Ce roman est une ode au peuple "d'en bas" et un plaidoyer pour le renoncement à la compétition sociale et le détachement vis à vis des choses matérielles. C'est aussi une réflexion intéressante sur l'angoisse générée par la société et pesant sur les individus. Je trouve que ces aspects du livre écrit dans les années 50 sont d'une actualité certaine. Certains scènes sont très drôles, notamment celle de l'hôtel où il n'y a pas assez d'édredons pour tout le monde, ce qui oblige l'hôtelier à les partager entre ses clients au milieu de la nuit.
Le roman m'a cependant gêné par la faiblesse des personnages féminins, reléguées à des rôles subalternes de prostituées ou de mégères. Et j'ai trouvé que les trois personnages masculins de Gohar, Yeghen et El Kordi se ressemblaient trop.
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Une galerie de personnages truculents arpentent les taudis du Caire où la misère est le lot quotidien. Cette misère devient sagesse chez Gohar, ex-philosophe, devenu mendiant par choix et pour qui la vie est un spectacle réjouissant plein de surprises. Sa présence devient réconfort pour ses amis, Yéghen, le trafiquant de hachisch dont la laideur le condamne à la solitude, et El Nourik, petit fonctionnaire, rêveur idéaliste et perpétuel amoureux. A ce trio vient se frotter Nour El Dine, un policier homosexuel autoritaire, qui, au cours de l'enquête pour résoudre le meurtre d'une jeune prostituée, va perdre petit à petit ses certitudes. Sans être totalement pessimiste, le ton est désabusé et ironique. J'ai été un peu gênée par le regard négatif posé sur les femmes. Néanmoins ce livre a de grandes qualités littéraires et vaut le détour.
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Dans les bas-fonds du Caire se cachent des hommes qui ont choisi d'être les plus pauvres parmi les miséreux et qui en tirent une joie qui passe pour de l'arrogance auprès de ceux qui, de près ou de loin, représentent les institutions.
Ancien professeur ou poète de renom, le dénuement leur confère une liberté totale, n'ayant rien on ne peut rien leur prendre, ce détachement agresse la société qui n'a pas de prise sur eux.
Allégés de toute contrainte, ils s'occupent aux plaisirs de la conversation et du haschich. Mais dans un acte impulsif, Gohar le maître à penser commet l'irréparable, la liberté absolue est dangereuse pour les autres.
Ce crime gratuit sera t'il puni ? ces esthètes philosophes l'approuveront ils ?
Belle parabole, bien écrite, ouvrant bon nombre de pistes de réflexion sur la vie en société, mais un peu trop théorique, alourdie par une homosexualité latente et associée à une misogynie assumée.
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J'ai trouvé l'écriture de ce roman superbe, alors que j' entrais avec réticence dans cette histoire. J'ai un peu plus de mal avec les thèmes abordés (tout relativiser, vivre de rien, tout abandonner pour se laisser aller à la contemplation et la drogue...).
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Moins percutant que le premier lu, moins incisif dans sa prose et dans l'histoire mais tout à fait agréable néanmoins !
On retrouve les personnages hauts en couleur de cet auteur très particulier : ce philosophe mendiant et ce voleur poète, plongé au coeur de l'horreur incompréhensible avec le meurtre de cette prostitué ...
Je suis en train de le lire, il faudra compléter cette critique plus tard !
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