Quand le bonheur s'en mêle

Je découvrais, pour la première fois de ma vie, la joie que peut apporter l’amitié
et l’ivresse qui accompagne l’amour, et ces découvertes faisaient redoubler mes larmes, parce que je pleurais autant de tristesse que de bonheur. De bonheur parce qu’il n’y avait rien de plus merveilleux, de tristesse de ne pas avoir connu cela plus tôt et aussi parce que je n’entrevoyais pas d’avenir pour un tel amour.

Certes, la beauté de cette femme était renversante, mais elle dégageait surtout une sensualité presque douloureuse. Ses yeux également vous transperçaient le cœur et étaient animés d’une vie propre, comme s’ils avaient un langage bien à eux. Elle semblait apporter un souffle d’air frais avec elle, un renouveau, et pourtant il avait l’impression de l’avoir toujours connue. Il essayait d’être rationnel et de reprendre pied dans la réalité, mais il était prisonnier de son regard, et l’aura si puissante qu’elle dégageait l’enveloppait d’une chaleur irradiante.

Tant de gestes avaient compté dans ma vie, des gestes qui m’avaient réduite au silence bien plus sûrement que le fait d’être muette. Aujourd’hui, le silence de ma vie avait pris fin. Don, Chloé, Julie, Charles et toute ma nouvelle famille m’avaient redonné la parole.

Personne ne m’a jamais dit «je t’aime», personne ne m’a désirée pour les bonnes raisons. J’ai appris durement qu’il valait mieux que je passe inaperçue, que je me fonde dans le décor.

Ce qui fait la beauté de l’amour, c’est justement cette folie, cette démesure, l’écart infime qui sépare le ciel et l’enfer.