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Christopher Paul Curtis (Autre)Frédérique Pressmann (Traducteur)
EAN : 9782211305105
240 pages
L'Ecole des loisirs (10/02/2021)
4.09/5   17 notes
Résumé :
Charlie, 12 ans, n'a pas de chance : son père métayer vient de mourir et Captain Buck – l'homme le plus redoutable de Possum Moan, Caroline du Sud – est venu collecter sa dette. Craignant pour sa vie, Charlie conclut un accord avec lui et accepte de retrouver des gens accusés d'avoir volé le Captain et son patron. Ce n'est pas une si mauvaise affaire pour Charlie… jusqu'à ce qu'il se retrouve confronté aux fugitifs et découvre leur véritable identité. Déchiré entre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Incontournable Mois d'Avril 2021


Finaliste pour le National Book Award for Young People's Literature.


Roman de 2021en version française, Curtis nous invite à plonger dans l'histoire des États-Unis, dans un pan sombre qui concerne la ségrégation raciale américaine. Je vous préviens donc, tout comme l'auteur dans son avant-propos, que des termes tels que "Nègres" ou "Sauvages" apparaissent dans le récit, puisque c'était les termes à l'époque. Pour placer le roman dans son contexte, nous sommes en 1858, en Caroline du Sud, un état sudiste qui viens de perdre la guerre de sécession qui a divisé le pays en deux. Une Loi américaine permettait à des "chasseurs d'esclaves" d'aller "récupérer" les esclaves qui se sont enfuis dans les États du Nord.


Charlie Bobo a peut-être douze ans, il a la carrure et la taille d'un adulte. Fils de métayer, il est illettré et ne connait rien d'autre que le travail de la terre, tout comme son père, Grand Charlie. On ne le surnomme ( non sans une certaine ironie) "Little Charlie". Quand son père connait une mort aussi incroyable que stupide, un homme vient trouver Charlie et sa mère pour une reconnaissance de dettes. Charlie est contraint de devoir travailler pour cet homme, Captain Buck, un chasseur d'esclaves, qui doit aller récupérer une famille d'esclaves qui ont fuis les terres de Mr Tanner, il y a presque dix ans. Commence alors une longue route en compagnie d'un homme qui a perdu toute humanité et qui sent par ailleurs très mauvais. Mais les rencontres qu'il fait et les horreurs qu'il voit pourraient bien venir à bout de la mentalité sudiste qui gangrène son esprit.


C'est un pan d'histoire qui n'est pas simple à traiter, surtout ces temps-ci, avec la polémique sur les mots controversés. Néanmoins, je pense que le roman traite du sujet avec respect, sans tomber dans le sadisme inutile, avec une profondeur touchante et avec une réelle intention informatrice.


Nous suivons Charlie, qui n'a pas d'éducation scolaire et qui vit dans un coin de pays pour qui les gens de couleur sont considérés comme des possessions, voir des animaux. Il va être confronté à une réalité fort différente quand il traverse la frontière Canadienne, un pays qui condamne l'esclavagisme ( à ce moment-là). En raison de la Loi permettant aux chasseurs d'aller récupérer les "biens volés" ( les esclaves en eux-même), bon nombre vont donc fuir en sol Canadien via la frontière Ontarienne. Là-bas, les Noirs peuvent étudier, porter de vrais vêtements et sont libres. Une sacrée différence pour le jeune sudiste, qui en est même presque jaloux, lui qui a connu la pauvreté et qui n'a aucune scolarité.


Mais Charlie a bon fond et ce voyage sera l'occasion de revoir ses a priori. Nous suivons sa lente évolution et du fait même, nous voyons les différentes mentalités de l'époque selon les lieux.


C'est d'ailleurs très amusant pour la québecoise que je suis de voir comment les "Américains" semblaient se croire le centre du monde. Pour eux "l'Amérique", c'est eux ( visiblement, le Canada et les pays du Sud, nous ne sommes que "les autres pays"). Il y a d'ailleurs des différences assez notables entre les Canadiens-ontariens et les personnages États-uniens. N'oubliez pas que les sudistes avaient une mentalité très "cowboy" et raciste, alors que les Ontariens sont à l'origine des Loyaliste britanniques. Déjà, ça fait une bonne différence sur la manière de faire et de penser. je précise aussi que si l'esclavagisme canadien à bel et bien exister partout au pays, le Canada a plus rapidement aboli cette pratique. le Nord États-unien a suivit et bien plus tard, le sud du pays aussi. Toutefois, les tensions raciales existent toujours, des deux côtés de la frontière.


Il faut également que vous parle de la particularité linguistique du roman. Nous sommes en 1858, dans la tête d'un ado non-scolarisé du Sud État-Unien: c'est donc avec un français très familier et très tailladé que nous lisons, qui se veut le reflet d'un anglais américain sudiste. Des "ousque"( Où est-ce que), des "zactement" ( exactement), des "il a" qui deviennent des "l'a" et des tas de mots coupés vous attendent. Ça peut sembler impressionnant à priori, mais le cerveau s'habitue. Et d'un strict point de vue historique, c'est vraiment plus crédible. Seuls les Canadiens semblent parler "normalement", plus éduqués et avec un accent moins prononcé.


On vous parlera de traitements inhumains ( "passer un chat" en est un, le fouet en est un autre) et bon nombre de personnages déshumanisent et ont de terribles préjugés raciaux. Deux personnages seront fouettés ( un coup ou deux) avant leur capture. La réalité est dépeinte crument. Néanmoins, aucunes scènes d'une violence particulièrement insoutenable n'occupent le récit. Il ne faut pas oublier que le roman est conçu pour un lectorat adolescent ( 13 ans et plus). La plus grande violence est à mon sens verbale et sociale , pour ce roman.


Au final, je pense que ce roman est bien monté, très pertinent, car il faut instruire la jeunesse aux erreurs commises dans le passé et pouvoir constater le chemin parcouru pour mieux le poursuivre. Charlie est un personnage attachant, qui doute tout du long et qui aura le courage d'aller au-delà de ce qu'on lui a inculquer comme considérations humaines. Un roman historique qui m'en aura apprit et que je recommande.
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: Les débuts du récit sont captivants dans son contexte d'enquête et touchant parce que l'accusé présumé n'a que 12 ans et qu'il y a eu un accident mortel-pas encore un crime avéré- mais comme le seul témoin de l'incident s'exprime mal, décrit les faits avec difficulté, il devient un accusé possible, selon l'humeur et l'impatience des propriétaires blancs.
Après un avant-propos fort et poignant de l'auteur Christopher Paul Curtis, sur la condition des esclaves dans son contexte historique choisi, nous pouvions nous fourvoyer sur le personnage, croire que Little Charlie était fils d'esclave.
Il n'en est rien et d'ailleurs certains indices pouvaient déja l'indiquer: l'extrême bienveillance du sherif avec Little Charlie, aucune chance que cela puisse arriver à un enfant noir; le langage familier cutéreux du jeune garçon préservé pour sa caractérisation, Charlie JR ne sert jamais du "Missié" par ci ou du "Maître" par là.
Non, le petit Charlie est blanc mais par contre issu d'une famille de fauchés et un peu ignorants.
Avec sa grande taille pour ses 12 ans, Charlie JR passe un peu pour un phénomène de foire si l'on peut dire, il n'aura rien de gracieux.

Pour en revenir à l'affaire.
Une mort, c'est ennuyeux sur ses terres, c'est aussi un personnel de quelqu'un en moins, une charge de travail quotidienne de perdue.
Mais qui était le mort?
Simplement le père du Petit Charlie( le témoin), le vieux Charlie.
Cette histoire est terrible pour la famille du Petit Charlie qui n'arrive pas à s'en consoler, à le soutenir.
Ils étaient partis père-fils chercher du bois, loin, trop loin, avons-nous envie de penser.
La tâche à mal tourné selon les explications trop passionnées, trop imagées du Petit Charlie qui n'est jamais allé à l'école et puis il a ramené le corps sur le cheval de son père, tout seul, comme un adulte.
Trop de questions pour le shérif, soumis aux pressions.
Pourquoi aller si loin?
Comment Petit Charlie a t-il pu soulever son père pour le ramener?
L'intrigue s'engage efficacement avant une possible fuite du garçon car dans ce coin du Sud quand on ne croit pas les enfants noirs, on ne leur donne pas la fessée, on leur réserve un arbre pour les pendre comme un adulte de plantation.
Charlie est blanc mais il ne semble pas croire qu'il vaille plus qu'un esclave.
Petit Charlie, sauf pour feu son père, n'était plus traité comme un enfant.
À 12 ans, sur une plantation, si l'on a pas de fortune, on est déja grand, on travaille dans les champs et on reçoit des trempes comme les autres. Ce n'est pas sa mère qui contredirait.

Nous nous montrerons des lecteurs un peu cruel, hélas, et aurons hâte de suivre le Petit Charlie sur sa longue route.
Il ne se sauvera peut être pas mais ce qui est certain, c'est qu'il partira.
Nous vous laisserons vérifier.
Vers où, vers quoi?
Que sait faire Petit Charlie de ses dix doigts?
Sur son sentier, Charlie JR va croiser le diable, " Captain Buck", le pire de tous.
Il avait des affaires non finies avec son père et viendra réclamer son dû.
Le jeune garçon va se trouver embarquer dans une mission pour payer la dette.
Ce que l'on pourra nier, c'est que le Petit Charlie, son père l'aura bien élever, ce n'est pas le double d'un nigaud, il sera même très courageux pour un enfant de 12 ans.

On ne lâche pas le livre dès lors que l'on plonge le nez dedans, parce que l'auteur saura nous proposer des personnages intéressants et des angles pour son aventure qui attiseront une flamme dans notre intérêt nouveau pour ces pauvres gens blancs sudistes.
On aime que ce soit l'enfant qui raconte et qui nous montre les choses selon son point de vue certe limité mais plein de bon instinct.
C'est un chouette parcours initiatique de pré-ado dans l'enfer du Sud de l'Amérique du XIXème siècle.
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Un roman qui vient tout juste de paraître en librairie et dont l'intrigue est captivante : quelques temps avant la guerre de Sécession, nous suivons Little Charlie, paysan blanc sans éducation du Sud des Etats-Unis, qui se trouve enrôlé de force pour suivre un chasseur d'esclaves. le Captain Buck, homme vile et crasseux, veut à tout prix récupérer deux « nègres » qui se sont enfuis vers le Nord et le Canada où l'esclavage est aboli. J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui n'a pas peur des mots, qui ose raconter les atrocités qui ont pu être commises sans filtre, qui dépeint avec justesse les affres de l'ignorance. J'ai aimé que le roman ne soit pas complètement manichéen car même l'affreux Captain Buck semble cacher un passé rempli de souffrances. La candeur, la naïveté, le manque d'éducation mais aussi le courage et la bienveillance de Little Charlie en font un héros atypique et complexe, apportant un réel attrait et de la subtilité au récit. L'écriture peut sembler un peu laborieuse parfois car l'auteur a voulu retranscrire l'accent de Caroline du Sud, mais je m'y suis rapidement habituée. C'est un roman très judicieux, un voyage initiatique tout à fait singulier, que je recommande à partir de 14 ans car l'histoire est implacable. Peut-être une très belle entrée en matière avant de découvrir les écrits de James Baldwin, de Toni Morrison ou de Colson Whitehead !
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La vie de Charlie Bobo, 12 ans, fils de métayers de Caroline du Sud, est subitement bouleversée lorsque son père vient à mourir. Inattendue, sa mort ne laisse pourtant pas le temps à sa famille de faire son deuil : très vite, le Captain Buck vient réclamer le remboursement de la dette qu'il a accordé au père de Little Charlie. du jour au lendemain, Little Charlie part sur les routes avec le Captain Buck, à la recherche de deux esclaves qui se sont enfuis il y a des années de cela partis refaire leurs vies à la frontière canadienne.
Tout au long de ce périple, le jeune Charlie, manquant d'éducation et totalement candide, va grandir, émanciper son esprit des jugements des gens du Sud, et faire plus que rembourser une dette : construire sa dignité.
Lien : https://www.blogger.com/blog..
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critiques presse (1)
Ricochet
15 avril 2021
Le narrateur suivra son instinct de droiture, guidé par la liberté de chacun et de tous. Bien écrit et traduit, ce roman historique va plus loin que les autres.
Lire la critique sur le site : Ricochet

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