Paysagiste — à la campagne — Luce est moins à son aise; il peint lourd et opaque; ses figures, ses portraits sont, également, trop appuyés, trop vulgaires, parfois. Au début de sa vie de peintre — nettement néoimpressionniste — le procédé de la touche divisée — appliquée sévèrement à l’atelier — accentua encore cette vulgarité certaine ; alors que tant d'esquisses peintes « sur le motif » apparaissent presque légères, aérées et délicatement spontanées.
Au fond, c’est le violet — cette couleur si aisément affreuse! — qui contamine beaucoup de toiles de Luce. Il en est de même, du reste, chez presque tous ses amis, les néo-impressionnistes endurcis. Seul, Paul Signac sait apprivoiser cette redoutable couleur, qui, à côté des autres couleurs, fait si aisément penser — lorsqu’elle est mal dosée — à un travail de « chaussons de lisière. » Dans les paysages d’arbres et de prés, dans les figures, elle s’affiche trop, le plus souvent ; tandis que dans les paysages d’usines — fumées et flammes — elle ne choque pas, cette couleur que les autres couleurs viennent lécher et brûler sans relâche.
Et quel bon métier de peintre, dans ces aquarelles solides comme des peintures!
Puis j'ai vu des panoramas de villes, des chaos de toits et de clochers, des silhouettes dentelées de monts. L'Orient. l'Italie, l'Espagne. Enfin, la Mer ! la mer méditerranéenne avec ses eaux profondes, avec ses villages émerveillés, avec ses rochers rouges.
Puis j'ai vu des paysages de Bonnières ; la Seine — et aussi des jardins fleuris: de la neige rose et blanche encore sur les arbres. Puis des nus de femmes: puis de la sculpture.
Mme Georgette Agutte n'est pas cependant ce que l'on pourrait appeler un esprit touche-à-tout ; mais elle est enragée de travail; et il est manifeste que pour elle une oeuvre qui succède à une autre, est comme une sorte de délassement à la première.
M. Lhote dessine, peint — et il écrit. Il fait tout cela avec le même entrain et avec le même bonheur. Bien entendu, on lui reproche d’écrire. On désigne ses confrères qui, bêtas, ne comprennent pas qu’écrire cela prend du temps; et moins M. Lhote peindra, mieux..., etc.
Oui, M. Lhote — et il a bien raison! — écrit de longs articles sur l’art. Il est un de ces peintres qui ont peur de ne pas assez dominer par la seule puissance de l’art de peindre; et surtout, pour lui, pas de bonne peinture, y compris la sienne, si elle ne s’étaye sur de prolixes et savantes dissertations.