Le bal des sorcières

Une sorcière, toute de noir vêtue, apparut dans l’encadrement de l’entrée. C’était Gigi la Crasse, une grande de l’école, une des plus âgées et surtout la plus redoutée d’entre les plus redoutables. Ses cheveux dégoulinaient de pluie et rendaient son regard encore plus noir qu’en temps ordinaire. Elle entra jusqu’au milieu de la salle, suivie d’un groupe de filles très laides et repoussantes. Au fur et à mesure de leur avancée, les plantes et les fleurs fraîches disposées sur les tables flétrissaient sur leur passage. Les gâteaux moisissaient instantanément et les jus prenaient un aspect verdâtre et empestaient le pourri. Leurs robes étaient déchirées et sales. Elles donnaient l’impression de ne pas avoir pris de douche depuis fort longtemps. Quelques insectes volaient autour d’elles.

Un crapaud arriva par bonds, ravi de se trouver là. Il s’arrêta un instant et regarda autour de lui, comme étonné de voir toutes ces sorcières les pieds dans l’eau. Après un court instant il sauta vers Sybille qui ne put retenir un cri. Il avait réussi à grimper sur sa main et bavait sur elle. Elle le rejeta mais il avait laissé sur sa peau une trace dégoulinante et verdâtre. Horrifiée, elle tenait sa main tendue, comme pour l’éloigner. Le crapaud dut y voir un perchoir et bondit à nouveau dessus et coassait de bonheur.

Carabistouille ! Par tous les lutins de la forêt enchantée,
c’est trop cool ! On fait la fête ici. Mais on a oublié de
nous inviter, mes copines et moi ! Sûrement qu’on peut venir,
c’est une erreur, une caraembrouille d’oubli par une mignonnette
de sorcière qu’aurait fait, comme qui dirait, une erreur.