Ouf, me voici enfin arrivée au terme de cette lecture, pourtant commencée avec enthousiasme, puisque ce n'était pas ma première lecture de
Thomas H. Cook, et que j'avais plutôt apprécié les précédentes. Mais là, j'avoue que j'ai peiné à le terminer, surtout que j'ai une autre lecture bien plus passionnante en cours.
La litanie qui rythme ces pages : pourquoi moi, Philip Anders, meilleur ami de Julian Wells, n'ai pas été là avec lui dans cette barque au moment où il s'est tranché les veines ? Et que lui aurais-je dit pour l'en dissuader ? Variante : de quel crime possiblement commis par Julian aurais-je été potentiellement témoin, sans en avoir la moindre idée ?
Et ces questions lancinantes vont amener le Philip en question, "critique littéraire" de son état, à voyager sur les traces de son ami de New York à Paris, puis à Oradour-sur-Glane, et par la suite en compagnie de Loretta (la soeur de Julian) en Hongrie, en Russie pour finir en apothéose par l'Argentine, là où tout a commencé.
Philip cherche à retrouver des témoins qui pourraient l'éclairer sur une quête menée par Julian, à la recherche de leur ancienne guide lors d'un voyage qu'ils avaient effectué ensemble en Argentine bien des années auparavant. Cette jeune femme, Marisol, avait mystérieusement disparu, et Julian depuis n'avait eu de cesse de comprendre pourquoi. Etait-elle une espionne ? Mais au service de qui ? Jouait-elle double jeu par rapport à la junte au pouvoir ? C'est maintenant au tour de Philip d'être obsédé par ces questions qui, pense-t-il, sont directement liées au suicide de Julian.
Une bien curieuse personnalité d'ailleurs ce Julian ! Idéalisé par Philip et par son père, ce beau jeune homme écrit des livres sur les pires massacres perpétrés par l'homme, que ce soit dans le cadre de la guerre, comme celui d'Oradour, ou par pur sadisme, comme la comtesse Báthory ou Tchikatilo, surnommé l'éventreur rouge de Rostov. Bon, après, chacun ses marottes ! Mais finalement il n'a qu'un piètre succès en tant qu'auteur, et ne semble pas briller non plus par ses qualités humaines, sauf si l'on peut qualifier ainsi l'art de tromper son monde et de se faire passer pour qui l'on n'est pas. En tout cas, il ne m'a pas séduite, et Philip n'a pas fait mieux. Il faut déjà avoir des moyens considérables, et rien d'autre à faire, pour poursuivre ainsi des chimères à travers le monde pendant des semaines, juste pour s'affranchir d'un vague sentiment de culpabilité. D'ailleurs c'est un peu pareil en ce qui concerne Loretta, la frangine : du jour au lendemain, elle décide de suivre Philip et semble elle aussi n'avoir aucune contingence matérielle. D'ailleurs ils n'ont jamais la moindre difficulté pour rencontrer toutes les personnes qu'ils souhaitent, ceux-ci se tiennent à leur disposition dès qu'ils le désirent ! Un brin irréaliste à mon humble avis.
Si les personnages n'ont suscité en moi aucune sympathie, l'écriture ne m'a pas transportée non plus, il fut bien l'avouer. C'est long, répétitif, et les petites leçons d'histoire au passage (l'auteur est un ancien prof de la discipline) ne m'ont pas apporté grand-chose, ce n'était pas toujours très clair. Il n'y a aucune action, uniquement des entretiens avec les personnes qu'avait croisé Julian, et les introspections des uns et des autres.
Qu'est-ce qui m'a plu, vous demanderez-vous (ou pas !) ? Je réfléchis, mais à part l'idée d'origine qui était plutôt intéressante (comprendre les raisons du suicide de Julian, et savoir ce qu'était devenu Marisol), j'ai eu hâte d'en finir, et me suis retenue d'abandonner, par fidélité à l'auteur dirais-je.
J'ai mis deux étoiles parce que ce n'est pas un mauvais roman, mais il ne m'a pas emportée, malgré tous les pays qu'on y traverse.