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Hubert Tézenas (Traducteur)
EAN : 9782757887875
576 pages
Points (11/02/2021)
4.19/5   36 notes
Résumé :
Comment une femme est-elle devenue pape sans que personne soupçonne son véritable sexe ?
Née en France en 814, élevée sous la férule d'un père sévère et rigide, Jeanne se révolte très vite contre les préjugés et interdits qui pèsent sur la gent féminine. Elle apprend à lire et à écrire en cachette, et parvient à se faire admettre à l'école de la cathédrale de Dorstadt, en Basse-Saxe. Ne pouvant loger sur place avec les autres élèves masculins, la jeune fille ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Jeanne la papesse « transgenre » la plus badass de tous les temps !!!
Elle était drôlement en avance pour quelqu'un qui est née en l'an 814 la petite Jeanne !!! Mulan à côté passe pour une amatrice ;)

Plus sérieusement, d'une plume joliment maîtrisée, Donna Cross brosse le portrait d'une femme toujours debout, pure dans son désir inné de liberté, prête à tous les sacrifices pour n'appartenir à personne mais surtout pour prendre son droit de s'instruire et être l'égale des hommes !

Du répit ?? Que nenni ! Aucun, ni pour les personnages ni pour nous !

Donna Cross a cette habileté de marier les faits historiques et la fiction dans une romance aux faux airs de classicisme mais parfaitement bien construite, tissant la mélopée d'une fabuleuse émancipation féminine.

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Donna Cross rend hommage à la papesse Jeanne, la seule femme jamais élue papesse (sous le travestissement toutefois d'un homme), mais (volontairement) oubliée à ce titre, elle dont le règne spirituel ne dura que deux ans, de 853 à 855.

Née Jeanne à Ingelheim, en territoire franc, d'un père chanoine et d'une mère saxonne, la vie de la petite fille ne fut pas placée de suite sous le signe de l'étude, malgré une prodigieuse intelligence. En effet, les filles, à cette époque où le raisonnement logique pouvait facilement être taxé d'hérésie, étaient considérées comme des êtres à l'intelligence limitée, et qu'il ne fallait cultiver sous aucun prétexte. Et le père, malgré son titre de chanoine, était un homme brutal aux idées étroites. Grâce à la ruse de Jeanne, il lui fut accordé d'avoir des leçons, et ce fut le début d'une ascension fulgurante qui la mènera jusqu'à la papauté, à la condition toutefois de se travestir en homme. Mais ce chemin spirituel ne fut pas sans embûches, ne serait-ce que parce que Jeanne fut rappelée toute sa vie à sa condition humaine par l'amour qu'elle portait à Gerold, un comte qui l'avait prise sous son aile à sa première arrivée à Rome, lorsqu'elle avait treize ans, et qui la soutint toute sa vie, avec une certaine élégance et abnégation.

« L'indomptée, le roman de la papesse Jeanne » est un ouvrage historique de facture classique, une biographie romancée d'une figure oubliée de la chrétienté plutôt plaisante à lire. J'ai aimé cheminer aux côtés de Jeanne, cette femme hors du commun, qui remettait tout dogme en cause, toute théorie surnaturelle quand une explication naturelle prévalait, la faisant avoir du mal à se soumettre à l'autorité quand elle ne la respectait pas, mais qui a su contourner tout obstacle avec une facilité déconcertante. Peut-être est-ce d'ailleurs une faiblesse dans la construction des nombreux événements qui jalonnent l'histoire de Jeanne qui ne m'a pas fait accrocher tant que ça à ce roman : on la force à se marier ? Les Normands sont venus envahir la contrée au même moment ; Jeanne revoit son père, qui menace de la dénoncer ? Il meurt d'une crise cardiaque sur le champ. Et ce ne sont que deux exemples de cette facilité, ou hasard bienheureux (ou de la volonté de Dieu, qui sait).
L'histoire d'amour avec Gerold confine aussi à la romance, avec quelques aspects un peu mièvres qui font quelque peu tache dans un roman historique (qu'il est beau cet homme, ne cessera de se répéter Jeanne).

Malgré ces défauts, j'ai trouvé certains aspects du roman intéressants : cette critique d'un monde patriarcal où les femmes n'avaient aucune place à part l'entretien du foyer et des enfants, et à qui on refusait toute considération, ce qui obligea Jeanne à abandonner son aspect féminin ; mais également une critique de la perception des valeurs religieuses, très rigoriste, qui ne laissait aucune place à la pensée par soi-même, la nouveauté (pourquoi faire du neuf quand on pouvait suivre la tradition ?), par une répression terroriste au sens premier du terme, certaines idées étant particulièrement dangereuses. La papauté prend également très cher, l'autrice décrivant un véritable panier de crabes, où les valeurs chrétiennes importaient bien peu face au pouvoir, puisque le plus souvent, les prélats étaient à leur place par le jeu des alliances politiciennes et l'héritage familial.

Donna Cross a su, malgré l'absence de sources précises et nombreuses, dépeindre une femme courageuse, qui est allée au bout de ses idées sans calcul ni ruse, uniquement à la force de son intellect. Une figure de femme stimulante et inspirante, étonnamment moderne.
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Au départ était une légende. Celle qui veut que le sanctuaire très masculin de la papauté ait été floué. Qu'une femme se fût immiscée dans la liste de succession. Cette intruse que la légende retiendra sous le nom de papesse Jeanne et que ses successeurs s'empresseront d'effacer des élus au trône De Saint-Pierre. Même si c'est à un homme que le peuple de Rome aurait remis la mitre papale, puisque c'est sous le travestissement que Jeanne aurait été élue au trône De Saint-Pierre par la vox populi, l'élection ne se faisant pas à huis clos en ce temps.

Avec cet ouvrage Donna Cross nous ramène au 9ème siècle. En un temps où le christianisme en quête de monopole sur les consciences commence à s'imposer au monde barbare et tente d'y supplanter les divinités païennes qui font encore de la résistance.

Le pari de cet ouvrage était d'inclure une légende, qui sera formellement contredite après un quinzième siècle qui lui fit la part belle, dans des faits historiques avérés dont l'auteure nous prouve qu'elle en a fait une recherche documentaire fouillée, le tout aggloméré avec le liant de la fiction. Heureux amalgame quand ladite fiction ne sombre pas dans la sensiblerie sirupeuse que l'on redoute de la part des auteurs en quête d'audience moderne. Et qui eut été incongrue à une époque de vie pour le moins rude.

Voilà donc à mes yeux un roman historique de très bonne facture. J'aime quand les légendes laissent planer le doute sur la part de vérité de leur fondement. Surtout lorsqu'elles égratignent l'univers de la religion dont on connaît que trop à la fois le caractère péremptoire et misogyne et sa hargne à préserver son monopole sur les consciences.

Roman foncièrement féministe aussi que L'indomptée. D'autant plus crédible qu'il présente la condition de la femme de l'époque sans en faire le procès. C'eut été anachronique d'ailleurs, tant cette dernière était formatée, accoutumée à la relégation et à n'oser en tenir grief à son dominateur. Donna Cross le suggère en citant les écrits de référence tel ceux de Paul qui doit sans aucun doute sa sainteté à ses épitres aussi tranchées que dénuées de légitimité : « Je ne permettrai pas à une femme d'enseigner, pas davantage de dominer un homme ; elle devra rester silencieuse et écouter avec soumission. » Ou encore, pour le plaisir du coq qui fera encore loi de sa force physique : « les femmes sont en dessous des hommes, par leur conception, par leur place et par leur volonté. » Et d'autre encore du même tonneau que nous servent les canonisés de tout bord et que Donna Cross glisse sans acrimonie dans cet ouvrage. Mais ça ce n'est pas de la légende.

Merci Donna Cross pour cet ouvra fort bien écrit, construit et pesé entre légende, faits historiques et fiction. Fiction sur fonds d'histoire d'amour, il va de soi. Il en faut bien de ce sentiment si singulier dans un monde avare de ses bienfaisances.

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J'étais très curieuse d'apprendre, pour commencer, qu'une femme avait été pape, et j'avais hâte de découvrir quelle avait pu être son histoire.

Après une recherche rapide sur Internet, pas moyen de démêler le vrai du faux, impossible de dire si cette papesse Jeanne a réellement existé, et j'ai plutôt trouvé des articles indiquant le contraire... mais la quatrième de couverture indique que son nom fait désormais partie des registres du Vatican, et l'autrice termine son roman sur une explication très plausible de l'effacement en même temps que de la survivance de cet épisode. Je reste donc dans le doute mais après un petit temps de déceptino, j'ai choisi de laisser cette question de côté et de me concentrer sur l'oeuvre.

Au final, je trouve que cette oeuvre de Donna Cross est une très belle histoire de femme. Elle a imaginé quels auraient pu être les conditions de vie, les traits de caractère, les rencontres, les épreuves, les idées, de cette femme, pour qu'elle finisse par devenir pape - et ce depuis sa naissance, j'ai été un peu surprise au départ, je pensais que le roman se concentrerait sur le temps de son pontificat, qui finalement est réservé aux dernières dizaines de pages.
Pour moi, le récit est très bien construit et file à toute allure malgré sa taille relativement conséquente. le cadre historique est peint de manière habile, toujours pour servir l'intrigue. le statut de la femme est bien entendu au centre de ce récit, et certains passages, certaines remarques, sont à se faire dresser les cheveux sur la tête et à hurler... Même chose pour la religion et le clergé, qui naviguent pour beaucoup entre ignorance, aveuglement, soif de pouvoir, avarice et corruption.
Jeanne, elle, fait figure de progressiste et même de révolutionnaire, par son avidité de savoir, par son intelligence qu'elle sait mettre au profit de toutes les bonnes causes et face à tous les obstacles, par l'amour de son prochain et l'égalité fondamentale qu'elle voit entre les hommes. Personnage trop parfait sans doute, comme beaucoup de héros de roman. Elle est cependant en proie au doute très souvent et peut-être que ce point aurait pu être davantage creusé.

Pour ma part, j'ai passé un moment très agréable de lecture, plongée dans l'atmosphère médiévale des cercles de savoir, de pouvoir, de religion, de médecine et dans les affres de la condition féminine.
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En 814, peu après la mort de Charlemagne, Jeanne nait à Ingelheim sur le Rhin. Elle est la fille d'un prêtre d'origine saxonne qui dirige sa famille d'une main de fer. Dès son enfance Jeanne se révèle très curieuse et très éloquente. Elle convainc Matthias, son frère aîné, de lui apprendre à lire et à écrire. Après la mort subite de Matthias, son père veut envoyer Jean, son deuxième fils, à Dorstadt à l'école de la cathédrale, mais, Jeanne se montre intellectuellement beaucoup plus douée que son frère. Contre la volonté de son père, Esculape, lettré d'origine grecque, donne des cours à la jeune fille et lui fait découvrir des oeuvres littéraires autres que religieuses comme l'Odyssée ou les philosophes classiques. Lorsqu'arrive un envoyé de l'évêque pour amener Jeanne à l'école de la cathédrale, son père prétend qu'il y a eu une erreur et y fait aller Jean à sa place. Pendant la nuit Jeanne s'enfuit de chez elle et rejoint son frère, dont entretemps le compagnon a été assassiné. À Dorstadt, Jeanne impressionne l'évêque par l'étendue de ses connaissances. le prélat fait en sorte que le frère et la soeur soient acceptés dans sa classe par le moine Odon, bien que ce dernier soit très hostile envers la fille. Celle-ci reçoit le soutien du comte Gerold, qui l'emmène chez lui et tombe amoureux d'elle. Quelque temps plus tard, le comte doit partir en guerre aux côtés de l'empereur Lothaire Ier. Son épouse Richilde en profite pour tenter de se débarrasser de sa rivale en la mariant. Au moment précis de la cérémonie, les Normands envahissent la ville et font un immense carnage au cours duquel sont tués Jean ainsi que la femme de Gerold et leurs enfants. Johanna ne survit que parce qu'on l'a crue morte…
Ainsi débute « L'indomptée », roman historique à l'américaine dans la lignée de célèbres ouvrages d'un certain Dan Brown. le lecteur friand de vérité historique en sera une fois encore pour ses frais, car dans cette oeuvrette, c'est le roman qui se taille la part belle avec cette histoire rocambolesque pleine de violence (le carnage de Dorstadt par les Normands puis la prise de Rome par les Sarrasins, les deux moments forts sont à déconseiller aux âmes sensibles !), d'intrigues, de turpitudes en tous genres, d'obscurantisme (tout phénomène naturel, toute maladie, tout incident climatique est incriminé au divin) et l'historique qui n'a que la portion congrue. Si vous voulez apprendre quelque chose de sérieux sur ce personnage légendaire, passez votre chemin ! En quatrième de couverture, l'éditeur précise que « L'indomptée » aurait demandé sept années de recherches et d'écriture à Donna Cross. Cela ne se remarque que dans le contexte, les décors et l'ambiance mais malheureusement pas pour les deux années de règne de cette incroyable et improbable papesse ! À classer dans le romanesque et presque dans la romance plutôt que dans l'Histoire sérieuse.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le cœur était décidément un organe particulier. On pouvait survivre des années à la perte d’un être cher, s’y habituer, se réconcilier avec la vie, et cependant, sans crier gare, dans un moment de faiblesse, le chagrin pouvait resurgir d’un seul coup, aussi douloureux qu’une plaie à vif.
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Et pourquoi, finit-elle par répliquer, la femme serait-elle inférieure par sa conception ? Elle fût peut-être créée en second, mais à partir de la côte d’Adam, alors que celui-ci était constitué de simple terre glaise.
[…]
Quant à sa place, reprit-elle, la femme devrait être préférée à l’homme, car Ève fut créée à l’intérieur du paradis, tandis qu’Adam naquit hors de ses limites.
[…]
Et en matière de volonté la femme devrait être jugée supérieure à l’homme, car si Ève croqua la pomme par amour de la connaissance et du savoir, Adam l’imita uniquement parce qu’elle lui avait demandé de le faire.
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-Les saxons ? Une tribu sans dieu !
[…]
- La plupart d’entre-eux sont aujourd’hui chrétiens - si tant est qu’on puisse l’être vraiment quand la foi vous a été imposée par le feu et au fil de l’épée.
[…]
- Tu n’approuves pas la vocation de l’Église à convertir les païens ?
- Quelle valeur peut avoir une confession de foi obtenue par la force ? Sous la torture un être humain est capable d’abjurer tout ce qu’on voudra pour se délivrer de la douleur.
- Et pourtant c’est Notre Seigneur lui-même qui nous a enjoints de répandre la parole de Dieu. « Allez porter la bonne parole à toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. ».
-C’est exact mais…[…] Je crois qu’il convient de considérer l’ordre dans lequel le Christ a édicté ses commandements. Il s’agit tout d’abord d’apporter la bonne parole aux nations, et ensuite seulement de leur offrir le baptême. Nous ne sommes pas tenus d’imposer ce saint sacrement avant que les esprits n’aient embrassé la foi par le biais d’une compréhension rationnelle. Enseignez d’abord, a dit le Christ, et baptisez ensuite.
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Figée dans sa robe nuptiale, osant à peine marcher ou s’asseoir, Gisla n’était pas sans rappeler à Jeanne quelque oiseau exotique tué à la chasse, farci, troussé et prêt à subir la découpe.
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Elle ne saisissait pas pourquoi les jouvencelles de son âge étaient tellement avides de se marier, dans la mesure où ce sacrement condamnait toute femme à un état de servitude.
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