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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La trahison, c'est comme un glissement de terrain dans l'âme."

Philip Anders se demande s'il connaissait si bien que cela son ami Julian Wells. Ce dernier s'est donné la mort, un soir, seul sur une barque flottant sur un lac. Philip ne comprenant pas ce suicide, décide de creuser dans le passé, dans la vie de Julian pour trouver des réponses. Pensant trouver ainsi les mots qu'il auraient pu dire à son ami s'il avait été sur la barque avec lui, pour l'empêcher de commettre l'irréparable. Ils se connaissent depuis l'enfance et sont tous deux amateurs de lettres, simplement le premier est devenu critique littéraire et Julian a décidé d'écrire des livres sur les tueurs les plus abominables de l'histoire. Afin de s'imprégner au mieux de la réalité des lieux et des esprits Julian a toujours parcouru le monde, sans attache réelle, à l'exception de sa soeur et de Philip. Mais Philip s'aperçoit qu'il n'était pas là sur la barque. Il commence alors à mettre ses pas dans ceux de la personne qu'il admirait, Julian. "J'étais allé à Paris, à Oradour-sur-Glane, à Londres, à Budapest, à Cachtice, à Rostov et maintenant j'étais revenu à Buenos Aires." En creusant le passé des souvenirs font surface et des phrases de Julian lui reviennent : "Quand on vit dans le mensonge, la vérité se paye au prix fort." Que pouvait bien signifier ces petits cailloux éparpillés dans sa mémoire ? "Refuser de grandir, disait-il, est une forme de crime." Qu'avait bien pu faire Julian ? "Avant le crime, il y a la dissimulation." Lui aurait-il caché des choses importantes, lui qui pensait tout partager avec Julian. 

J'ai beaucoup apprécié ce roman à suspens, impossible de le lâcher sans l'avoir terminé d'une traite. Thomas H. Cook a une belle plume. En outre, c'est bien construit, bien étayé et on fait un tour du monde, certes des abominations, mais c'est aussi une partie de notre histoire. le chapitre "Après" est remarquable pour clore le roman, bref je voulais savoir ! Est-ce une bonne idée ? Oh mon père, est-ce vraiment une bonne idée ?  ...."parce qu'il n'existe pas de réponse à notre zachem."
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Est-ce que je saurai être objective dans mon ressenti de cette lecture ? Je ne crois pas car j'aime trop Thomas H. Cook. J'aime l'atmosphère qu'il réussit à créer, étouffante, inquiétante, mais surtout j'aime le ton qu'il donne à son récit. Un ton modéré, continu, jamais monotone pourtant mais plutôt comme affecté d'une noire fatalité.
Julian Wells, écrivain atypique s'il en est, ses oeuvres sont inclassables, il est spécialiste des grands meurtriers: tueur en série russe, massacre d'Ouradour sur Glane, la comtesse hongroise vampire, les disparitions en Argentine, bref il écrit sur ce qu'il peut y avoir de plus glauque, de plus noir dans l'histoire des hommes.
De retour d'un voyage, par un beau matin, il descend au lac devant chez lui, prend la barque et s'ouvre les veines.
Son meilleur ami, Philip Anders se demande pourquoi et ce qu'il aurait pu lui dire pour éviter le drame. Et voilà que Philip nous amène avec lui dans sa quête de vérité. Pourquoi Julian Wells s'est-il suicidé ? Il creusera la vie de son ami, ses voyages, ses écrits, il refera les trajets parcourus et se demandera le rôle qu'aura joué la disparition de leur guide touristique lors d'un voyage en Argentine trente ans plus tôt. Comment a-t-elle pu faire basculer ainsi la vie de son ami écrivain? Et cette petite dédicace pour lui "À Philip , le seul témoin de mon crime" , quel crime ?
Philip Anders se questionne sur son amitié pour Julian alors que pour Julian, montrer l'amour que l'on porte à un ami .."n'est pas ce qu'on lui confie qui montre combien on l'aime, mais ce qu'on s'abstient de lui confier ". Tout est dans cette petite phrase.
Thomas H. Cook, avec intelligence, grande érudition et une plume plus qu'éloquente , s'intéresse encore ici au Mal, le grand , le noir comme il le fait depuis toujours. Cette vie qui n'est "qu'un jeu d'ombres", avec ses secrets, ses vices, cette âme humaine bien noire. La duplicité, la trahison, la culpabilité qui ronge, celle dont disait Julian que c'est "la fausse consolation de ceux qui n'ont pas souffert ".
Encore une fois, chapeau bas Monsieur Cook.
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Jusqu'à quel point connait-on réellement ses amis?
Avant qu'il ne prenne sa barque et aille ramer jusqu'au milieu d'un lac pour se trancher les veines, la seule chose remarquable que Julian Wells laissait à la postérité était une série de livres particulièrement bien documentés sur des criminels célèbres de l'Histoire. Ce suicide, venant mettre fin à une vie sans éclat, cause une vive émotion à sa soeur Loretta, actrice ratée et correctrice, et à son ami Philip, critique littéraire.

» – Oh, si seulement j'avais été là, mon cher ami.
– Oh, si seulement j'avais été là dans la barque auprès de toi.
En sachant ce que je sais aujourd'hui. »
Tout au long du roman, c'est cette question qui va hanter Philip, son mentor et ami. Veuf et sans enfant, il se résout à explorer la vie de son « seul véritable ami » et comprendre « comment se faisait-il, qu'après un début si flamboyant le monde ait conspiré pour lui réserver une fin si tragique? ».

Pour commencer, deux indices: une carte d'Argentine que Julian examinait le jour de sa mort, et une dédicace obsédante qu'il avait écrite sur son premier livre : « A Philip, seul témoin de mon crime. » Cette dédicace a toujours intrigué Philip, car il n'a pas la moindre idée que de ce son ami entendait par là. En Argentine justement, à Buenos Aires, ils avaient tous deux connu Marisol, une jeune guide touristique, qui avait ensuite mystérieusement disparu lors des jours les plus sombres de la dictature militaire des années 1970 à 1980.

Non content de retracer l'histoire de Julian à travers ses écrits (« ses phrases décharnées d'une sombre concision »), Philip va commencer à voyager sur ses traces, qui déjà s'estompent, dans tous les lieux où Julian avait séjourné pour recueillir la matière première de ses récits : de Londres à Paris, de Budapest à Rostov sur le Don, et de retour à Buenos-Aires, où ils avaient séjourné ensemble au début des années 80…

Il va rencontrer au cours de ces voyages une succession de personnes douteuses et s'enfoncer plus avant dans un monde ou un rien sépare l'apparence de la réalité.
« C'est la distorsion qui crée la perfection », disait Julian.

Au fur et à mesure de ses investigations, Philip en vient à se demander s'il n'existait pas chez son ami une certaine dichotomie.
“Dans un thriller, ce seraient les autres qui essaieraient de m'empêcher d'en savoir plus… Mais là, on dirait que c'est Julian qui brouille les pistes.”
Et ce crime dont s'accuse Julian, quel peut-il bien être? La conséquence d'une plaisanterie anodine? le résultat d'un jeu innocent?
« même si c'est par jeu que les enfants tuent les grenouilles, les grenouilles meurent pour de vrai. »
La psychologie des personnages est savamment équilibrée et bien nuancée, avec une narration axée plus sur la psychologie que sur l'action pure.

Les références littéraires sont nombreuses, peut être trop au goût de certains, mais toujours pertinentes, la plus évocatrice étant une description du disparu, au tout début du roman: « Tel Orphée, il avait apporté sa musique aux enfers et, tout comme lui, il était mort dans un monde qui ne souhaitait plus l'entendre. »

A mon avis, Thomas H. Cook ne jouit pas de la renommée que devrait lui conférer son immense talent. Peut-être parce qu'on ne peut le placer dans aucune niche, ni polar, ni thriller, mais ses livres sont beaucoup plus cela. Plus que de la littérature de genre c'est tout simplement de la littérature, où l'auteur utilise avec succès les codes des autres genres pour les intégrer à son oeuvre. Son étude des comportements humains est sans faille. Son écriture et l'analyse de ses semblables sont d'une grande finesse et d'une grande sensibilité, à l'image de l'homme, d'une douceur et d'une amabilité confondantes.

Avec ce « Crime de Julian Wells », nous trouvons un auteur au sommet de son art. Une énigme littéraire, pleine de rebondissements et de mystères, peuplée de personnages profondément humains et aux multiples visages.
Ça n'est pas du « page-turner », ça ne flingue pas à toutes les pages mais, pour qui sait prendre son temps, c'est un excellent roman, un chef d'oeuvre d'analyse de toute la complexité de la psychologie et des sentiments humains.
C'est un roman qu'il faut lire, je le recommande chaleureusement.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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A la suite du suicide incompréhensible de Julian Wells, son ami Philip Anders, critique littéraire, et sa soeur Loretta, correctrice dans une maison d'édition, vont remonter le cours de la vie du défunt dans un douloureux pélerinage qui va les entraîner aux quatre coins du monde, partout où Julian s'est rendu pour récolter la matière des histoires dont il était un spécialiste reconnu : celles de tueurs en série, dictateurs sanguinaires, contemporains ou appartenant à L Histoire. Car c'est bien dans la trajectoire déroutante de Julian, qui ne rentrait chez lui que pour mieux en repartir, que Philip et Loretta espèrent trouver des réponses aux questions qui les hantent. Pourquoi Julian s'est-il donné la mort ? Pourquoi n'ont-ils rien vu venir ? Quel est donc ce crime dont il s'accuse dans la dédicace de l'un de ses livres à son ami, “A Philip, le seul témoin de mon crime” ? Pourquoi s'est-il tranché les veines sur une barque au milieu d'un étang, comme pour vider son corps de sa culpabilité ?


Espagne, France, Hongrie, Ukraine, c'est finalement en Argentine qu'ils termineront leur périple mortifère, là où des années plus tôt, au cours d'un voyage d'agrément qu'avaient partagé Philip et Julian, ce dernier avait été marqué au fer rouge par la disparition mystérieuse de Marisol, leur guide touristique, dans un contexte politique de didacture qui rendait banals et quotidiens les rapts, tortures et autres assassinats institutionnels.


On peut difficilement donner davantage d'éléments sans déflorer le trentième et éblouissant roman de Thomas H. Cook. Pour la première fois, à ma connaissance, l'auteur sort son intrigue du huis-clos familial comme pour mondialiser ses questionnements obsessionnels sur la culpabilité, la filiation, les conséquences de chaque acte, le travail de mémoire auxquels il ajoute plus spécifiquement dans ce roman, la duplicité, (“Le moment où le visage de la personne que l'on croit connaître change, où l'on soupçonne qu'il y a une chose terrible derrière son masque” p. 209-10), la trahison (“la trahison, c'est comme un glissement de terrain dans l'âme, non ?” p. 148), qu'il analyse à travers des faits historiques, le massacre d'Oradour-sur-Glane ou la dictature militaire qu'ont subie les argentins entre 76 et 83. Pour faire simple, je dirais que Thomas H. Cook transpose ses thèmes de prédilection du niveau familial au niveau planétaire.


Qui était réellement Julian Wells ? Des indices sont semés au fil des pages. Avec son érudition habituelle, sa culture littéraire étourdissante, l'auteur cite des romanciers comme Graham Greene, Eric Ambler, renommés pour leurs romans d'espionnage dans lesquels les doubles vies, les faux-semblants, les mensonges ont la part belle. le père de Philip est un ancien diplomate à la retraite....


Sans détective, sans enquête policière, sans cadavres démembrés, ce qui prouve une fois encore qu'il conviendrait de décoller de Thomas H. Cook cette étiquette d'auteur de romans “policiers”, pour en faire une fois pour toutes, un grand auteur sans extension réductrice de son talent, il sonde l'âme humaine dans sa noirceur la plus absolue en procurant au lecteur un indéfinissable malaise. Car ne sommes-nous pas tous, peu ou prou, des Julian Wells ? Qu'avons-nous à cacher ? “Joue le chaton, dissimule la tigresse” (p. 155)
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