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3,88

sur 1259 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A partir d'une situation classique type post apocalyptique - une vague géante à submerger une partie de la Terre, des survivants dans un monde devenu hostile - Sandrine Collette choisit de partir sur autre chose : pas de développement prophétique, moralisateur ou politique, pas de dénonciation de l'impact dévastateur de l'homme sur la planète ( jamais on ne saura la cause initiale de ce tsunami ), non juste une famille au coeur du chaos, 11 personnes face à leur instinct de survie, face à leurs ressources mentales, redevenues des bêtes comme les autres dans une nature pour laquelle ils ne sont plus adaptés.

C'est très habile d'avoir imaginé dans ce décor une famille aussi nombreuse ( les deux parents + neuf enfants ), une infinité de possibles avec cette minuscule société qui va être confrontée à un terrible choix : une embarcation qui ne peut contenir que 8 personnes, 3 enfants à laisser, de ces choix impossibles qui déchirent à jamais. L'intrigue bascule ainsi très vite dans le thriller psychologique lorsque le groupe se sépare entre ceux qui abandonnent et ceux qui sont abandonnés.

L'écriture de Sandrine Collette est d'une grande précision au service d'une puissance d'évocation remarquable, décrivant parfaitement le déchaînement des éléments de cette mer, ses vagues, cette eau qui rend la vie si précaire. Même si c'est parfois répétitif, le lecteur est plongé dans un état de stress et d'angoisse très fort, sentant que tout peut arriver et que les échappatoires vont être limités.

Le talent de l'auteure réside également dans la justesse psychologique des personnages. Des enfants en premier lieu, surtout les trois abandonnés, restant malgré tout des enfants même dans cette situation terrifiante, vivant dans l'immédiateté du moment sans représentation précise de la mort, alors que les parents vivent dans la conscience de cet abandon auquel ils ont été contraints. Justement, le personnage de la mère est magnifique, on ressent toute la souffrance qui l'assaille dans sa chair, son amour inconditionnel pour ses enfants au-delà du tourment de la culpabilité. A chaque instant, je me suis demandée ce que j'aurais fait à sa place, ce que j'aurais ressenti dans cette quasi tragédie antique.

Un thriller psychologique très réussi, intelligemment mené.
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Du bleu à perte de vue... Pas une âme qui vive à l'horizon depuis qu'un volcan s'est effondré sur l'océan et que la vague a déferlé sur le monde, emportant tout sur son passage. Maison, arbre, voiture, corps humain. Seule subsiste une famille, coincée sur une petite colline. Isolée du reste du monde, elle tente de survivre depuis six jours. Pata, Madie et leurs neuf enfants, âgés de 1 à 15 ans. La nourriture commence peu à peu à diminuer, il est certain qu'ils ne pourront pas rester éternellement sur cette colline d'autant que le niveau de l'eau ne cesse de monter. Alors, il faut partir, coûte que coûte. Essayer de rejoindre les terres hautes. Malheureusement, avec pour seul moyen de navigation cette petite barque, Pata et Madie ne peuvent emmener tous leurs enfants. Reste cette décision cruciale à prendre : quels enfants embarquer ? Quels enfants laisser avec l'espoir de revenir les rechercher ?

Dès les premières pages, l'on plonge littéralement dans cette intrigue apnéique. Un petit bout de terre où survivent des enfants, une barque en plein milieu de l'océan. Et l'eau qui manque, inexorablement. Vont-ils tous s'en sortir ? L'on retient notre souffle et l'on assiste, impuissant, à ces combats inégaux, à cette lutte sans merci contre la Nature, à cette effroyable course contre la montre. Aucun répit ne sera laissé à cette famille écartelée. Celle affrontant la mer, bravant les éléments, l'âme chevillée au corps. Celle devant survivre sur la colline, les yeux tournés vers l'horizon, avec l'espérance de ne pas avoir été abandonnée. Dans cette quête de plus en plus primaire et égoïste, Sandrine Collette plonge le lecteur au sein d'une intrigue captivante de bout en bout et à l'ambiance de plus en plus oppressante et froide. Englouti dans ce récit à la fois terrifiant et émouvant, l'on en ressort essoré...
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La vague est passée. Elle a tout emporté, tout balayé. Les humains comme les animaux, les constructions tout est parti, liquidé.
Une famille de onze personnes un peu plus haut perché que les autres a résisté. Mais la situation n'est guère brillante. A perte de vue ce n'est qu'une gigantesque étendue d'eau.
L'eau qui irrémédiablement continue de monter. Lentement … inexorablement.
Le père doit prendre une décision. Une terrible décision. La barque n'est pas assez grande pour emporter dans un lieu sûr toute la famille. Les grands viendront et participeront à l'avancée du rafiot, les petits ne sont pas autonome. Ce sont les trois du milieu qui se réveillent un jour et qui trouve le mot sur la table ...
Alors à chaque chapitre on s'interroge : est-ce-que ça peut être pire ? Oui. Sans cesse comme une vague qui vient et qui revient la situation glisse, dérape vers plus d'horreur.
C'est armé de mots simples que l'auteure distille tout doucement cette intrigue. Des mots simples pour décrire des émotions et des comportements humains plus vrais que nature.
Sandrine Collette a un talent indéniable pour nous conter un huis-clos glacial, terrifiant avec des descriptions à couper le souffle.
Ce n'est pas le premier que je lis d'elle … sûrement pas le dernier.
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Je retrouve Sandrine Collette après une petite déception et le coup d'arrêt qui avait été provoqué par ma dernière lecture.
Il s'agit cette fois d'un scénario post-apocalyptique, un tsunami, une grande vague puis la montée brutale des eaux.
Maddie, Pata et leurs neuf enfants ont survécu, ils vivaient "en haut" dans le village ce qui a été leur chance.
La décrue espérée ne venant pas, et pire encore, l'eau continuant à monter lentement mais inéluctablement va les confronter à un choix insupportable, celui de devoir partir en laissant derrière eux trois des leurs.
Sandrine Collette a ce talent indéniable de savoir installer une ambiance oppressante et à rendre la peur palpable en jouant sur nos phobies les plus sensibles. Quoi de plus humain que de trembler pour des enfants ?
J'ai été bien sûr captivé par ce scénario en espérant le meilleur dénouement possible, j'ai aimé Louie, Perrine et Noé, ils sont superbes et pour ces raisons je peux dire que j'ai apprécié ma lecture.
Cela-dit j'ai quand même quelques réserves qui font que je ne vais pas être totalement conquis, j'ai noté quelques invraisemblances qui m'ont fait tiquer un peu, quelques comportements un peu étonnants aussi et enfin j'ai trouvé que l'auteure en faisait un peu trop pour maintenir ce climat d'angoisse, au détriment d'une certaine crédibilité parfois.
J'ajouterai que la scène finale que je ne commenterai pas m'a laissé assez dubitatif...
Un avis mitigé pour ce qui me concerne.
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Un gros coup de coeur de la taille du raz de marée qui va submerger la vie d'un couple et ses neuf enfants. Une colline qui va se transformer en île en moins de 24 heures avec un océan qui sera leur unique paysage. Sandrine Collette nous livre ici une robinsonnade à la sauce post-apocalyptique.

Dès les premières pages, nous sommes plongés au sens propre du terme dans une catastrophe aquatique. Les parois d'un volcan qui s'effondrent dans la mer et c'est une vague énorme qui recouvre tout un continent. Une famille comme monsieur «tout le monde» qui se retrouve isolée sur un monticule dans l'attente d'une baisse des eaux. Une décrue tant attendue qui ne veut pas se produire et pire des eaux qui continuent de monter. Bien vite il va falloir se résoudre à quitter la maison et à trouver un refuge plus élevé que le niveau actuel des flots. Mais lorsqu'on a une barque trop petite pour une famille nombreuse, il faut faire un choix sur les enfants à sauver. Commence alors l'histoire d'une famille déchirée avec d'un côté, trois enfants qui vont rester sur l'île et de l'autre, le périple d'une famille partie affronter la pleine mer.

Le style littéraire de Sandrine collette est surprenant. Il est fait de courtes phrases percutantes qui se bousculent et s'entrechoquent les unes aux autres. Son écriture devient aussi importante que l'histoire. Elle sublime et s'identifie à l'atmosphère dramatique du roman. L'auteure trouve toujours les mots justes que ce soit pour décrire les scènes de tempêtes ou pour nous faire ressentir le désespoir des enfants abandonnés. Des mots simples aussi pour nous décrire les émotions et les comportements humains. Elle sait nous tenir en haleine aussi bien par la force de ses écrits que l'originalité de ses idées.

C'est un roman court et efficace. Un page-turner qu'on a du mal à quitter. Beaucoup vont nous dire que la fin du scénario est mal fagotée. Les difficultés rencontrées par cette famille peuvent expliquer cette fin un peu mollassonne. Après avoir affronté un raz de marée, des tempêtes, la faim, la peur de l'inconnu, les disparitions, les mauvaises rencontres, on a le droit de leur souhaiter un peu de répit en fin d'aventure. Juste après la vague reste une belle découverte. Merci à mon amie Nicola de m'avoir fait découvrir cette jeune auteure qui sait avec un minimum de mots nous surprendre page après page. C'est pour moi le premier ouvrage que je lis de Sandrine Collette, et je ne pense pas que ce sera le dernier. Une écrivaine pleine d'authenticité comme on les aime..
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Un volcan qui s'effondre dans l'océan.
Un énorme raz de marée ravageur, meurtrier, qui fait tout disparaître autour de Madie, Pata et leurs 9 enfants.
Un monde post-apocalyptique, à perte de vue.
La décision de partir et trouver refuge vers des terres plus hautes pour leur survie.
Une barque,
8 places seulement.
Un choix impossible, mais inévitable...
Le décor est planté.
L'ambiance aussi...
Et pas qu'un peu.
Sandrine Collette, elle sait y faire, pour vous foutre la boule au ventre et faire en sorte qu'elle ne vous quitte plus jusqu'à la fin.
Oh ça oui, elle maitrise !
J'ai tremblé, j'ai espéré, j'ai tellement eu peur...
Face à cet océan enragé, ces espaces indomptables, si menaçants, si vastes, malgré cette atmosphère si oppressante, ces enfants innocents, si petits et si grands à la fois, faisant face à l'impensable, n'ayant que pour arme, leur instinct de survie...
Face à cet acharnement du malheur et toute cette misère, cette noirceur omniprésente, ce choix, ces décisions, cette culpabilité, cette résilience , je me suis sentie bien impuissante, meurtrie...
Je n'ai pas une famille aussi nombreuse, mais malgré tout cette histoire nous pousse à la réflexion.
Elle n'est pas sans rappeler certains faits d'actualité.
Les migrants, les réfugiés, le réchauffement climatique et les bouleversements, catastrophes naturelles qui en résultent...
Cette mère, ça peut très bien être moi.
Qu'aurais je fait à sa place ?
Je n'en sais rien et je ne veux pas le savoir.
Non, jamais.
Sandrine Collette, c'est mon petit rendez vous incontournable de début d'année.
Renod, merci, de m'avoir accompagnée pour la 3ème année consécutive dans ces sombres aventures.
Une auteure, qui, une nouvelle fois, m'a ravie et bouleversée.
Ce livre, je le dois à un autre de mes amis. Je l'embrasse fort. Merci.
Et pis, aujourd'hui, c'est un peu un jour spécial...
C'est mon anniversaire Babelio.
3 ans.
Il fallait donc que je célèbre cela, comme il se doit, avec un titre qui me touche tant.
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La seule inondation que j'ai connue remonte à l'époque où j'habitais Gouves, petit village du Pas-de-Calais d'une centaine d'habitants. le niveau de la nappe phréatique s'est élevé jusqu'à dépasser celui du sous-sol et deux mois durant, je me suis retrouvé en bottes à patauger dans une dizaine de centimètres d'eau à chacune de mes incursions à la cave et au garage. Il a fallu surélever tout ce qui y était entreposé, ce qui n'a pas empêché l'humidité et la moisissure de faire de nombreux ravages.

C'est plus ou moins la situation dans laquelle se retrouvent Louie, Perrine et Noé, trois enfants qui sont restés seuls dans leur maison à Levet, dans le Cher.
"La dernière fois, ils avaient de l'eau jusqu'aux chevilles, cela faisait une drôle d'impression de marcher sur le carrelage inondé."
En réalité non, leur situation est un peu plus complexe, voire tout à fait incomparable.

Quand le pan entier d'un volcan s'est effondré en plein océan Atlantique, la vague engendrée par la catastrophe a été monstrueuse. Imaginez un déferlement écumeux de cent mètres de haut qui arriverait sur nos côtes à la vitesse de cinq cent kilomètre à l'heure. C'est bien ce qui se passe dans le roman-catastrophe de Sandrine Collette, redessinant la carte de la France et du reste du monde. La mer est partout. Les villes ont été englouties. L'océan regorge de débris et de cadavres.

Dans cette apocalypse, l'auteure a choisi de se concentrer sur l'histoire d'une famille nombreuse : Pata et Madie, les parents, ainsi que leurs neuf enfants. Tous les onze vivent tout en haut d'une colline, ce qui leur a permis d'échapper à la mort. Mais leur répit est de courte durée. Au lieu de décroître le niveau de l'eau augmente chaque jour davantage et ils n'ont pas d'autre solution pour survivre que de rejoindre les massifs montagneux à l'Est, Vosges ou Jura, à l'aide d'un bateau réparé pour tenir la durée du voyage. Mais l'expédition vers ces "terres hautes" nécessite un sacrifice ultime : Faute de place sur l'embarcation, trois des enfants devront rester sur place et attendre leur retour. Face à ce dilemme, le père décide d'emmener ses deux fils aîné qui pourront aider à ramer, ainsi que ses quatre filles en bas âge qui ne pourront pas s'en sortir seules.
"Au milieu de cette terrible équation, il en restait trois."
Et le hasard veut que les trois enfants du milieu, délaissés, souffrent tous d'un handicap.
"Au milieu, il y avait eu un couac."
"Le boîteux, la borgne et le nain. Alors, nous laissons ceux-là, les plus abîmés. Nous finissons ce que la nature a commencé."

Sandrine Collette relatera tour à tour l'épopée dangereuse de la famille sur la barque, revenant sur ce choix impossible qui a été imposé à la mère. Pourront-ils seulement revenir à temps pour sauver le reste de la famille ou les ont-ils condamné à une noyade certaine ? Comment affronter la culpabilité, ce sentiment de les avoir abandonnés ?
Et puis parallèlement, sur leut îlot de plus en plus petit, Louie ( onze ans ) tente malgré les circonstances de prendre les choses en main en attendant le retour des siens. Avec son frère et sa soeur, ils tentent de s'organiser pour manger à leur faim, ils comptent les jours qui passent, alors que l'impression d'urgence croît avec l'inexorable montée de l'eau.
"La mer a recouvert de nouvelles terres et les niveaux sont toujours plus hauts."

Comme souvent avec cette auteure talentueuse, j'ai eu l'impression de lire davantage un conte moderne qu'un thriller. Cette impression a encore été renforcée par les multiples références auxquelles Juste après la vague fait allusion, volontairement ou non.
Pendant ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de songer à l'univers de The walking dead. Pas pour ses morts-vivants bien sûr mais pour cet aspect de fin du monde. Comme dans la série, les survivants doivent se réorganiser après la catastrophe et si pour certains l'entraide est de mise, d'autres se transforment en pillards et renforcent à l'inverse une impression de totale anarchie en s'appropriant par la violence si besoin les biens et la nourriture d'autrui. En outre ette famille qui recherche les hautes terres pour être enfin en sécurité pourrait être comparée à ces survivants qui cherchent à rejoindre la ville d'Alexandria, comme un hâvre de paix, la promesse d'une terre promise.

Mais les allusions de Sandrine Collette ici sont davantage mythologiques ou bibliques.
L'un des personnages porte quasiment le même nom que le dieu des enfers.
Les cités sous les flots, qui laissent parfois poindre un toit ou le clocher d'une église, font forcément écho à l'Atlantide.
"Noé pense aux mondes engloutis sous l'eau."
Ce long voyage sur l'eau n'est pas sans rappeler "L'odyssée", comme une version réactualisée du long périple d'Ulysse pour rentrer à Ithaque.
Et si le garçon à la patte folle se prénomme justement Noé, c'est évidemment en lien avec le déluge et l'arche du même nom, quand Dieu a décidé de punir les hommes pour leur méchanceté et leur perversité en imposant la pluie quarante jours et quarante nuits d'affilée.
"On pourrait les laisser, ça serait notre arche à nous, il nous en manque beaucoup, des animaux, mais au moins on aurait les araignées."
Je ne suis pas très croyant et je ne suis pas non plus expert de la Bible, mais les liens sont si nombreux que l'idée d'un Dieu qui serait responsable de l'effondrement du volcan pour punir des hommes incapables de prendre soin de leur planète semble dominer.
Il est question du septième jour, de Jonas ( "On dirait qu'on est dans le ventre de la baleine" ), ou encore du Léviathan ( "c'est comme une bête resurgissant des entrailles de la mer" ).
Devoir peut-être condamner trois de ses enfants faute de place sur l'embarcation n'est pas non plus sans rappeler Abraham, à qui Dieu avait demandé de sacrifier son fils unique en signe de soumission.
Et les références ne s'arrêtent pas là : La barque passera au-dessus de statues de Joseph, Marie et leur fils, appartenant désormais au royaume aquatique.
"comme une couronne d'épines géantes", pourra-t-on également lire en comparaison d'un radeau fraîchement construit.
Et pourtant, même si c'est Dieu qui est à l'origine de ce châtiment, c'est tout de même vers lui que les personnages auront tendance à se tourner, sans doute parce que seule la foi ( l'espoir ? ) peut encore les aider à surmonter ces terribles épreuves.
"Les yeux fermés devant la mer immense, les mains jointes dans une supplique muette, Louie prie de toutes ses forces."

A nouveau, Sandrine Collette excelle dans une forme de littérature très sombre, où elle n'a pas son pareil pour décrire le malheur, la misère, quand le sort s'acharne sur des personnages si attachants, souvent innocents et victimes des circonstances. Malgré cette noirceur, l'humanité des personnages demeure une étincelle dans les ténèbres, une raison de continuer à y croire même si l'optimisme n'est pas toujours de rigueur.
"Le chagrin à la mesure de l'espoir anéanti : immense."

C'est au regard des liens familiaux que se joue ici toute l'empathie du lecteur.
D'un côté, nous avons donc ces trois enfants qui n'ont pas pu être emmenés, qui se demandent si leurs parents reviendront réellement les chercher. Ils ont le sentiment d'avoir été abandonnés en raison de leur handicap et se retrouvent complètement livrés à eux-mêmes. L'aîné, Louie, se retrouve brusquement avec des responsabilités qu'aucun enfant de onze ans ne devrait avoir à supporter, et de ses décisions peut dépendre la survie de son frère et de sa soeur. Que décider alors que les jours s'écoulent si lentement et que la mer menace de les dévorer d'un jour à l'autre ?
Quant aux huit personnes sur la barque, l'auteure s'attarde principalement sur le point de vue et les réactions des deux parents. le père a du prendre une décision pour assurer la survie et l'avenir de la majorité de leur famille, un choix monstrueux, à la fois compréhensible et inacceptable.
Mais c'est la mère, Madie, qui nous offre les plus grands moments d'abnégation, d'altruisme et de souffrance.
"Si une mère ne sait plus protéger ses petits."
Elle a l'impression que ses enfants lui ont été arrachés de force, et tant par amour que par devoir, elle est bien décidée à ne pas baisser les bras tant qu'elle n'aura pas tout fait pour leur venir en aide, ce qui promet des moments aussi cruels que libérateurs.
L'auteure a donc réussi à insuffler beaucoup d'émotions dans Juste après la vague, et le lecteur ne cesse d'osciller entre la peur et l'espoir.

Le style est quant à lui toujours le même, on reconnaît en quelques lignes seulement l'écriture inimitable de celle qui a écrit Il reste la poussière et Les larmes noires sur la terre. Des phrases longues, d'autres qui finissent abruptement et qui donnent souvent l'impression de suffoquer.
"C'est le hasard qui. Oh la tristesse."
Et comme dans bon nombre de ses romans, la nature joue un rôle plus important que jamais avec trois de ses éléments : La terre qui est réduite à de petits monticules, des îles minuscules sur lesquelles il est parfois possible de se reposer, de trouver de quoi de nourrir.
L'air et l'eau jouent quant à eux un rôle similaire, écrasant l'homme entre leurs deux gigantesques masses. Parce que si la mer est décrite comme un dragon affamé qui se repaît de tout ce qui se trouve sur son passage, c'est bien le ciel et ses tempêtes qui la rende aussi menaçante, et les yeux de nos survivants sont d'ailleurs davantage tournés vers les nuages pour mesurer les dangers éventuels de navigation.
"Etrange climat que le grand raz-de-marée leur a imposé, avec ces orages incessants, ce ciel qui vire et tourneboule."

Juste après la vague est encore une belle réussite de la part de Sandrine Collette, qui parvient une nouvelle fois à se renouveler avec ce roman d'anticipation au sujet original, qui n'est pas sans rappeler le film Waterworld.
Roman à l'écriture sublime, mêlant amour et désespoir, il passionne et questionne tant sur la foi que sur les bouleversements climatiques et les liens familiaux.

Et vous, si la fin du monde était prévue pour demain et que vous ne pouviez sauver que huit personnes, qui choisiriez-vous ?

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Une descente dans les abysses maritimes, une plongée démentielle dans le fracas et les tourbillons des tempêtes, une vague hors normes qui laissera une famille de neuf personnes, plus une lectrice ballotée dans le courant de ses émotions, exsangues, rincées, torpillées ! Orchestrée par Sandrine Colette, Après la vague tient ses promesses de thriller psychologique intense et insensé, énergique et percutant.
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Invitée très régulière du festival, Sandrine Collette sort un roman chaque début d'année, et il est donc logique qu'elle soit chaque année invitée de Quais du polar et tout aussi logique qu'on parle très régulièrement sur ce blog de cette auteure qui compte de plus en plus dans la littérature policière française.

On savait déjà que Sandrine aime beaucoup utiliser les images du conte enfantin pour les contourner et les rendre terrifiante, elle le faisait notamment déjà dans "Il Reste la poussière," un de ces romans les plus célébrés, récompensé entre autres par le prix Landerneau du polar et qui pervertissait la matière du conte pour poursuivre les thématiques habituelles de l'auteur celles de l'inhumanité des hommes, juste la survie, l'instinct de protection, et la force des liens familiaux.


Sandrine Collette assume pleinement ces influences de contes et légendes, qu'elle mélange souvent à une exploration de l'apocalypse.

Toutes ces obsessions se retrouvent bien évidemment mêlées dans son dernier roman en date, "Juste après la vague."

Partant d'une intrigue qui entremêle à la fois le petit Poucet, Hansel et Gretel, Sa majesté des mouches, Robinson Crusoé et l'arche de Noé, l'auteure nous emmène en plein milieu d'une catastrophe naturelle de grande ampleur, un raz de marée océanique qui va totalement détruire une famille de 11 membres ( 2 adultes et 9 enfants qu'il faut diviser faute de grives, d'où la référence évidente au Petit Poucet ).

Une fois la première grande vague passée, alors que le tsunami continuer à frapper inexorablement les parents vont être amené à faire un choix pour le moins sujet à caution : ils vont en abandonner trois et ce choix sera avant tout basé sur des critères physiques de prétendus handicaps des enfants !

Conte moral aussi terrifiant que percutant, Juste après la vague sonde les choix que l'on fait quand on n'a pas le choix, cette décision que l'on doit prendre à l'instinct quand on est dos au mur, qu'on ne pourra savoir si elle est la solution idéale qu'après en avoir subi les conséquences.

Loin de la famille comme valeur refuge, la famille décrite par Collette apparait comme disloquée éparpillée, et certains trois enfants doivent prendre leur survie en main tous seuls loin des parents qui sont alors rongés par la culpabilité.

De ce roman d'apocalypse où la nature est aussi belle que terriblement hostile, Sandrine Collette tisse un récit de survie haletant. Et épuré, où l'eau détruit tout sur son passage et décrit sa sidération devant la force et la démesure de la nature – peut-être le plus grand tueur du monde.

Une intrigue où le lieu et la temporalité sont assez flous, pour toucher à l'universalité et à la réflexion sur la force des relations familiales et notre instinct de survie qui pousse à réaliser des choses à priori insensées. Dans juste après la vague, dans un monde où la fraternité et la solidarité n'existent plus pour faire face à sa survie personnelle, perdure cependant un ilot d' 'amour, celui qui fait prendre tous les risques et qui donne tous les courages pour sauver les siens.

Comme d'habitude Sandrine Colette prouve son immense talent à tenir parfaitement son intrigue du début à la fin (le dénouement parait sans doute un peu abrupt et laisserait augurer d'une éventuelle suite), et de nous rendre absolument captivant et passionnant cette roman survival qui nous parait à la fois totalement réaliste et totalement incroyable en même temps.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je sors de cette lecture essoufflée, éprouvée, décoiffée, exténuée.
Quelle aventure
Que de peurs
Que de moments de panique
Un tsunami a provoqué l'immersion de nombreuse îles, ensevelissant toutes les maisons sauf une, au sommet d'une grande colline.
Pata, Madie et leurs neuf enfants survivent comme ils peuvent, puis quand les réserves baissent, ils décident de tenter leur chance en partant sur une barque.
Seulement voilà, il n'y a que huit places dans la barque.
La mort dans l'âme, ils partent en laissant trois des enfants, à qui ils promettent de revenir.
Mais ce n'est pas si simple.
Ouragans, tempêtes, orages sur les flots déchaînés.
Et sur l'île ce n'est pas simple non plus pour les petits abandonnés.
Ce sont en fait deux récits.
Celui des partis et celui des restés.
Et les deux sont aussi noirs l'un que l'autre.
Mais que c'est bien écrit.
Avec un tel réalisme qu'on participe et souffre avec cette famille.
Encore un roman de Sandrine Collette qui m'a prise toute entière.
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