Quand le soir tombait et qu'il fallait rentrer au Waisenhaus, à l'orphelinat qui alors portait lourdement ce nom terrible, j'avais l'âme plombée de détresse. Il m'arrive encore aujourd'hui, certains dimanches vers six heures du soir, de ressentir cette sourde anxiété. Lisant Dickens, plus tard, j'ai senti dans mon corps la vérité de ces livres écrits pour nous, les enfants délaissés. (p. 32)
Ma douleur fut extrême, je ne savais pas qu'on pouvait souffrir autant, par amour, par abandon. Ma détresse était telle qu'elle inquiéta ma mère, mes amis. Je ne trouvai pour la combattre que la lecture de Proust, -A la recherche du temps perdu-, qui fut mon-pharmakon-, à la fois remède et poison, parce que cette lecture me centra sur moi-même plus qu'il n'aurait fallu. Je crois que c'est le jazz qui me sauva, la mobilisation existentielle qu'il entraîne et qui exclut complaisance et pitié de soi. (p. 69-70)
Je lus avec émoi -Le Portrait de Dorian Gray-, et j'eus le sentiment, pour la première fois, d'avoir accès à ce continent mystérieux, dérangeant et tout à fait autre qu'on appelle la littérature. (p. 42)
Les rencontres philosophiques de Monaco // Colloques 2018
La Maison de la philosophie 2018 avec :
Bernard E. Harcourt : foucault et le pouvoir
Catherine Chalier : Levinas et le visage
Robert Maggiori : Jankélévitch et l'amour
Sandra Laugier : Wittgenstein et le language
Geneviève Fraisse : Beauvoir et le sexe
Miguel de Beistegui : Deleuze et le désir
Michel Contat : Sartre et la liberté
Camille Riquier : Bergson et le temps
Géraldine Muhlmann : Arendt et le mal
Marlène Zarader : Heidegger et la mort
Gérarld Bensussan : Derrida et l'hospitalité
Sabine Prokhoris : Freud et le rêve
Musique © Clara Dufourmantelle
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