AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,09

sur 71 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
7 avis
2
5 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ouf, me voici enfin arrivée au terme de cette lecture, pourtant commencée avec enthousiasme, puisque ce n'était pas ma première lecture de Thomas H. Cook, et que j'avais plutôt apprécié les précédentes. Mais là, j'avoue que j'ai peiné à le terminer, surtout que j'ai une autre lecture bien plus passionnante en cours.
La litanie qui rythme ces pages : pourquoi moi, Philip Anders, meilleur ami de Julian Wells, n'ai pas été là avec lui dans cette barque au moment où il s'est tranché les veines ? Et que lui aurais-je dit pour l'en dissuader ? Variante : de quel crime possiblement commis par Julian aurais-je été potentiellement témoin, sans en avoir la moindre idée ?
Et ces questions lancinantes vont amener le Philip en question, "critique littéraire" de son état, à voyager sur les traces de son ami de New York à Paris, puis à Oradour-sur-Glane, et par la suite en compagnie de Loretta (la soeur de Julian) en Hongrie, en Russie pour finir en apothéose par l'Argentine, là où tout a commencé.
Philip cherche à retrouver des témoins qui pourraient l'éclairer sur une quête menée par Julian, à la recherche de leur ancienne guide lors d'un voyage qu'ils avaient effectué ensemble en Argentine bien des années auparavant. Cette jeune femme, Marisol, avait mystérieusement disparu, et Julian depuis n'avait eu de cesse de comprendre pourquoi. Etait-elle une espionne ? Mais au service de qui ? Jouait-elle double jeu par rapport à la junte au pouvoir ? C'est maintenant au tour de Philip d'être obsédé par ces questions qui, pense-t-il, sont directement liées au suicide de Julian.
Une bien curieuse personnalité d'ailleurs ce Julian ! Idéalisé par Philip et par son père, ce beau jeune homme écrit des livres sur les pires massacres perpétrés par l'homme, que ce soit dans le cadre de la guerre, comme celui d'Oradour, ou par pur sadisme, comme la comtesse Báthory ou Tchikatilo, surnommé l'éventreur rouge de Rostov. Bon, après, chacun ses marottes ! Mais finalement il n'a qu'un piètre succès en tant qu'auteur, et ne semble pas briller non plus par ses qualités humaines, sauf si l'on peut qualifier ainsi l'art de tromper son monde et de se faire passer pour qui l'on n'est pas. En tout cas, il ne m'a pas séduite, et Philip n'a pas fait mieux. Il faut déjà avoir des moyens considérables, et rien d'autre à faire, pour poursuivre ainsi des chimères à travers le monde pendant des semaines, juste pour s'affranchir d'un vague sentiment de culpabilité. D'ailleurs c'est un peu pareil en ce qui concerne Loretta, la frangine : du jour au lendemain, elle décide de suivre Philip et semble elle aussi n'avoir aucune contingence matérielle. D'ailleurs ils n'ont jamais la moindre difficulté pour rencontrer toutes les personnes qu'ils souhaitent, ceux-ci se tiennent à leur disposition dès qu'ils le désirent ! Un brin irréaliste à mon humble avis.
Si les personnages n'ont suscité en moi aucune sympathie, l'écriture ne m'a pas transportée non plus, il fut bien l'avouer. C'est long, répétitif, et les petites leçons d'histoire au passage (l'auteur est un ancien prof de la discipline) ne m'ont pas apporté grand-chose, ce n'était pas toujours très clair. Il n'y a aucune action, uniquement des entretiens avec les personnes qu'avait croisé Julian, et les introspections des uns et des autres.
Qu'est-ce qui m'a plu, vous demanderez-vous (ou pas !) ? Je réfléchis, mais à part l'idée d'origine qui était plutôt intéressante (comprendre les raisons du suicide de Julian, et savoir ce qu'était devenu Marisol), j'ai eu hâte d'en finir, et me suis retenue d'abandonner, par fidélité à l'auteur dirais-je.
J'ai mis deux étoiles parce que ce n'est pas un mauvais roman, mais il ne m'a pas emportée, malgré tous les pays qu'on y traverse.
Commenter  J’apprécie          377
Pour ce coup-ci, c'est raté.
Thomas H.Cook m'a souvent scotché avec ses romans, notamment « au lieu-dit noir étang » ou encore « les leçons du mal ». Pour ce roman-ci, la magie n'a pas opéré.
L'écriture finement ciselé est toujours présente, et c'est peut-être cela qui m'a convaincu d'aller plus loin. Ici, ce qui ne va pas, à mon goût bien évidemment, c'est l'histoire.
Julian Wells, se suicide. Mais qui était au juste Julian Wells ; c'est ce que vont essayer dedécouvrir son meilleur ami et sa soeur. Julian était écrivain, il se passionnait pour les tueurs en série ou pour divers crimes commis un peu partout dans le monde.
La recherche de » la vérité nous mène en Argentine, en Russie, à Paris ou encore à Oradour sur Glane. Et tous ces trajets, ces personnages rencontrés me donnent l'impression de suivre une enquête assez incompréhensible, et je parlerai même d'un certain fouilli, et trop d'éléments font qu'on arrive à se désintéresser complètement du sujet. On est mené en bateau, beaucoup trop, Thomas H. Cook sait bien le faire, mais ici la sauce ne prend pas. Cela m'était déjà arrivé avec « les ombres du passé ».
L'auteur alterne le bon et le moins bon. Au moins, il y a de la surprise.
Commenter  J’apprécie          210
Thomas H Cook sait écrire. Et il aime cela. Peut-être un peu trop. Car parfois, lorsque l'inspiration le fuit, comme c'est le cas dans "Le crime de Julian Wells", son roman ressemble trop à un exercice de style et l'auteur ne s'efface pas derrière son sujet.

Cette vague histoire d'espions vrais ou faux, racontée à la première personne par un être solitaire passionné d'histoire et de littérature, semble être le prétexte pour rassembler tout un lots d'épisodes historiques, de citations d'auteurs classiques et contemporains et de les lier tant bien que mal dans un récit dont on saisit mal le fil conducteur.

On dirait parfois, à lire les dialogues que l'auteur a tenu absolument à caser telle ou telle anecdote collectée dans ses nombreuses lectures, comme s'il faisait feu de tout bois. Que tout matériau à sa disposition (sur son ordinateur ou dans un cahier de notes) était bon à recycler.

Ainsi ce dialogue :
"- Julian, aurait fait un excellent espion, dit-elle. Ca me parait évident si l'on considère ses livres, son art d'assimiler des informations, de faire des recoupements, d'avoir une vision globale.
- C'est vrai. C'est flagrant dans Les Yeux d'Oradour. Je pense à un passage qui ne se situe même pas en France. Il entraîne le lecteur devant les sarcophages de Cozumel, décrit que les habitants de cette ile étaient de très petite taille, et de là suppose que tous les Indiens d'Amérique du Sud ont dû paraître bien petits aux yeux des hommes comme Cortés et Pizarro.
- Il n'est pas donné à tout le monde d'avoir l'esprit de synthèse."

Le passage sur les sarcophages de Cozumel tombe comme un cheveu dans la soupe. Ce genre d'intrusion incompréhensible abonde dans ce roman où Thomas H Cook évoque Gilles de Rais, Erzebeth Bathory et autres grands criminels de l'Histoire sans autre intérêt que de démontrer qu'il possède dans le domaine une solide culture livresque.

Certes certaines phrases onctueuses des premières pages, rappellent Proust, par leur balancement. Mais elles donnent aussi l'impression que l'auteur du "Dernier message de Sandrine Madison" ne savait pas vraiment où les pérégrinations de son héros allaient pouvoir le mener et qu'il s'agissait en fait de tâtonnements.

Au final il en résulte un profond ennui et le sentiment, dans la longue liste des romans de Thomas H Cook, d'avoir tiré le mauvais numéro.

On lui préférera - et de loin - "Au lieu-dit Noir Etang".
Commenter  J’apprécie          71
Je partage l'opinion de Vieuchamp. J'ai beaucoup aimé certains titres de Thomas Cook et son nom sur un livre retient toujours mon attention, mais j'ai été très déçue par celui-ci, après l'introduction pourtant bien prometteuse. Je n'ai tout simplement pas cru à cette histoire, et je le regrette.
Commenter  J’apprécie          60
Qu'est-ce qui fait qu'un livre nous paraît raté? C'est la question que l'on peut se poser en refermant celui-ci.

L'idée de départ ne manquait pourtant pas d'intérêt. L'auteur nous fait faire un petit tour d'horizon des criminels les plus déviants de l'histoire: on voyage d'Oradour-sur-Glane à Čachtice (Slovaquie), où a sévi au 17ème siècle la sanglante comtesse Báthory. Quelles sont les motivations des meurtriers, qu'est-ce qui déclenche leurs actes, que peut-on y comprendre?

Le personnage central du bouquin, le dénommé Julian Wells, se suicide dès les premières pages. Son ami Philip va essayer de trouver la raison de cet acte.

Il apparaît vite que Julian s'était pris d'intérêt pour Marisol, une jeune femme qui lui servit de guide lors d'un séjour en Argentine, sous les années sombres de la dictature militaire. Laquelle Marisol disparut dans des circonstances que Philip va tenter d'élucider. Cette quête va l'envoyer dans différents lieux de meurtres, pour interviewer les témoins impliqués dans l'affaire. le procédé paraît malheureusement artificiel. La solution de l'énigme, un peu tirée par les cheveux, laisse également sur sa faim, le rôle des Etats-Unis respectivement à la dictature argentine n'étant pas vraiment abordé. Pire, il est considéré comme le résultat d'initiatives personnelles.

Au final, d'un point de vue philosophique, l'auteur a essayé d'illustrer la célèbre phrase d'Hannah Arendt sur la banalité du mal. Au passage, il ne se prive pas d'égratigner les exilés comme Borges, qui soutint la junte militaire, puis la critiqua, une fois réfugié en Europe.

Le style de l'auteur est séduisant au début, mais malheureusement il devient vite pesant. Son apparente érudition se heurte aussi à des clichés, il nous balade dans Buenos Aires uniquement dans les endroits touristiques, de la Boca au cimetière de la Recoleta... Cela ne manque pas d'ironie involontaire, lorsque Philip, son narrateur, se repent de n'avoir jamais osé donner de conseils littéraires à son ami Julian: "je m'étais bien gardé de critiquer son écriture alors que cela aurait pu aider à la rendre plus sobre, plus tranchante ou à brider les envolées échevelées qui parfois alourdissaient son style".

On retiendra toutefois quelques aphorismes comme celui-ci: "ce n'est pas ce que l'on confie à un ami qui montre combien on l'aime, mais ce qu'on s'abstient de lui confier."
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (231) Voir plus



Quiz Voir plus

Les liens du sang

Comment Dave surnommait son père?

Père
Le Vieux
Papi

15 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les liens du sang de Thomas H. CookCréer un quiz sur ce livre

{* *}