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4,16

sur 346 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le roman de Cossery m'avait marqué quand j'avais vingt ans. J'ai toujours pensé que je le lirai, mais de peur que la magie s'en aille... Alors quand j'ai vu qu'une BD existait... le meurtre d'une belle prostituée est le prétexte pour mettre en valeur l'Egypte, les pauvres et leurs qualités : liberté, solidarité, grandeur d'âme, libérés des obligations et contraintes. C'est fin, drôle, une myriade de personnages atypiques. Les écrivains contemporains qui pensent avoir inventer quelque chose n'ont qu'à lire Cossery avec ce roman publié en 1955.
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Avec "Mendiants et orgueilleux", Albert Cossery nous introduit dans une cour des miracles peuplée de personnages hauts en couleur, à la fois misérables et magnifiques.

Gohar a laissé derrière lui son existence confortable de professeur d'histoire et de littérature pour vivre dans le dénuement le plus total, entre les murs d'une chambre minuscule d'un quartier populaire du Caire. Détaché de toute contingence matérielle, il est ravi de son choix, qui lui permet d'être enfin immergé dans ce qu'il considère comme la vraie vie, au contact d'individus souvent presque aussi démunis que lui, mais que leur énergie et leur joie de vivre rendent riches de trésors inquantifiables. Son unique rêve est désormais de partir vivre en Syrie, éden où il pourra s'adonner sans entrave à sa dépendance au haschich. En attendant, c'est le truculent Yéghen, pauvre diable d'une incroyable laideur, qui le pourvoit charitablement en cannabis.
On rencontre également dans ces pages un fonctionnaire aussi prompt à embrasser des causes humanistes qu'à les oublier, face au prosaïsme de la réalité, un policier que sa passion pour la beauté de certains jeunes hommes pousse à s'humilier devant un prétentieux fils de notable, un cul-de-jatte dont le succès auprès des femmes rend l'épouse maladivement jalouse...

Le monde dépeint par Albert Cossery grouille, de bruits, d'odeurs, de mouvements. Il en chante la gaieté et l'insouciance, vante les vertus de ceux qui savent ne pas se prendre au sérieux, loue la liberté que confère le détachement des biens matériels et de l'ambition sociale, mais aussi de toute idéologie.
Il rend ainsi un bel hommage à la vie, à son "absurde facilité". En plantant son récit au coeur des rues miséreuses du Caire, il nous montre comment elle jaillit avec d'autant plus de force et de générosité qu'elle se manifeste dans des détails a priori insignifiants, qu'elle s'exprime au travers de choses simples.

L'écriture à la fois précise et légère de l'auteur, les situations cocasses, la sagesse malicieuse des réparties de ses héros, qui dotent son roman d'une facture théâtrale, font de la lecture de "Mendiants et orgueilleux" un véritable moment de plaisir !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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L'histoire ne m'a pas intéressé plus que cela car elle est secondaire selon moi dans cette oeuvre. Les péripéties s'enchaînent de manière quasi-absurde sans fil chronologique précis ni concordance entre les différents événements. J'ajouterais même que l'élément perturbateur arrive comme une cheveu sur la soupe et cela m'a d'ailleurs rappelé Sukkwan Island au niveau de l'effet de surprise. Récit très bien mis en scène par le fait de suivre plusieurs personnages à la première personne et ce, successivement. Il n y a pas de liant hormis les personnages qui se connaissent. du coup c'est un effet agréable car on est transporté d'un point de vue à un autre sans jamais trouver cela compliqué et dérangeant. Ajoutons à cela une fin magnifique avec un dialogue entre Gohar et Nour El Dine qui restera vraiment gravé dans mes souvenirs de par sa précision dans les mots et la clarté des arguments et des sentiments.

Les personnages sont vraiment le coeur de ce roman. Ce sont des personnalités très travaillées avec des descriptions de leurs pensées et de leur caractère très précises voire minutieuses. Nous ne faisons pas que suivre ces personnages, nous finissons par les connaître réellement, à nous prendre d'affection ou de dédain pour eux. Il est rare que des livres ayant d'aussi nombreux passages de description des troubles d'un personnage et de sa façon d'être ne laissent de place à l'ennui dans certains passages. Là ce n'est jamais le cas et c'est un peu logique, dés le début cela nous est annoncé : les personnages ne sont présentés que par leur manière de réfléchir et ce à la première personne donc si l'on accroche les dix premières pages alors le reste sera d'une grande fluidité également.
il est agréable de constater leurs nuances et surtout leurs défauts, leurs failles. Elles sont énervantes mais l'on se prend de compassion et même d'estime par la façon qu'ils ont de les assumer et presque de les revendiquer. Il ne s'agit pas d'un orgueil déplacé mais d'un sentiment de révolte paisible qui a pour cause leur marginalisation extrême.

Le style est magnifique, non par le vocabulaire qui même s'il est riche reste simple ce que j'apprécie personnellement mais surtout par le rythme des phrases. C'est un rythme tranquille, reposant, agréable à suivre, continuellement paisible ce qui contraste avec le manque liant entre les événements.
Les dialogues sont plein d'une emphase qui fait sourire et qui m'a rappelé certains dialogues platoniciens avec moult courbettes et compliments. Les interrogations du policiers font elles-mêmes penser à l'ironie socratique où Gohar serait le meilleur des sophistes sans allusion péjorative.

Un ouvrage superbe que j'avais envie de relire dés que je l'eus fini. Je pense d'ailleurs que je le referais dans quelque temps pour y découvrir de nouvelles choses.
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Pour être totalement honnête, je pense que je ne me serai jamais arrêté sur ce livre sans une recommandation de mon libraire. Je ne connaissais pas du tout Albert COSSERY et la quatrième de couverture n'aurait pas retenu mon attention après sa lecture ...

C'eût été une erreur !
Le livre ressemble à peut de chose qu'il m'ait été donné de lire. Je ne saurai comment le classifier et il m'est même difficile d'en parler.
L'histoire se déroule dans les rues du Caire et tourne autour du personnage de Gohar, ex philosophe devenu mendiant ... Elle va passer en revue toute une gallerie de personnages plus étonnants les uns que les autres. Un dealer de hachish laid et heureux, un policier homosexuel en plein doute sur son rôle à jouer dans la société, un manchot dul-de-jatte subissant les crises de jalousie de sa femme ...
Etrange non ? C'est tout l'intérêt de ce livre qui peint ce que peut être la vie des gens qui n'ont rien, qui ne possèdent plus rien, et qui subsistent. Mais Albrt COSSERY nous prend à contre pied en décrivant cette misère sous un aspect joyeux, plein de couleur.

Je crois bien que c'est le caractère déroutant, que l'on croise à chaque page, qui m'a plu. Il me sera difficile de vous en raconter plus. Je recommande cependant cet ouvrage à quiconque souhaite réaliser une expérience littéraire.
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J'ai adoré ce livre qui m'a fait totalement voyagé, dans le temps, l'espace ainsi que dans le mode de pensée.

Livre écrit après guerre, en France, par un égyptien.
Les personnages principaux -à l'exception du policier- mènent une vie de bohème et vivent dans un dénuement total, cela par choix pour Gohar, qui enseignait la philosophie à l'université, El Kordi, employé au ministère mais révolutionnaire dans l'âme, préférant dilapider son salaire à payer ses subalternes pour faire son travail qu'il estime indigne de lui.
Le Caire de années 40, avec ses infirmes, ses mendiants, ses bordels, ses ramasseurs de mégots et ses terrasses de cafés. La ville, comme les personnages sont hauts en couleurs et assez drôles. Ils possèdent un fort sens de l'humour et de la dérision et sont volontiers sarcastiques.
Ses hommes vivent de rien, et surtout jouissent de cette liberté infini, de ne craindre personne car ils n'ont plus rien à perdre.
Ils ont leur propre morale, ils peuvent commettre des crimes sans même s'en étonner, mais feraient tout pour leurs amis, allant jusqu'à donner leur vie, sans réfléchir non plus.

Livre drôle et décalé sur l'amitié, la pauvreté et le sens de la vie;les plus heureux ici sont des mendiants et un homme tronc.
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C'est le deuxième album de Cossery que je lis. J'avais beaucoup aimé Couleurs de l'infamie mais dans mendiants et orgueilleux, je me suis moins amusé. La description des habitants du Caire, leurs défauts, leurs traits d'esprit reste toujours très drôle. L'auteur est un fin observateur de la vie des quartiers et du comportement des cairotes.
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Mendiants et orgueilleux est le plus célèbre des romans d'Albert Cossery, une très étrange ode au Caire du début du XXème siècle, et surtout à sa population la plus dénuée de tout.
Dans un bordel miteux, une jeune prostituée est retrouvée étranglée mais n'est finalement qu'un prétexte au roman. Peut-on être pauvre et heureux? le dénuement doit il forcément s'accompagner d'une tristesse digne?
Dormant sur des journaux dans un hotel insalubre, Gohar, ancien philosophe refusant de se laisser dicter sa vie, nous entraîne à la rencontre d'une étrange galerie de personnages improbables.
Le coupable nous est connu dès le meurtre et très vite, ce n'est pas du tout la résolution de l'enquête mais l'affrontement de deux visions du monde entre le policier chargé de l'enquête et les familiers du bordel qui occupe le roman.
Malgré une certaine difficulté à entrer dans le roman, son ambiance très particulière, l'élégance de l'écriture, l'ironie qui l'habite en font une oeuvre que j'ai beaucoup appréciée et que je recommande.
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Albert Cossery disparu en 2008, n'avait publié qu'une dizaine de livres dont " Mendiants et Orgueilleux ". L'histoire se déroule dans les bas-fonds du Caire au milieu du 20 ème siècle. Gohar, un enseignant devenu mendiant par philosophie, toujours à la recherche d'une dose de drogue, Yeghen, un poète, qui la lui fournit par admiration, El Kordi un petit fonctionnaire qui profite du système et fréquente une prostituée, un officier de police homosexuel qui enquête avec d'étranges méthodes sur un meurtre commis dans une maison close et rencontre son amant dans les pires endroits, forment cette galerie de personnages qui évoluent dans des milieux sordides, ou la pauvreté est omniprésente, mais dans la gaieté et l'humour, avec des scènes plus rocambolesques les unes que les autres. Ce roman est construit comme une succession de nouvelles. Elles sont toutes le support pour des réflexions philosophies sur la pauvreté sur l'exploitation de l'homme par l'homme, il y a notamment le couple de la commère mariée à un homme tronc, qu'elle exploite pour faire la mendicité, et lui fait des crise de jalousies, celle également de l'homme qui a perdu la pièce qui doit lui permettre de passer une nuit à l'hôtel. Albert Cossery montre que pauvreté ne veut pas dire tristesse et misère intellectuelle, que l'on peut être de conditions modestes et rester digne, avoir orgueil et fierté, que la non-participation au système est une forme de révolte et d'opposition aux classes dirigeantes. C'est un livre passionnant, qui porte fréquemment à sourire, et est émaillé de réflexions qui interpellent sur les attitudes des humains entre-eux, j'ai été très intéressé par la découverte de ce romancier qui était l'ami de Camus, et était admiré par de nombreux écrivains de son époque.
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Je ne parle pas souvent des maisons d'édition car je trouve, le plus souvent, qu'elles font seule­ment leur travail (ce qui n'est pas si mal, évidem­ment !). Or, grâce à ce roman, j'ai décou­vert la maison de Joëlle Losfeld et ses qualités méritent d'être souli­gnées. En plus du texte parfai­te­ment présenté, et donc, agréable à lire, d'une couver­ture utili­sant une photo de statut de l'antiquité égyp­tienne où l'on croit recon­naître le sourire énig­ma­tique de Gohar (le person­nage prin­cipal, ex-​philosophe), l'éditeur a enrichi ce livre d'une série de docu­ments nous permet­tant de mieux connaître Albert Cossery. Cet auteur célèbre dans les années 50 dans le petit monde de Saint Germain-​des-​Prés est quelque peu oublié aujourd'hui. Cette maison d'édition sait le faire revivre et j'aurais plaisir à garder ce bel objet-​livre qui dans ma biblio­thèque.

Je dois cette lecture à Goran un nouveau venu dans ma blogo­sphère, et je me suis rendu compte en allant cher­cher ce titre dans une bonne librairie pari­sienne, que cet auteur était pour de nombreux lecteurs une réfé­rence indis­pen­sable pour la litté­ra­ture égyp­tienne. Égyp­tienne ? écrit par un homme ayant surtout vécu en France, il a d'ailleurs reçu le prix de la Fran­co­phonie en 1992, et visi­ble­ment très influencé par la litté­ra­ture fran­çaise. On pense tout de suite à un autre Albert, Camus celui-​là. le mendiant le plus inté­res­sant, Gohar, est un super Meur­sault, il a encore moins que lui de raison de tuer et il est autre­ment plus puis­sant car il entraîne celui qui aurait dû le punir dans son sillage du monde de l'absurde ou la notion du bien et du mal dispa­raît. Un mendiant de plus, un ancien poli­cier, hantera les rues du Caire dans des lieux consa­crés unique­ment à la survie, et où le plus impor­tant c'est de respecter un code de l'honneur fondé surtout sur l'esprit de déri­sion. Ce n'est ni cet aspect, ni l'enquête poli­cière assez mal menée qui a fait pour moi l'intérêt de ce livre, c'est la décou­verte de ce monde et de toutes les petites ficelles pour survivre. le crime gratuit me révulse, et le côté philo­so­phique du dépas­se­ment du bien et du mal est telle­ment daté que cela ne m'intéresse plus. En revanche, la vie de ces êtres qui n'ont plus rien est très bien décrite.

Je doute tota­le­ment de la véra­cité des person­nages car ils sont décrit par un intel­lec­tuel à l'abri du besoin et rési­dant en France. Je pense que c'est toujours plus facile d'imaginer les très pauvres dans une forme de bonheur et refu­sant les faci­lités de notre société que comme des exclus du système et qui aime­rait bien en profiter un peu. Mais là n'est pas du tout le propos du roman et je rajoute que c'est un livre qui se lit faci­le­ment et agréa­ble­ment, j'ai tort d'avoir un juge­ment moral sur son propos car c'est juste­ment ce que dénonce Albert Cossery : cette morale occi­den­tale qui fait fi de l'énorme misère des pauvres en Égypte, ce que nous dit cet auteur c'est que puisqu'on ne peut rien y changer le meilleur moyen c'est encore de vivre comme les mendiants du Caire. Une absence de volonté de posséder quoique ce soit est, pour lui, beau­coup plus dange­reuse pour l'équilibre de la société qu'une quel­conque révolte. On peut le penser comme une première pierre à l'édifice de la compré­hen­sion de ce pays, mais je pense que des roman comme « Taxi » de Kaled Khamissi ou « L'immeuble Yakou­bian » de Alaa El Aswani mettent en scène une Égypte beau­coup plus contem­po­raine et les auteurs ne sont plus encom­brés par le poids des idées des intel­lec­tuels fran­çais (marxisme, exis­ten­tia­lisme et autres struc­tu­ra­lisme).
Lien : http://luocine.fr/?p=6053
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Très bonne surprise que ce livre entamé par hasard.
Je ne saurai dire mieux que berni_29 ce qui ressort de ce livre qui renverse le paradigme de la position sociale avec un sens subtil et plein d'humour.
Quant à devenir mendiant, moi-même, c'est un pas que je ne suis pas prêt de franchir mais que les prophètes de notre époque qui quittent tout pour défendre la nature, n'hésitent pas à faire, car ils y trouvent sans doute la paix et la simplicité du pauvre.
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