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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Apres Mendiants et orgueilleux j'ai eu envie de relire un autre Cossery. Encore une pepite, relativement courte cette fois.

Albert Cossery, le plus francais des egyptiens, le citoyen de St Germain des pres, l'homme qui n'a jamais voulu posseder quoi que ce soit, nous offre un texte hilarant, et se sert de l'humour pour faire passer sa critique de la societe.

Ca se passe au Caire, ville ou la chaleur n'a de concurrent que la poussiere. Cossery peint le paysage: "La vetuste de ces habitations evoquait l'image de futurs tombeaux et donnait l'impression, dans ce pays hautement touristique, que toutes ces ruines en suspens avaient acquis par tradition valeur d'antiquites et demeuraient par consequent intouchables". Il evoque la population qui y deambule: " Ouvriers en chomage, artisans sans clientele, intellectuels desabuses sur la gloire, fonctionnaires administratifs chasses de leurs bureaux par manque de chaises, diplomes d'université ployant sous le poids de leur science sterile, enfin les eternels ricaneurs, philosophes amoureux de l'ombre et de leur quietude".
C'est une histoire de resistance. Resistance et debrouillardise du petit peuple, ici incarne par un voleur a la tire, face au "systeme". Cossery nous le presente: "Ossama etait un voleur; non pas un voleur legaliste tel que ministre, banquier, affairiste, speculateur ou promoteur immobilier; c'etait un modeste voleur aux revenus aleatoires, mais dont les activites – sans doute parce que d'un rendement limite – etaient considerees de tous temps et sous toutes les latitudes comme une offense a la regle morale des nantis".

Ossama est un hedoniste. Son pays peut tourner au desastre, mais lui, bien habille pour ne pas se faire arreter a chaque coin de rue sur sa mise, est convaincu que "rien sur terre ne peut etre tragique pour un homme intelligent". Il rode dans les beaux quartiers, humant ses proies. Par un heureux hasard, il s'empare du portefeuille d'un gros bonnet. Qui ne contient pas que de l'argent, mais comme son nom l'indique, une feuille aussi, une lettre qui compromet le gros bonnet (un promoteur vereux) et des membres du gouvernement.

Comment Ossama va tirer parti de la lettre comprommettante? Pour le savoir il faut lire le livre. J'ai promis aux manes de Cossery de ne rien devoiler. Un indice quand meme: c'est hilarant. Bon, ce n'est pas vraiment un indice, tout le livre est hilarant.

Et je ne peux m'empecher de penser que Cossery s'est mire dans la glace de son hotel pour decrire Ossama: un homme qui ne possede rien, mais toujours tire a quatre epingles.
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Un livre engagé et féroce, ironique, mais qui reste peut-être un peu trop en surface des thèmes abordés. Pas grave, la plume est belle, le style et l'humour sont au rendez-vous, tout ça fait une belle lecture agréable.
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J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman, accru par le hasard de la découverte, après lecture du résumé : « Un voleur habile, intelligent, élégant et ironique (tout un programme pensais-je) – de ceux qu'affectionne particulièrement Albert Cossery – trouve dans le portefeuille d'une crapule de promoteur une lettre qui prouve sa responsabilité dans l'effondrement d'un immeuble qui provoqua la mort de dizaines de pauvres gens. Aussitôt une association de voleurs philosophes (intéressant me disais-je) met au point une stratégie pour faire passer l'envie aux escrocs officiels d'abuser de leur pouvoir » et sans que je puisse définir pourquoi, je n'ai pas résisté et ai-je cédé à la tentation livresque. Bien m'en a pris !

Je ne connaissais rien d'Albert Cossery avant de lire ce roman, Les Couleurs de l'infamie. Cet homme né au Caire en 1913 écrit en français et vit en France. Il pratique avec un talent fou l'humour, tendance fortement ironique, dans la droite lignée de Voltaire.

L'intrigue est simple mais ô combien efficace : au Caire, un jeune voleur, Ossama, dépouille sans état d'âme les riches, comme le lui a appris son professeur en la matière Nimr. L'élève a depuis longtemps dépassé son maître lorsqu'un jour, il trouve dans un portefeuille subtilisé une lettre susceptible de révéler un scandale d'Etat : le frère d'un ministre refuse de poursuivre sa collaboration avec Suleyman, un entrepreneur immobilier dont le dernier immeuble, défectueux par économie, vient de s'effondrer, provoquant la mort de cinquante personnes. Ne sachant comment procéder, Ossama demande conseil à Nimr qui l'oriente vers Karamallah, « écrivain et journaliste réputé ». Ce dernier, réfugié dans le mausolée de ses parents, pour fuir ses créanciers et ses persécuteurs, est un personnage somptueux, revenu de tout. Un sage parmi les fous de ce monde.

Les Couleurs de l'infamie est un texte court mais brillant, par l'esprit, par la verve de l'auteur, par l'ironie douce amère qui se dégage des pages.

Un livre court certes mais qui m'a donné envie d'approfondir l'oeuvre d'Albert Cossery.

Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Hâtez vous de lire Cossery. Dans une langue magnifique, l'auteur fait la fable douce amère d'un moins que rien devenu prince des voleurs. À lire après "l'immeuble Yacoubian" et avant "rue des voleurs" du fraîchement Goncourisé Mathias Énard. Les propos de Cossery sont modernes et son credo, le plus respectable qui soit : ceux qui adulent l'argent ne méritent que le mépris.
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Un livre qui trainait dans ma bibliothèque depuis des années.

Je ne sais si c'est parce que l''auteur est Egyptien et francophone mais ce livre m'a rappelé l'immeuble Yacoubian. Les personnages sont pittoresques, le lieu une nécropole est exotique. L'intrigue sert de prétexte à une dénonciation de l'état de déliquescence politique locale. le personnage principal, voleur de son état, partage sa vision du monde. Son discours entre grand et petit voleur est très convaincant. Les autres personnages ont aussi leurs rôles dont le voleur devenu fanatique.

C'est moins drôle que l'immeuble Yacoubian mais c'est un bon livre.

"La multitude humaine qui déambulait au rythme nonchalant d'une flânerie estivale sur les trottoirs défoncés de la cité millénaire d'al Qahira, semblait s'accommoder avec sérénité, et même un certain cynisme, de la dégradation incessante et irréversible de l'environnement."
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Merveille d'humour voire même d'ironie un peu à la Voltaire.....
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