"Le Prince et ses Bouffons", roman de Micheline Cumant.
David est professeur de piano. Il a la vie de tout le monde, les soucis de tout un chacun, avec un petit plus : la musique.
Un jour, il rencontre un Prince qui lui fait entrevoir une autre dimension de son art, de sa vie et même de lui-même. Il a enfin le droit de rêver…
Il fait connaissance de toute une galerie de personnages qui vivent et pensent autrement, gardant soigneusement au-dehors les contingences sociales et les bouleversements politiques, ou alors les traitant avec humour. Au centre de ce cénacle, il y a le Prince russe, étalant sa foi, sa richesse, son amour pour l'art et distribuant son amitié comme ses chèques à qui montre qu'il a quelque chose en lui ...
Mais peut-on jouer du Liszt, a-t-on le droit de montrer sa foi en l’art entre deux courriers administratifs et au milieu de circonstances dramatiques ?
Et l’amitié peut-elle rester intacte malgré tout …
"Vodinieff était un Pygmalion universel, voulait-il que David devînt sa chose, son chef-d'oeuvre ? Bon, jusqu'à présent, se disait le jeune homme, j'ai joué les musiques qu'il a voulu, il m'a payé un smoking et un piano, il veut se façonner un pianiste comme un entraîneur sportif mène un athlète aux Jeux Olympiques. (...) J'adore être avec lui, et avec tous ces gens qui causent de tout, sauf des grèves de transport ou des résultats de foot, ou alors sur un mode comique. A la limite, il n'y aurait pas dû y avoir d'histoire d'argent entre nous, c'est bête ...j'aurais dû hériter d'un oncle d'Amérique ou gagner au Loto, nous aurions devisé sur un pied d'égalité, en amoureux de l'art. Mais zut ! Entre la banque, les huissiers et le percepteur, Liszt n'a plus qu'à prendre un ticket et se mettre dans la file d'attente..."