Cycle de conférences autour du thème de l'exposition « À bras-le-corps ! Savants et instruments au Collège de France au XIXe siècle ».
Conférence du 30 avril 2024 : Aperçu des chaires scientifiques au Collège de France durant le XIXe siècle
Intervenant : Antoine Compagnon, Professeur du Collège de France
Les chaires scientifiques du Collège de France étaient au nombre de huit sur dix-neuf en 1789, à la veille de la Révolution. Elles furent maintenues jusqu'en 1794, puis sous le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration, lorsqu'elles devinrent vacantes. Sous les régimes successifs, leur nombre augmenta lentement, pour passer à treize sur quarante-deux en 1900. L'évolution des matières enseignées, la démographie des professeurs, les vicissitudes politiques des recrutements méritent d'être examinées. Durant un siècle agité de l'histoire de France, le Collège de France, qui s'était réformé avant la fin de l'Ancien Régime, ne démérita point.
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Antoine Compagnon
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Résumé :
Dans cette leçon de clôture, Antoine Compagnon, titulaire de la chaire Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie, propose un bilan de ses travaux en forme de variations sur la fin.
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Lire un texte d'Antoine Compagnon est toujours un plaisir, rendu plus agréable encore lorsque ce texte est un cadeau reçu dans le cadre de l'opération masse critique non-fiction.
Dès lors que l'on s'intéresse un peu à la littérature française, on ne peut manquer d'avoir croisé un jour un essai ou une critique érudite d'Antoine Compagnon.
Gagner la sortie est la leçon de clôture prononcée le 12 janvier 2021 au Collège de France après quinze ans à y avoir fait vivre la chaire de littérature française moderne et contemporaine.
Tout dans cette leçon est orienté vers un seul but : savoir finir avec justesse, élégance, sortir sans tomber, clore avec le point final qui ne doit cependant pas être l'ultime.
La composition suit à la fois le cours de la pensée, à la recherche d'un titre pour cette leçon, tout en invitant auteurs et artistes qui, depuis l'Antiquité et dans plusieurs langues, ont eu à affronter ou à donner à voir ce moment où il faut passer la porte, le regard tourné à la fois vers l'avenir et vers le passé.
Dès lors que l'on s'intéresse un peu à la littérature française, on ne peut manquer d'avoir croisé un jour un essai ou une critique érudite d'Antoine Compagnon.
Gagner la sortie est la leçon de clôture prononcée le 12 janvier 2021 au Collège de France après quinze ans à y avoir fait vivre la chaire de littérature française moderne et contemporaine.
Tout dans cette leçon est orienté vers un seul but : savoir finir avec justesse, élégance, sortir sans tomber, clore avec le point final qui ne doit cependant pas être l'ultime.
La composition suit à la fois le cours de la pensée, à la recherche d'un titre pour cette leçon, tout en invitant auteurs et artistes qui, depuis l'Antiquité et dans plusieurs langues, ont eu à affronter ou à donner à voir ce moment où il faut passer la porte, le regard tourné à la fois vers l'avenir et vers le passé.
Entre le moment où j'ai postulé pour ce livre lors de la dernière masse critique et celui où j'ai effectivement reçu l'ouvrage, j'ai eu l'heureuse surprise d'apprendre l'élection d'Antoine Compagnon à l'Académie française, coïncidence qui vient inscrire cette lecture dans une actualité qui lui confère un sens particulier.
En effet, ce court ouvrage, largement lisible en 1h30 puisqu'il retranscrit la dernière leçon que son auteur a prononcée au Collège de France, rapporte la recherche d'un titre à ladite leçon, dans la démarche rétrospective originale d'une quête qui cherche à se qualifier elle-même. le professeur se pose la question pratique de n'importe qui dans une situation similaire : comment bien finir une phase de notre vie qui s'achève ? Il mobilise à ce titre les concepts et réflexions d'écrivains variés, revisite des expressions courantes (le chant du cygne, la queue de poisson), dans une recherche approfondie du sens et de l'origine des mots.
La leçon revêt bien évidemment une dimension personnelle omniprésente, traversée d'anecdotes et d'hommages. Pour ma part, je la prend comme une incitation à aller voir du côté de Tennyson, Swift ou Beckett, et à identifier les passerelles parfois subtiles qui unissent la culture générale, l'intertextualité et le vécu personnel.
L'actualité vient fait écho à l'ambivalence soulignée du titre : gagner la sortie comme on gagne un rivage, mais aussi gagner la sortie comme on gagne une épreuve, que cette élection parmi les Immortels semble récompenser à point nommé. Voici une nouvelle phase qui s'ouvre pour M. Compagnon au moment où la précédente se referme sur cette ultime leçon, pour le plus grand bénéfice des lettres françaises, espérons-le.
En effet, ce court ouvrage, largement lisible en 1h30 puisqu'il retranscrit la dernière leçon que son auteur a prononcée au Collège de France, rapporte la recherche d'un titre à ladite leçon, dans la démarche rétrospective originale d'une quête qui cherche à se qualifier elle-même. le professeur se pose la question pratique de n'importe qui dans une situation similaire : comment bien finir une phase de notre vie qui s'achève ? Il mobilise à ce titre les concepts et réflexions d'écrivains variés, revisite des expressions courantes (le chant du cygne, la queue de poisson), dans une recherche approfondie du sens et de l'origine des mots.
La leçon revêt bien évidemment une dimension personnelle omniprésente, traversée d'anecdotes et d'hommages. Pour ma part, je la prend comme une incitation à aller voir du côté de Tennyson, Swift ou Beckett, et à identifier les passerelles parfois subtiles qui unissent la culture générale, l'intertextualité et le vécu personnel.
L'actualité vient fait écho à l'ambivalence soulignée du titre : gagner la sortie comme on gagne un rivage, mais aussi gagner la sortie comme on gagne une épreuve, que cette élection parmi les Immortels semble récompenser à point nommé. Voici une nouvelle phase qui s'ouvre pour M. Compagnon au moment où la précédente se referme sur cette ultime leçon, pour le plus grand bénéfice des lettres françaises, espérons-le.
Citations et extraits (2)
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J'aurai donc été au Collège de France durant un aevum, un rien à l'échelle de l'éternité, mais une ère dans la vie d'un homme, ainsi que dans l'histoire d'une discipline d'enseignement, donc une bonne moyenne ; ni trop peu, car quinze années suffisent pour n'avoir pas été un passant, un free rider, et pour laisser une moindre trace ; ni trop, seul à représenter une matière, au risque de l'immobiliser en perpétuant un état passé de la discipline.
La devise du professeur, disais-je, devrait être « Je déçois », formule empruntée à une « mauvaise pensée » de Valéry — «Belle devise d'un quelqu'un, — d'un dieu peut-être ? "Je déçois" » — et commentée par Barthes : « Quel dieu, disait Valéry, oserait prendre pour devise : Je déçois ? La littérature est ce dieu ; peut-être sera-t-il possible un jour de décrire toute la littérature comme l'art de la déception.
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