Il faut dire que je me suis pas mal compliqué la tâche - et celle de Connelly avec. Je l'ai découvert l'été dernier, ce nom qui peuplait pourtant si densément les rayonnages obscurs des amateurs de littérature policière.
Le Poète fut ma première lecture. Et quelle lecture ! Elle fut de ces expériences si rares et pourtant si précieuses au cours desquelles on tombe dans un livre plus qu'on ne s'attache à lui et dont la remontée à la surface est toujours un peu teintée de nostalgie, le regard hébété et plein de secrets et de rebondissements extraordinaires qu'on ne pourra que garder pour soi, pour préserver l'intégrité de l'intrigue. Je m'étais lancée à corps perdu dans la bibliographie foisonnante de ce Prix Pulitzer et avais enchaîné avec
Créance de sang puis
La Défense Lincoln, désormais mon top 3.
L'Epouvantail ne pouvait donc qu'être une (petite) déception et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. J'étais si enthousiaste à l'idée de retrouver Jack McEvoy et Rachel Welling, les héros du Poète, que j'ai peut-être manqué d'indulgence envers cette oeuvre à part entière. Je regrette néanmoins sincèrement une lourdeur de style plus que pénible, souvent un peu naïf et redondant, très série B américanisante, ainsi que plusieurs invraisemblances, chose que j'ai si peu l'habitude de remarquer dans un policier (et surtout dans un BON policier) que je considère que pour que ma bonne volonté de lectrice coopérante atteigne ses limites, c'est qu'elles ont été franchies il y a déjà longtemps.
Connelly reste néanmoins à mes yeux un auteur très talentueux que je ne suis pas près d'abandonner. Ses histoires sont toujours admirablement bien ficelées, la structure est solide et les personnages ont une véritable consistance. Enfin le mystère, toujours le mystère ; il n'est pas toujours entièrement résolu mais Connelly ne manque jamais de faire travailler nos méninges. Et c'est déjà quelque chose.