âge. Son meurtrier avait pour nom "Sida".
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Une lecture qui m'a laissé frustré, mais d'une bonne frustration. Celle qui te permet de rester dans l'univers pendant plusieurs jours. Et quel univers! La fin des années 80, les débuts du SIDA, maladie peu connue dont on meurt presque toujours, un Paris de la nuit et fréquentés par des gens souvent peu fréquentables. Cyril Collard réussit avec brio l'exercice de la relation triangulaire, nous décrit les personnages, leurs émotions et l'ambiance de ce Paris dévergondé à la perfection. le seul point négatif sont les messages téléphoniques sans fin qui reviennent un peu trop souvent mais qui contribuent tout de même à la création de l'univers pesant dont est victime le personnage principal.
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Livre poignant , cru , dur. L'autobiographie de ce jeune homme qui sait que sa vie sera courte à cause du . A lire .
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Avec ce livre je ne sais pas trop où commencer … Forcément l'histoire n'est pas très joyeuse mais pas forcément compréhensible non plus. Les personnages se détruisent et s'auto détruisent. le point positif est quand même l'honnêteté, certes certains propos et passages sont dérangeants (voire dégoutant parfois…) mais le protagoniste sait tout cela, l'horrible vérité à laquelle il appartient et le fait qu'il n'est pas les mêmes besoins que les autres (comme de la pisse pour ne citer que cela). Néanmoins, malgré quelques haut le coeur, j'ai tenu et j'ai finis ce livre ! Pfiou. Ma première motivation était la curiosité, une chanson de Fauve a le même titre et ce livre était chez moi ! J'en ai profité pour interroger l'acheteuse et la questionner… Ma chère maman m'a donné son ressenti (« dérangeant mais intéressant ») et voilà ma curiosité de nouveau éveillée. Au final je partage ce qu'elle ressent. La vérité n'est pas toujours agréable et pourtant il faut parfois la connaître, surtout pour se rendre compte de la chance que l'on a d'avoir un virus du SIDA beaucoup moins nocifs que dans les années 90.


Pour les personnages… Je décrirais le protagoniste de paumé et je crois qu'il en est bien conscient. Il couche avec des hommes en recherchant de la violence et de la domination. Quand il couche avec une femme c'est beaucoup plus calme, c'est plus un échange avec beaucoup moins de violence. Plusieurs personnes vont se partager le « coeur » (si ce n'est plus le « cul » vu ses capacités sentimentales)Laura, la plus-ou-moins copine du protagoniste va passer par tous les stades pour garder l'homme qu'elle aime : chantage, pleurs, cris, violences, hystérie, … Samy, bisexuel aussi, qui pousse parfois dans les extrêmes d'une recherche personnelle et qui reste par narcissisme auprès du protagoniste. Quelques conquêtes de passages sont là durant le récit aussi, chacune ayant une relation particulière avec notre Mr.X (ça faisait beaucoup de protagoniste là).


L'auteur est mort du SIDA quelques années après la publication du roman et à 35 ans. Ce roman est souvent considéré comme autobiographique (peut-être pas tout mais au moins la base de l'histoire s'y tient). On ne peut qu'admirer le fait qu'il est partagé son expérience… Il est lui même un personnage très intéressant. Je pense regarder le film quand je me remettrais du livre ! L'écriture poétique de l'oeuvre rend l'ensemble plus appréciable et ce n'est pas une vérité pure et dure qui nous est donnée, point bonus pour ça aussi…
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