Je crois bien que c'est un ouvrage que je vais ajouter à la liste de ceux que j'emporterais sur une île déserte. Un livre précieux pour la beauté des images qu'il fait naître dans ma tête et pour les idées qu'il développe.
Il s'agit d'un recueil de textes courts, genre littéraire dans lequel j'ai parfois du mal à entrer, sauf dans le cas présent. Je pense que le fil conducteur est suffisamment solide pour que je puisse sauter sans peine d'un lieu à un autre. L'auteur montre le plaisir que l'on a à marcher et la sensation de liberté qui est le complément indispensable à cet exercice. La lecture de certains passages est véritablement jubilatoire.
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L'apprentissage des langues et de l'histoire, et la sympathie pour des êtres humains différents, vivant dans un contexte différent leurs langues différentes, suffisent à rendre les longs déplacements nécessaires et attirants, spécialement à la saison de la jeunesse. Toutefois contrairement à ce que fait croire la propagande commerciale des Agences Cook de par le monde, voyager n'a été rendu ni plus facile ni plus épanouissant par les vols intercontinentaux. La possibilité de se déplacer à la surface du globe rapidement et sans risque, du moins officiellement, encourage une insatisfaction de consommateurs de paysages, plutôt qu'un sens profond du plaisir géographique et un développement de la géophilie, c'est à dire l'appétence des hommes pour la beauté immédiate de la terre.
Pendant ces quelques jours à Phénix, je vais enfin pouvoir me vêtir comme je l'entends. Lézarder dans le sous-bois avec un pantalon effiloché, adopter une tenue plus naturelle pour fréquenter la campagne, après cette longue période passée dans une tenue de convention. Non que je cherche spécialement à m'avilir en présentant une image corporelle dégradante. Pas plus que je ne communie dans la culture du faux vieux, qui fait revêtir aux adolescents des pantalons préalablement déchirés et décolorés. Simplement, je me sens à l'étroit, dans tous les sens de l'expression, dans des habits de ville destinés sinon à séduire l'autre, sinon à gagner la confiance des passants, du moins à m'éviter les œillades soupçonneuses et les histoires embrouillées avec les voisins. Se vêtir à sa guise est un premier moment de réappropriation. Après cela, on peut se faufiler plus commodément dans les interstices, quand il s'en présente devant ou autour de soi.
Je suis un simple noteur. Un prospecteur de rochers, de huttes, d'oiseaux, de mots.
Mais j'ai, en différents points, mes entrées.
Je suis un simple noteur. Un prospecteur de rochers, de huttes, d'oiseaux, de mots.
Mais j'ai, en différents points, mes entrées.