En 1953, persuadés que le Théâtre, inéluctablement, devait redevenir un art populaire, quelques passionnés dont
Roland Barthes,
Guy Dumur et
Morvan Lebesque ont décidé, avec cette nouvelle revue, de créer un lieu de discussion qui serait aussi un outil de travail pour les professionnels du Théâtre.
"Théâtre populaire", dès son premier éditorial, expose son dessein : celui de ranimer dans le public l'amour de la tragédie dans sa dimension originelle et de soutenir la formule du spectacle que défendait
Jean Vilar et qui fait sa place à la participation active du public.
La revue se promettait, alors, de donner aux oeuvres l'éclairage qui leur convient.
Le sommaire de ce premier numéro est un véritable coffre à trésor.
Jean Duvignaud nous offre un article brillant sur "la tragédie en liberté" :
- Imaginez une tragédie française qui prendrait à Racine son élégie, à
Corneille son intelligence politique, dont la plume serait aussi riche que celle
De Balzac et qui accomplirait les rêves de
Diderot et ceux de Hugo. Ce serait un drame où l'on sentirait le vent qui souffle sur les hauteurs de ce pays quand il ose élever son histoire jusqu'au destin....."
Guy Dumur nous emmène à Avignon pour assister à une véritable révolution et
Morvan Lebesque à Rennes pour nous présenter le "Centre dramatique de l'Ouest".
Le texte d'un drame aux trois quarts achevé nous est offert.
C'est celui de "Woyzeck", manuscrit retrouvé dans les papiers de
Georg Büchner, l'inoubliable auteur de "
la mort de Danton".
Puis viennent de nombreuses chroniques passionnantes dont une de quatre pages consacrée au jeune comédien
Michel Bouquet.
"Fort heureusement pour lui,
Michel Bouquet n'est pas une vedette... et la revue nous présente un puissant homme de scène....avant que de se refermer quelques pages plus tard.