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EAN : 9782758008033
64 pages
sfpa (17/01/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Avec cette monographie qui parait à l’occasion de l’exposition organisée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, ce hors-série de Connaissance des Arts rend hommage à l’artiste français Jean Fautrier (1898-1964), l’un des précurseurs de l’art informel et l’une des figures majeures du renouvellement de la peinture en France au XXe siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'Art et la matière. L'oeuvre de Jean Fautrier reste pour beaucoup dominée par la puissance, encore intacte aujourd'hui, des figures d'Otages réalisées à Chatenay-Malabry dans un contexte dramatique, entre 1943 et 1945, et exposées grâce à la galerie Drouin dans l'immédiat après guerre. Têtes d'Otages, plus tard de Partisans ou Grande Tête tragique en bronze de 1942 (p. 39), sont des figures universelles de souffrance qui parlent d'elles-mêmes et émeuvent en conséquence. Ces Otages doivent autant à la sculpture qu'à la peinture selon Malraux repris par Itzhak Goldberg dans son texte « Portraits, visages, têtes », l'un des cinq – tous instructifs – qu'on peut lire dans ce hors série de qualité. Jean Fautrier est exposé actuellement au musée d'art moderne de la ville de Paris. Un Fautrier pouvant en cacher un autre, cette lecture permet de connaître mieux, en les dévoilant aussi par l'image, des facettes ténébreuses moins soupçonnées et plus surprenantes de son oeuvre peint, gravé, sculpté (incluant sa fidélité à certaine iconographie classique). On tombe en arrêt devant quelques natures mortes (« le Grand sanglier » dit aussi Sanglier écorché (1926) évoquant Rembrandt et Soutine, la « Coupe aux poires », 1938), devant les somptueuses lithographies de L'Enfer, commande d'André Malraux pour la Nrf (Fautrier en Enfer, p. 25), dans un registre plus terrestre face à cet impressionnant mur de glace (Glacier I, v. 1926) ou encore, à la vue des études d'objets réalisées entre 1947 et 1955 lorsque le motif redevient pour l'artiste prétexte à sonder la matière.

Artiste formé au dessin à la Royal Academy et la Slade School de Londres, Jean Fautrier admire Turner et expose au Salon d'Automne de Paris dès 1922. A quel moment et pourquoi passe t-il de la toile support de ses huiles au papier marouflé recouvert de couches d'enduit retravaillées ? Il faut sans doute se plonger dans les ecrits de Malraux et de Ponge ou dans l'essai de Jean Paulhan, « Fautrier l'enragé », pour le comprendre. Cinq textes mettent icit en valeur de manière limpide un art au-dessus des conventions et des styles, fait aussi de cohérence et de continuité malgré les éclipses ; mais également, la dimension extrêmement novatrice de ses diverses recherches plastiques (peinture et sculpture) et graphiques (la Nrf ne retiendra pas ses lithos illustrant L'Enfer de Dante au motif d'être trop avant-gardistes). Les commentaires sont accessibles : Maria Magdalena Chansel évoque « le nu féminin » et son emblématique évolution, Françoise Docquiert la question de la couleur « du noir à la couleur » et Guitemie Maldonado tente de cerner cette nébuleuse de l'art informel définie par le critique Michel Tapié dans les années cinquante et qui faisait de Jean Fautrier, bien malgré lui, son porte drapeau. Fautrier pionnier oui, mais surtout électron libre inclassable et isolé, qui s'est tenu hors des mouvances entre succès et incompréhension, se dissociant de l'art informel comme de l'abstraction et ne revendiquant que son seul attachement au réel comme source de création d'une « figuration » qu'il voulait « libérée ». Entre la sculpture, pratiquée dès 1928, l'estampe au moment clé des trente-quatre lithographies de la Divine Comédie et la peinture, se noue peut-être un lien, se trouve peut-être un lieu d'où naît son dialogue incessant engagé avec la matière. Art de la figure non figurée et cependant terriblement humain où l'indétermination devient le moyen d'affirmer une forte présence. Nus, têtes et visages peints ou sculptés font dire à Itzhak Goldberg que Fautrier crée des « visages à rebours du visible » dans une représentation questionnant à la fois l'horreur et la beauté…



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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans les années 1930, Fautrier renonce au visage et à la représentation de l'être humain : les sujets deviennent des objets. A travers cette nouvelle thématique, l'artiste met en oeuvre le style qui sera baptisé informel, créant des images-reliefs obtenues à partir d'empâtements et de couches de couleur pétries et labourées. Ce malaxage de la matière donnera lieu à la série des Otages, qui va asseoir définitivement la renommée de Fautrier, consacrée par les écrits d'André Malraux, de Jean Paulhan ou de Francis Ponge. L'histoire est connue : en 1943, inquiété par la Gestapo, le peintre doit fuir Paris et trouve refuge à Chatenay-Malabry, en banlieue parisienne. Marqué par l'Occupation nazie et par les exactions - certaines exécutions de prisonniers, amenés par camion, se déroulent dans un bois tout proche de sa maison -, le peintre, comme d'autres artistes qui ont vécu le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale, cherche à inventer une nouvelle figure humaine. Face à ce que l'écrivain britannique Henry James appelle "l'imaginaire du désastre", Fautrier réalise des corps sans tête, des têtes sans corps. Exécutées de 1943 à 1945, moment de leur exposition à la Galerie Drouin, elles sont la réaction la plus immédiate aux récentes horreurs, à la violence de l'Histoire. Plusieurs tableaux de cette série se nomment Tête d'otages, cette partie du corps qui englobe face et boîte crânienne. La matière de ces petits empâtements plus ou moins blancs aux contours anthropomorphes évoque autant le bas-relief que la peinture. (p. 36)

Itzhak Goldberg - Portraits, visages, têtes
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Aucune forme d'art ne peut donner d'émotion s'il ne s'y mêle une part de réel. Si infime qu'elle soit, si impalpable, cette allusion, cette parcelle irréductible est comme la clef de l'oeuvre. Elle la rend lisible ; elle en éclaire le sens, elle ouvre sa réalité profonde, essentielle, à la sensibilité qui est l'intelligence véritable. Jean Fautrier

Maria Magdalena Chansel - Le nu féminin, p. 40
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