Autant le premier tome de la série consacrée à Daniel Duval m'avait plu, autant celui-ci m'a déçu. Pourtant l'intrigue est bonne, articulée autour de penchants morbides, de nécrophilie et de courants philosophiques particuliers. Mais l'auteur s'éparpille par exemple en consacrant un chapitre entier à une partie de chasse qui n'a aucun rapport avec le reste de l'histoire. le personnage de Louis avec ses grosses farces plates ad nauseam est lourd alors que d'autres comme Francis, intrigant, n'est pas développé du tout. Les personnages féminins ne sont que des faire-valoir. le nombre d'invraisemblances est effarant rendant le tout absolument pas crédible. Bref fini pour moi cette série qui était pourtant bien partie.
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Un bon roman policier, agréable à lire et aux personnages attachants. Dommage qu'il ne soit pas plus original car l'intrigue est des plus classique. Il manque donc un peu de surprises à ce roman pour qu'il soit passionnant et pas seulement bon.
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Il alluma la lampe de chevet, s’assit sur le bord du lit, bâilla, s’étira les bras à s’en décrocher les trapèzes.
Saisi de froid, il ramassa à tâtons son pantalon qui reposait sur un valet de nuit. Mais il l’empoigna par l’ourlet et une pluie de monnaie tomba sur le plancher.
Comme de raison, une pièce de 25 cents roula sous le lit dans un mouvement giratoire exaspérant qui ne voulait plus finir. Il ramasserait le tout plus tard. Pas de chemise ni de cravate à cette heure, mais un lai - nage noir. Il bâilla à nouveau, se frotta le cuir chevelu, regarda à gauche et à droite en cherchant ce qu’il oubliait. Il détestait remonter à l’étage dans ces cas-là.
Il jeta un coup d’œil dans le miroir pour replacer une mèche rebelle et constater de visu le poids de la nuit dans son regard.
La vue d’un panneau du gouvernement, À la chasse, on est prudent, lui arracha un sourire. Il souhaita du temps doux pour sa partie de chasse. Son collègue
Francis l’attendait à son chalet de Charlevoix pour le long congé de l’Action de grâces.
Une brume légère se mouvait alors qu’il gagnait en altitude. En arrivant au sommet du vallon, il vit cette nuée s’allumer de bleu, de rouge et de blanc au bas d’une côte fortement inclinée : les couleurs sinistres de sa profession, celles des gyrophares. Les camions du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale ainsi que deux voitures de patrouille étaient rangés sur l’accotement.
La victime habitait une maison de style chalet suisse construite sur un coteau. La maison triangulaire en stuc blanc comportait à l’étage un grand balcon brun et un toit en pignon. Un long chemin asphalté en forme de fer à cheval menait à la résidence entourée de conifères géants. Sur un mât, un drapeau du Québec tout effiloché se laissait fouetter par le vent. Des fenêtres à carreaux aux verres fracassés s’échappait une fumée noire. Les pompiers vêtus de cirés jaunes s’affairaient à rouler les tuyaux. L’eau s’écoulait du talus jusqu’au chemin.
Le téléphone retentit trois fois. Un bras frissonnant s’extirpa des couvertures et cueillit à tâtons le récepteur sur la table de chevet. Le courant d’air s’infiltra dans les draps, glaçant l’échine de l’homme. Peu importait la saison, il dormait à la fraîcheur. Le cadran marquait minuit douze. Il décrocha à la quatrième sonnerie. Pour le commun des mortels, le timbre d’un appel nocturne est angoissant. Penser au pire est alors la norme. Son réveil à lui annonçait le cauchemar des autres. La mort au programme.
La route était à peu près libre de circulation à cette heure. Du boulevard Laurentien jusqu’à la Montée du
Lac, les lampadaires filèrent derrière lui et Schubert déchaîna toute sa fureur romantique. La flèche de l’indicateur de température commençait à peine à monter.
Il actionna la commande de chauffage et l’air chaud se répandit dans l’habitacle. Le ciel d’automne, d’un noir bleuté, s’étirait comme un grand écran piqué d’étoiles.