Quand un intellectuel nous parle d'un autre intellectuel... cela nous offre un brillant petit essai, plein (trop plein ?) de références érudites. L'ouvrage est découpé en une trentaine de chapitres qui sont autant de courtes dissertations. Si vous les lisez à voix haute, chacune d'elles vous prendra cinq minutes environ. Cinq minutes denses, mais agréables.
On connaît ou on croit connaître les aphorismes de
Paul Valéry et la place qu'il a occupé dans le royaume des lettres de France. le mérite de ce petit livre est de nous rappeler quelques unes de ses réflexions. Par exemple : " Je n'aime pas trop les musées. Il y en a beaucoup d'admirables, il n'en est point de délicieux. " Ou encore : " La politique fut d'abord l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. À une époque suivante, on y adjoignit l'art de contraindre les gens à décider sur ce qu'ils n'entendent pas. " Et aussi : " Les grands hommes sont ceux dont les fautes ne comptent pas. " Etc. Je relève encore : " Il est remarquable que la dictature soit à présent contagieuse, comme le fut jadis la liberté. " et je clos cette série par : " La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force."
Vous trouverez dans ce livre des réflexions sur la surabondance de biens culturels dans notre société, des indications sur deux facettes de
Paul Valéry : l'intellectuel, "poète d'État, avec raie au milieu et noeud papillon" et le "sacripant drolatique, l'anar espiègle", des précisions sur ses fréquentations (Mallarmé, Louÿs,
Gide, Claudel, Debussy, Degas...) et une belle apologie de la société du spectacle.
J'ignorais, pour ma part, que l'on avait songé à
Paul Valéry pour la Présidence de la IVe République, mais j'ai eu plaisir de reprendre contact avec l'impressionnante et magique diversité de son oeuvre.
Monsieur Teste peut être avantageusement revisité.