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Citations sur Rétiaire(s) (26)

Aussi doux soit-il, Saphir reste un rottweiler mâle très costaud et impressionne les gens qu'il doit impressionner. Depuis le début de ce rituel hebdomadaire, fin octobre, quand Mo a été transféré à la Santé, personne ne s'est permis d'aborder Lola dans la rue. Le couvre-feu n'est pas non plus étranger à l'affaire. Elle croise peu de monde aux heures où elle se balade, celle où les honnêtes gens dorment chez eux, imités depuis peu par les autres, plus malhonnêtes mais castrés par la trouille de la pandémie. Ses rares copains de trottoir sont surtout des proprios de clébards. Des vrais, pas comme elle qui joue la comédie une fois par semaine afin de profiter du régime de sortie aménagé pour les amis des bêtes.
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Et puis il y a eu Noël, le Nouvel An. Sans oublier le flingage de Nourredine H., au tribunal, et l’ouragan de merde politique et médiatique qui s’en est suivi. Après ça, plus personne n’avait envie de faire de cadeau à Théo.
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Tordu. 

S’il ne l’était pas au départ, au contact de sa clientèle et de la merde qu’elle génère non-stop, il a fini par le devenir. Le pire, dedans et dehors, a été la plus grande constance de sa vie de policier, le sale, le médiocre, le veule. Ce pire dont la violence n’est, finalement, que la partie la plus visible. Le pas simple, une usure en vérité, se niche là et arrive de tous les côtés, tout le temps, insidieuse.
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Pas de fenêtre, plus de ciel, déjà le jour n’est plus qu’artifice électrique. La vie s’éloigne.
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Du dehors, du tangible, du concret, même désert,même risqué, tout vaut mieux que la totalitaire virtualité cadenassée dans laquelle la COVID semble avoir précipité le monde resosocialisé.
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Colombiens, Péruviens et Boliviens ne sont pas idiots. Puisque les Mexicains sont des associés pénibles, que le marché US sature- en plus, la justice n'y est pas gentille - que les Européens sont demandeurs et payent mieux, et que l'Afrique reste une passoire où la corruption est une politesse, c'est là qu'ils sont venus développer de nouvelles routes commerciales pour leur poudre magique. En deux décennies, les quantités en transit sont ainsi passées de quelques centaines de kilos à quelques tonnes, à quelques dizaines de tonnes voire, sur l'ensemble du continent, à quelques centaines de tonnes. On sait ce qu'on chope, mais ce qu'on loupe, on en a seulement une vague idée.
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« Elle l’aimait vraiment, son Nourredine. » Alors pas question pour elle de débarquer dans l’une de ses tenues bling habituelles, même si Amélie n’a aucun doute sur le fait que la plupart des types présents l’ont déjà vue danser dans l’un des bars à chicha slash strip clubs que Nourredine gérait encore pour le compte des Cerda jusqu’à son arrestation.
Sirine Bouhafs, vingt-cinq ans aujourd’hui, a croisé la route de Nourredine Hadjaj quand elle en avait dix-neuf. Il était beau gosse, il avait des thunes, une réputation de mauvais garçon et il savait y faire. Et elle, pas plus bête qu’une autre mais pas plus intelligente non plus, ayant compris assez tôt qu’elle pouvait avoir tous les mecs qu’elle voulait à ses pieds et pas mal des avantages matériels qui en découlent – ce qui, finalement, comptait pour elle plus que tout le reste, que ne ferait-on pas pour de la marque ? – a vite lâché ses études, un quelconque BTS d’esclave commercial, pour se mettre à la colle avec lui.
Et lui rester fidèle.
Enfin, autant qu’on peut l’être quand votre mec vous parade comme un trophée devant tous ses potes, vous met le nez dans la poudre, vous colle à une barre de pole dance dans des sous-sols pourris, vous fait tourner quand ça l’arrange, vous arrange quand ça l’arrange, vous fout des cornes en vous refilant les saloperies d’autres poufiasses, vous entraîne dans ses combines à la con et vous laisse ensuite gérer sa merde pour aller se mettre au vert à la cool.
Nourredine a disparu deux ans au milieu de ces six années idylliques, on pense qu’il s’était fait le mauvais ennemi et avait dû se réfugier au bled. Pendant ce temps-là, Sirine s’est retrouvée livrée à elle-même, sans ressources.
Ou presque.
Manu est tombé amoureux de la jeune femme peu après leur première rencontre. Pour le plus grand malheur du Poisseux, elle était déjà au bras de son pote d’enfance. Et on ne pique pas les meufs de ses potes d’enfance, si ? Quand Nourredine a abandonné Sirine en rase campagne pour aller on ne sait où, le cadet Cerda s’est rapproché d’elle, lui a sorti le grand jeu, sans la brusquer et en la respectant. Autant qu’il en était capable ; il lui est aussi arrivé de la corriger certains soirs de grande frustration. Leur entourage, pas forcément bienveillant, a prétendu qu’elle en avait tout de même bien profité, puisqu’elle le tenait par les couilles et en faisait ce qu’elle voulait à l’époque.
C’est sans doute vrai.
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Le ministère de l’Intérieur a commencé à déménager des pans entiers de son administration à Nanterre au début des années 1990. A l’ombre de la Défense et de son horizon vertical d’acier et de verre, par-delà les cimetières de Puteaux et de Neuilly, il a installé, rue des Trois-Fontanot, perspective minérale au tracé soviétique, quelques-unes des unités centrales et des sous-directions de sa DCPJ. D’abord au 103, puis au 101 et, depuis 2014, au numéro 106, dont le dernier étage est occupé par l’Office anti-stupéfiants.
Le service a fait, sous son ancien nom de baptême, OCRTIS, l’objet de nombreuses citations dans des morceaux de rap à la gloire des dealers et, plus récemment, dans les gros titres des journaux. Cette attention médiatique lui a valu d’être décapité, puis en partie éviscéré, pour faire de la place à un effectif plus vert, mais aussi plus magistrat – un poil – plus douanier – guère mieux – et surtout plus gendarme, avant d’être ripoliné en OFAST début 2020.
Amélie Vasseur était dans le contingent de militaires ayant rejoint le nouvel office. Peu avant ses trente ans, elle a ainsi quitté la section de recherche de Marseille, où elle trimait déjà sur la matière stups, la tête pleine de rêves de promotion, de capitale, de compétence nationale, de moyens et de chasse au gros gibier.
Mais il en va des rêves comme des promesses, ils inspirent et engagent seulement ceux qui veulent y croire.
À son arrivée en décembre 2019, juste avant le changement de sigle, Amélie a découvert des locaux excentrés, vétustes, sous-dimensionnés et peu adaptés aux enjeux de la lutte anti-drogue, hantés par des fonctionnaires au moral plombé. Dans les couloirs gris aux faux plafonds techniques qui pèsent sur les épaules, on entendait alors fréquemment les vieux de la vieille soupirer et répéter ad nauseam que c’était mieux avant. Un an plus tard, c’est toujours la même rengaine. Même si beaucoup d’anciens ont déjà pris le large.
Ou sont sur le point de le faire.
Le commandant Marc Pison, dont Amélie a été l’adjointe depuis son affectation au service, fait partie de ceux-là. Il quitte la police nationale et file vers le Sud pour une sinécure, du moins l’espère-t-il, de chef de municipale dans une ville moyenne. Pas le mauvais mec, Marc, folklorique comme les flicards à veste en cuir peuvent l’être souvent, mais honnête, viscéralement. Racorni par le job, surtout les dernières années, minées par le sentiment d’avoir déjà perdu la guerre ; où l’hypocrisie d’en haut l’a disputé à celle d’en bas, entre une hiérarchie prompte à condamner des méthodes dont elle appréciait pourtant jusque-là tant les exécutants que leurs résultats, flatteurs pour les caméras, et des collègues à la solidarité de façade, toujours à l’affût des restes de ceux que la disgrâce a frappés. Sans parler des magistrats, les meilleurs ennemis de Marc. « Ils sont comme nos clients, les juges, aime-t-il répéter, des ingénus piégés par les méchants condés. » Et d’ajouter toujours, monomaniaque, que si la justice consacrait moins de temps à faire chier les poulets et s’occupait de punir vraiment les trafiquants et leurs clients, financiers et donc complices de fait du bizness de la drogue, les choses se passeraient autrement.
Amélie l’aime bien, Marc, malgré ses obsessions et ses travers, et c’est un sentiment réciproque. Il a mouillé la chemise pour que la place libérée par son départ revienne à la jeune femme. Ma dernière belle affaire, le dossier Vasseur. Une promotion naturelle, méritée – un dû, même, vu le profil d’Amélie – et dans l’air du temps. Mais meuf et gendarme, à la tête de l’un des six groupes d’enquête de la BNAS, la Brigade nationale anti-stupéfiants, les limiers de la division judiciaire de l’OFAST, cette idée ne plaisait en réalité qu’à lui.
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« HADJAJ ! »
Ce cri, il tétanise. Dans le décor souterrain corseté de béton où la scène se joue, tous se figent. Malgré les moteurs, les claquements de portes, les conversations, les ordres aboyés et la réverbération chthonienne du tintamarre matinal, chacun est pris aux tripes par la puissance du hurlement.
Par sa haine.
C’est un homme de grande taille, large d’épaules, qui a tonné de la voix. Il a un visage carré aux saillies émoussées et sa petite quarantaine a, depuis longtemps déjà, des allures de cinquantaine ; les dernières semaines n’ont fait qu’ajouter à cette usure prématurée. L’instant d’avant le cri, personne ne faisait attention à lui. À part un collègue surpris de le trouver dans les sous-sols du 36, rue du Bastion – le nouveau 36 -, appuyé contre un mur, clope au bec, l’oeil attentif au ballet des fourgons. Le collègue s’est approché. Théo ? Déjà rentré ? Un sourire déformait son masque chirurgical et son bras amorçait un ridicule salut du coude, façon geste barrière.
Théo ne lui a pas répondu. Il a juste écrasé sa cigarette et dépassé son interlocuteur en lâchant un Va chercher mon taulier. Ensuite, le regard droit devant, Théo a rugi.
« HADJAJ ! »
Fonctionnaires de la pénitentiaire, policiers, gendarmes, prévenus, détenus, tous donc se sont figés. Certains se sont retournés. Le fameux Hadjaj était de ceux-là. Et lui, comme les autres, a mis quelques secondes à comprendre. Quelques secondes. Assez pour reconnaître le fils de pute qui l’a serré. Trop pour faire quoi que ce soit. Quelques secondes pour quelques pas. Pour que Théo puisse dégainer son Glock, tendre le bras, viser. La gueule.
« HADJAJ ! »
De peu, le cri précède le tir. À bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Noureddine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s’effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, file vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon.
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Donc, en compagnie de son meilleur pote, également très préoccupé par les questions de pudeur féminine, d'honneur familial et de marquage de territoire, Adama a jeté le fils de pute dans le coffre d'une bagnole et est allé lui expliquer les bonnes manières dans un coin tranquille. À coups de marteau. Pendant que son copain empêchait le gars de bouger, un accident est vite arrivé, Adama lui bricolait la tronche.

Au final, l'amoureux éconduit n’en est même pas mort. Certes, sans ses roulettes, il ne peut pas aller bien loin, et puis il pîsse et chie dans une poche en plastoc, mange avec une paille et a l'air un peu golmon, avec sa tête toujours penchée et son sourire édenté et baveux, figé de traviole, mais bon, il a survécu cet enculé, merde.

Est-ce que ça justifiait qu'on enferme Adama ? Petit Camerounais dont la vie n’a jamais été facile ? Arrivé en France à trois ans, élevé seul par sa mère et une sœur à peine plus vieille de deux printemps, emmuré dans une HLM, livré à lui-même passé une certaine heure, l’Educ’ Nat’ refusant de faire garderie, et donc exposé aux tentations durant toute son adolescence ?

Non, certainement pas.

Une fois derrière les barreaux, Adama de la Banane n’a cependant pas perdu son temps, il a découvert des trucs.
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