C'est un excellent roman bien ancré dans son époque. Dès les premières pages, j'ai pensé à 37°2 le matin de
Philippe Djian, sorti en 1985, dans son écriture sans fioriture, son histoire sans filtre
et cet amour violent, destructeur et impossible à rompre. Fan des premiers romans de
Philippe Djian, j'ai adoré me plonger dans ce style
et cet époque.
Les nuits fauves, pour
Cyril Collard, sont ces instants, entre chien et loup, où tous les chats étant gris, il peut assouvir ses pulsions. Il parle de « fauve », comme je pourrais parler de « débauche » ou de « luxure ». Cet aspect du roman est extrêmement intéressant, parce qu'il fait parti d'un contexte et ne se trouve pas le coeur du suj
et. C'était le cas dans
Tricks de
Renaud Camus, sorti plus de dix ans avant, et donc passé inaperçu du lectorat non-LGBT. En s'intégrant dans une histoire d'amour, la transgression sexuelle devient normale.
Hélas, ce libertinage normal devient perversion dès lors qu'il s'associe ici au sida. Ce
lui qui a le sida est bien le pédé qui se fait prendre sous les ponts entre cinq et sept. Il ne peut en être autrement. C'est comme un châtiment.
Habitué aux romans de
Hervé Guibert, édifiant sur le sujet de la maladie, j'ai trouvé ce roman très intéressant. le mal intérieur ne vient pas de l'extérieur chez
lui, c'est une fatalité et la source de sa culpabilité. Il se sent criminel et le sida est une arme par destination où le sexe devient un crime. Cela permet de clore une décennie qui s'est ouverte en 1982 par la dépénalisation de l'homosexualité.
Enfin, j'ai adoré l'utilisation scénaristique et stylistique du répondeur téléphonique. C'était très intelligent – et moderne pour l'époque, j'imagine. Il a contribué à me plonger dans une époque que je n'ai pas connu, bien avant l'instantanéité des réseaux sociaux, mais tout aussi envahissant et addictif !
Lien :
https://lgbtheque.fr/livre/r..