Les Dieux du verdict

C'était le mantra que je lui inculquais depuis le premier jour : ne pas avoir l'air coupable.Qui prend l'air coupable est invariablement déclaré tel.

L'idée que ce soit peut-être un agent corrompus de la DEA qui me suive à la trace me glaça si fort que l'adrénaline se transforma en minuscules glaçons dans mes veines.

- Je me pinte le vendredi soir pour être hors course le samedi parce que c'était le samedi que je voyais ma fille. Oui, il s'appelait Gallagher, Sean Gallagher, et que j'aie fait mon boulot ou pas n'a aucune importance dans cette affaire. Des gens sont morts, Legal, et à cause de moi. Comme si on pouvait se cacher derrière cette excuse quand deux personnes se font ratatiner à un croisement par le gars que tu as libéré ! Et maintenant, il faut que j'y aille.
(...)
- Ton père appelait toujours les jurés les "dieux du verdict". Tu te rappelles ?
- Oui. Parce ce que sont ceux qui décident de l'innocence ou de la culpabilité de l'accusé. Où veux-tu en venir, Legal ?
- Au fait qu'il y a plein de gens pour nous juger tous les jours et sur ce que nous faisons. Ceux qui nous disent coupables sont innombrables. Y a pas besoin d'en rajouter.

Sur le plateau se trouvait un lingot d'or qui brillait aussi fort que le soleil lorsqu'il franchit la crête des montagnes au petit matin.

Je n'aimais pas plus les frais généraux que cela allait me coûter que l'idée de rester coincé dans du dur. J'adorais travailler sur ma banquette arrière et sans idée préconçue.

C’est ce que les incarcérations de longue durée entrainent chez tout individu- elles détruisent tout espoir en lui. Même s’il est innocent.

C’est en interprétant d’instinct leur voix et leur physique que nous nous formons un jugement sur les gens. Il n’y a rien de mieux pour y arriver. Ni les empreintes digitales, ni l’ADN, ni le doigt qui pointe le témoin oculaire n’y parviennent aussi bien.

Elle s’approchait de la très fine limite entre chercher la vérité et obtenir un verdict favorable au client, Et ce n’est pas toujours la même chose.

- Essayez d'être au cabinet du juge avant Shelly et de prendre le siège à la gauche de Companioni.
- Euh, d'accord, dit-elle en hésitant. Pourquoi ?
- C'est l'histoire des parties gauche et droite du cerveau. Les gens sont plus aimables avec ceux qui se trouvent à leur gauche.
- Vous rigolez !
- Je ne plaisante pas. Chaque fois que je présente mes conclusions devant des jurés, j'essaie toujours d'être le plus loin possible à leur droite. Pour eux, je suis à gauche.

Ils étaient douze jurés -les dieux du verdict- tous à essayer de ne plus voir ce qu’ils venaient de voir.