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EAN : 9782849906125
173 pages
Editions des Equateurs (24/04/2019)
3.89/5   31 notes
Résumé :
« Il y a deux Paul Valéry : celui des petits classiques illustrés [...] et le sacripant drolatique, l'anar espiègle, le gamin salace aux mauvaises pensées, "l'esprit le plus méphistophélique de notre littérature", sans parler du coureur et du farceur. Oui, cela fait deux en un : le bienséant et le frondeur, l'homme d'institution et l'irréconcilié. »

L'été sied à Paul Valéry (1871-1945), ce solaire impénitent qui nous enjoint de plonger dans la mer po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à Masse Critique et aux éditions Equateurs/ Parallèles, que je remercie, j'ai lu cet ouvrage de Régis Debray sur Paul Valéry. La rencontre de ces deux noms a quelque chose d'improbable à première vue : d'un côté, un ancien activiste marxiste, faisant table rase du passé, un intellectuel respecté dans les milieux bien-pensants (France-Inter entre autres, où Debray a parlé de Valéry, est pratiquement la radio d'état). De l'autre, un esprit libre, héritier critique d'une tradition née avec Montaigne et Pascal, celle de la "pensée de derrière" et du conservatisme éclairé. Mais la lecture du livre permet de changer de jugement sur Régis Debray : ayant montré patte blanche dans les premières émissions, et proférant les sottises de gauche reproduites en quatrième de couverture, l'auteur ose enfin penser et lire Valéry sans trop se soucier des préjugés de ses commanditaires. Et Debray est brillant, en particulier dans sa partie, la "médiologie". Le tableau qu'il fait du Valéry de l'entre-deux-guerres, observateur de la mort de l'Europe, est intéressant. Quelques chapitres frappants évoquent aussi le Valéry prophète des temps modernes, celui qui voit venir l'Amérique. Mais Debray tire Valéry à lui : il en fait un intellectuel attentif au monde, ce qu'il fut comme lui, en laissant dans l'ombre le mathématicien, le poète, l'un des fondateurs des sciences du langage et de la poétique modernes, et l'auteur fasciné par le fonctionnement de l'esprit conscient et inconscient. De tous ces Valéry-là, c'est le poète que je regrette de n'avoir pas entendu clairement dans ce livre.

A la fin, Debray a ce mot très juste sur la postérité de Valéry : alors qu'on retient Rimbaud, Hugo, Camus, car ils sont à la fois une oeuvre et une histoire, sa discrétion sur sa vie privée, la variété de son oeuvre, ses multiples entrées et sorties, font que le public aura de la peine à se faire une idée simple, narrative, de lui. Debray signale laidement qu'il n'y a pas de "story-telling". Valéry n'est pas simple. Un été avec lui risque d'éloigner des plages, alors que le Cimetière Marin nous y renvoie.
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Découvrir Paul Valéry raconté par Régis Debray est un régal.
La lecture est double.

Il y a d'abord le poète, l'écrivain, l'homme présenté sous diverses facettes.
L'ordre chronologique est choisi par l'auteur qui nous livre des éléments biographiques et une analyse certes courte mais percutante de l'homme et de l'oeuvre en regard de son époque.
Un homme pour qui la poésie doit se débarrasser de toute emphase, un homme qui évolue dans ses idées au gré de l'expérience et du vécu, un penseur visionnaire qui prévoit le mal être de l'Europe et annonce un futur avec ses modifications technologiques et les bouleversements chez l'homme que l'on constate depuis quelques décennies.
Un écrivain quelque peu oublié à qui le Général de Gaulle rendit hommage par des funérailles nationales et dont la lecture de certains écrits ne peut qu'alerter tout esprit en quête de compréhension.
Un homme qui dérangea par sa dualité (ex. le Mondain et le Sectaire), par ses jugements trop lucides, par certaines prises de position déconcertantes.

Il y a ensuite l'auteur de ce livre qui jongle avec les moments de l'Histoire et nous démontre la modernité des propos de Paul Valéry.
Il ne se gêne pas pour dénoncer les travers de notre société contemporaine, les dérives de nos systèmes de communication.
Il égratigne au passage l'importance donnée à la sous-culture dominante, sous-culture de profit qui anesthésie et favorise l'absence de pensée.

Le plaisir de cette lecture est donc double : découvrir Paul Valéry et goûter les éclairages donnés par Régis Debray.
Deux plaisirs qu'il ne faut pas bouder.
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Voici un puissant petit essai de Régis Debray à mettre entre toutes les mains de ceux qui ont peur du grand méchant loup des lettres Paul Valéry.

Je ne connaissais (d'intimidante réputation) que le poète hermétique, élève de Mallarmé son contemporain. Et il existe. Mais existent aussi des oeuvres plus brèves, plus accessibles, percutantes, et ce sont celles qu'on aime aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier aussi Paul Valéry le penseur politique et social plutôt visionnaire mis non sans raison au programme de l'ENA : il prévit la simultanéité des images à la commande (télévision, internet) et la façon dont elle transformerait notre intellect et nos moeurs ; l'avenir de l'entente entre les nations jusqu'à ce que se réalisent aujourd'hui encore ses étonnantes prédictions ; parcourut l'Europe de conférence en conférence ; écrivit maintes chroniques journalistiques ; fut à l'initiative de la Société des Nations et de maintes autres organisations intellectuelles et scientifiques.

Il promouvait avec ardeur une société européenne, fondée non sur la marchandise mais sur la mise en commun des idées. On se souvient du fameux dialogue de Freud et d'Albert Einstein sur la guerre.

La montée du nazisme le désenchanta grandement.

Il mourut en 1945 et de Gaule lui organisa des obsèques nationales. Mais se souvient-on que Jean Moulin avait réfléchi à l'idée d'en faire un président de la République ?

Debray a une plume alerte, pleine d'humour, très légèrement coquine (au sens noble du terme), il nous rend l'homme sympathique. Son livre est un petit bijou qui, (peut-être), ouvrira une porte.

Paul Valéry est une montagne qu'on peut aborder par plusieurs côtés.
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Quand un intellectuel nous parle d'un autre intellectuel... cela nous offre un brillant petit essai, plein (trop plein ?) de références érudites. L'ouvrage est découpé en une trentaine de chapitres qui sont autant de courtes dissertations. Si vous les lisez à voix haute, chacune d'elles vous prendra cinq minutes environ. Cinq minutes denses, mais agréables.

On connaît ou on croit connaître les aphorismes de Paul Valéry et la place qu'il a occupé dans le royaume des lettres de France. le mérite de ce petit livre est de nous rappeler quelques unes de ses réflexions. Par exemple : " Je n'aime pas trop les musées. Il y en a beaucoup d'admirables, il n'en est point de délicieux. " Ou encore : " La politique fut d'abord l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. À une époque suivante, on y adjoignit l'art de contraindre les gens à décider sur ce qu'ils n'entendent pas. " Et aussi : " Les grands hommes sont ceux dont les fautes ne comptent pas. " Etc. Je relève encore : " Il est remarquable que la dictature soit à présent contagieuse, comme le fut jadis la liberté. " et je clos cette série par : " La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force."

Vous trouverez dans ce livre des réflexions sur la surabondance de biens culturels dans notre société, des indications sur deux facettes de Paul Valéry : l'intellectuel, "poète d'État, avec raie au milieu et noeud papillon" et le "sacripant drolatique, l'anar espiègle", des précisions sur ses fréquentations (Mallarmé, Louÿs, Gide, Claudel, Debussy, Degas...) et une belle apologie de la société du spectacle.

J'ignorais, pour ma part, que l'on avait songé à Paul Valéry pour la Présidence de la IVe République, mais j'ai eu plaisir de reprendre contact avec l'impressionnante et magique diversité de son oeuvre.

Monsieur Teste peut être avantageusement revisité.
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Un été avec Paul Valéry : faut-il en dire davantage pour comprendre qu'il n'y a pas de meilleure lecture en ces jours de canicule ? S'il ne fallait en dire qu'une seule chose, je citerais simplement l'auteur, Régis Debray : « l'été sied à Paul Valéry, ce solaire impénitent qui nous enjoint de plonger dans la mer pour mieux renaître ». Si la critique prenait fin à ce stade, je ne m'attirais nul esclandre. En effet, l'ouvrage recèle précisément ce qu'il annonce, une brève description de ce qu'était Paul Valéry et son oeuvre.
Néanmoins, il serait injuste de pas ajouter qu'il s'agit là d'un travail de qualité : sans fioriture, Régis Debray commencer à nous emmener à travers la jeunesse de l'auteur. Au hasard des rencontres, il accumule les informations et, sans palabre, il explore la vision sociétale de cet auteur pas si lointain. La plupart des chapitres sont biographiques, comme « le trio à plumes », dans lequel nous en apprenons davantage sur l'influence qu'a pu avoir ses amis sur la vie de l'auteur pour qui l'amour rendait la pensée frivole alors que l'amitié l'enrichissait. D'autres, moins nombreux mais quand bien même intéressants, aborde la clairvoyance de la vision de la politique européenne de Paul Valéry.
Cet ouvrage recèle en lui trois qualités irréfutables : la première est de nous informer sur un auteur qui, aujourd'hui encore, demeure incontournable, et ce de manière légère (quoique sérieuse tout de même) ; la deuxième est de nous faire réfléchir sur la société de l'époque (l'entre-deux guerre notamment) et, par mimétisme, sur la nôtre ; la troisième est de nous pousser à en apprendre davantage sur Paul Valéry et de redécouvrir son oeuvre. C'est les raisons pour lesquels je vous conseille de vous plonger dans « Un été avec Paul Valéry ». Quant à moi, j'explorai le reste de la collection avec notamment « Un été avec Baudelaire ».
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critiques presse (2)
NonFiction
02 juillet 2019
Dans de courts chapitres très stimulants, Régis Debray nous donne le goût de lire ou relire Paul Valéry (1871-1945), un auteur toujours au purgatoire.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeSoir
06 mai 2019
Oubliez le poète un peu poussiéreux : Paul Valéry pouvait être drôle et surtout, il demeure très actuel.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Faire des va-et-vient entre le spirituel et le matériel, entre nos pensées et nos appareils, c'est le souci premier du médiologue. Valéry ne connaissait pas le mot. Il l'a mis en pratique en reconnaissant dans telle ou telle invention une puissance de transformation des moeurs et des pensées, c'est-à-dire un esprit en acte, dont la propriété, dans ses premiers temps, est de passer inaperçu. (...) L'intelligence humaine étant artificielle depuis l'âge de la pierre taillée, on doit rendre grâce aux premiers grattoirs et tailloirs qui ont permis à l'homo sapiens de secouer le joug du naturel. Valéry sait cela. Il ne s'en offusque pas. Il veut obstinément comprendre ce que les outils font à leurs inventeurs ...

pp. 96-97
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Quelques sottises et clichés politiquement corrects :

Ce faux vieux monsieur, chaque année qui passe lui donne un coup de jeune ... (p. 11)

(Brassens et Valéry) Le patricien et le plébéien, égaux pour la technique et la discipline, hantés l'un et l'autre par l'exactitude des mots et leur musique, se répondent à distance... L'Olympia et l'Olympe, ce sont deux voies également royales vers la Beauté.
p. 18.

(La Méditerranée) La mer intérieure est solidaire d'un humanisme lumineux, pluriel, métis ...
p. 24

(Mallarmé) Valéry a vingt ans, en 1891, quand il vient rencontrer "le suprême, le paternel ami", prof d'anglais au bahut du coin...
p. 35

(Minorités dans l'Affaire Dreyfus) Le tropisme protestant a poussé Gide à rallier les pétitionnaires de L'Aurore : un statut de minoritaire, en l'occurrence religieux et sexuel, est toujours de nature à pousser dans le bon camp..
p. 61.

"Deux choses menacent le monde : l'ordre et le désordre." Autrement dit, la droite et la gauche.
p.106

Etc...
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L'homme sait ce qu'il fait. Mais il ne sait ni comment il a fait ce qu'il fait ni ce qu'a pu, ou pourra faire, ce qu'il a fait.
Remarque de Régis Debray : Et il vaut mieux pour lui ne pas le savoir, car cela risquerait de le vexer profondément.
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Les morts se transforment en même temps que les vivants parce que ce sont eux qui les font revivre. (p.171)
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Valéry est de ceux qui ont donné sa pleine noblesse littéraire et morale à ce qu'on pourrait appeler l'âge de la Méditerranée auquel succéderont, au XXè siècle, le temps de l’Atlantique, puis celui de l'océan global au XXIè siècle. (p.24)
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