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3,7

sur 254 notes
Flics vs Voyous. La Loi vs trafic de drogue. On connaît l'affiche mais DOA réveille ces images bien connues afin de proposer au lecteur une expérience de lecture à l'intensité surpuissante hors des sentiers gentiment balisés. Et le dynamitage commence dès la scène inaugurale. Elle te colle à la rétine des images chocs qui te viennent durant toute la lecture. Un cri plein de haine retenti dans les sous-sol du 36 :

« Hadjaj ! »
De peu, le cri précède le tir. A bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Nourredine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s'effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, fils vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon. »

Théo, le flic ripoux survit à sa tentative de suicide. Pas le lieutenant des Cerda, clan yéniche qui règne sur le trafic de drogue, Est parisien. Un assassinat qui créée le chaos mais va peut-être permettre de rebattre les cartes. Aussi bien côté flics – exsangues car dépassées par la créativité criminelle de leurs adversaires retors – qui y voit une opportunité pour remettre de l'ordre, que côté voyous où s'est ouverte une crise de succession depuis la mort de deux parrains Cerda.

A partir de cette situation posée cash d'emblée, DOA a construit un scénario d'une complexité vertigineuse en mode billard à dix bandes qui met dans la partie un nombre impressionnant de personnages dont les interactions millimétrées - alliances ou mésententes, parfois très inattendues - prennent totalement sens une fois le texte achevé. Il faut un peu de temps pour s'installer complètement dans le récit et maitriser la trentaine de personnages principaux recensés dans le glossaire ( qui m'a beaucoup servi ).

La violence se déploie dans toute sa brutalité crue, menaces ou passages à l'acte ( incroyable épisode à La Courneuve ). La tension liée à l'attente de sa survenue est renforcée par l'effet de réel. Contexte COVID qui contraint et perturbe les activités illégales. Mondialisation d'un narcobanditisme en pleine expansion, structuré, professionnalisé pour corrompre de nombreux secteurs d'activité. C'est évident que l'auteur a fait un travail monstrueux de documentation pour parvenir à autant de détails, mais là où un didactisme clignotant aurait pu alourdir le récit, l'élégance de la conduite de la narration de DOA le fait totalement oublier.

La rigueur du vérisme qui innerve ce roman rend le récit très immersif. D'autant que les personnages sont tous furieusement incarnés, tous passionnants ( j'ai particulièrement apprécié celui de Théo le flic guerrier, charismatique et solitaire qui n'a plus rien à perdre, et celui de Lola Cerda, la badass prête à prendre la relève sans en demander l'autorisation ) et animés par des émotions fortes.

Trahisons, jalousies, rivalités, vengeances, amours, désir, désillusions, l'auteur a le sens du tragique pour brouiller la coutumière frontière entre Bien et Mal, plus perméable que jamais avec ces rétiaires dans l'arène. Flics et voyous, ces gladiateurs combattent fragiles et exposés, avec de quoi attaquer mais bien peu pour se défendre au final. L'auteur se concentre sur leurs destinées tout en faisant avancer sa sinueuse intrigue tel un pilote de drone survolant le champ de bataille sous tous les angles.

Un roman d'une noirceur absolue, magistralement porté par une écriture nerveuse et syncopée qui travaille la langue jusqu'à la défibrillation. Remarquablement puissant comme tout ce que publie DOA.

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Au fil de ses intrigues, DOA dessine la géographie du traffic des stupéfiants et après l'Afghanistan (série Pukhtu) c'est l'Amérique Latine qu'il explore dans des « interludes » qui expliquent la géopolitique de la Bolivie, de la Colombie et du Pérou et dessinent les itinéraires qui empoisonnent l'Europe via Gibraltar ou Marseille.

La chaine logistique est décrite avec ses métiers (chimistes, transporteurs, gardes du corps), les contrats qui lient les divers « prestataires de services » et notamment les conseillers financiers qui blanchissent les liquidités collectées. L'agilité de ces business-men, leur rapidité d'adaptation, leur permet de s'adapter au confinement COVID et de profiter de l'anonymat offert par les masques. C'est business as usual avec un marketing agressif et une concurrence exacerbée …

Rétiaire s'inscrit dans ce contexte et nous offre une place à l'ombre de la Santé, aux cotés de Théo, un flic accusé d'avoir exécuté Hadjaj … Chez DOA, les bleus sont souvent gris, borderline, et Théo n'est pas le seul dossier de l'IGPN.

De toute éternité la police emploie des indicateurs pour infiltrer la pègre … aujourd'hui les règles du jeu des gendarmes et des voleurs ont évolué et la tribu Cerda pilote ses indicateurs au sein des forces de l'ordre (douane, gendarmerie, police). Autant dire que la prochaine cargaison en provenance d'Amérique Latine est attendue impatiemment par divers concurrents et plusieurs enquêteurs, avec tous les coups bas imaginables.

L'intrigue, que je m'interdis de divulgacher, n'est pas le seul atout de ce roman qui délivre un véritable cours de linguistique contemporaine (étayé d'un glossaire de 4 pages) qui fera gagner beaucoup de temps à nos académiciens pour la prochaine édition du Dictionnaire de l'Académie française : « Le mot schmitt se répand comme une trainée de poudre et, à chaque nouvelle répétition, se trouve prononcé plus fort, scandé, hurlé, avec toujours plus de rage. Walah, on va briser des schmitts. La rumeur enfle, des petits groupes de deux, de trois, de quatre se forment. Oh, baisez-les. Ils avancent vers les fonctionnaires. Allahû Akhbar. Prudents mais provocateurs. Fils de pute. Encouragés par leurs cris. Gros, téma la salope. Et ceux de leurs copains. Niquez-les. Certains sautillent, d'autres dansent. Allahû Akhbar. Des doigts d'honneur se dressent partout. Niquez-les. Les imitations d'animaux fusent. »

Convenons en : belek askip le dico a besoin de munes ;-))

Enfin cette intrigue démontre que la parité hommes-femmes est enfin atteinte, voire cruellement surpassée, et que reums et meufs tiennent leur juste place au sommet de la pègre.

Addictif et brillant, ce page turner est à déconseiller évidemment aux lecteur.e.s rétif.e.s aux tortures et cruautés ; Série Noire oblige !
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DOA est un auteur énigmatique, rare et complètement singulier.
PuKhtu Primo et Secundo publiés en 2015 et 2016 m'avaient fait l'effet d'une monumentale claque littéraire, coté série noire. DOA y décrivait le trajet de l'héroïne et ses enjeux géo-politiques à partir de groupes paramilitaires infiltrés en Afghanistan. Grandiose. Ce livre m'a incroyablement marqué.
Ceci étant dit quid de Rétiaire(s) publié tout récemment ?
Un rétiaire, c'est ce gladiateur au look d'enfer avec son filet et son trident.
Des gladiateurs, chers amis lecteurs, vous allez en croiser quelques-uns...
Quelques précautions sont nécessaires avant de se lancer dans l'ouvrage.
Le style de DOA est très particulier. Certains disent cinématographique. de mon point de vue je le qualifierais plutôt d'autistique. Disons opératoire, très opératoire..
Il faut avoir le livre en format papier pour avoir un accés facile à l'indispensable glossaire qui permet de traduire la foultitude d'acronymes à laquelle vous aurez constamment affaire.
Il vous faudra traduire aussi les différents jargons et argots utilisés par les flics des Stup ( four= lieu de vente de drogue), ceux de la Brigade de répression du banditisme (askip=à ce qui parait), ceux des truands de tous bords ( balek=j'm'en fous, belek=attention, l'indispensable kèner=niquer , l'inévitable teub, le surprenant yep=pied etc...).
Certains dialogues sont parfaitement incompréhensibles mais ce n'est pas si grave, comme si c'était slamé ou franchement rappé ( le fan d'Aya Nakamura s'en sortira facilement ).
Après il y a les différents protagonistes appelés soit par leur nom, leur prénom ou leur surnom. Là aussi le recours à un index proposé par l'auteur est bien pratique: policiers, gendarmes, juges et clans sont dument référencés pour éviter une monstrueuse pagaille.
Muni du catalogue de L'armurerie française et étrangère, vous pourrez enfin vous plonger dans Rétiaire(s) en toute connaissance de cause.
Amateur(trice) de filegoude s'abstenir.
L'histoire commence évidemment par une balle dans la tête à bout portant: Théo Lasbleiz, commandant de police à la PJ, dézingue le nommé Nourredine Hadjaj, porte-flingue du clan Cerda (qui sont des gitans sédentarisés)
Et l'histoire sera passionnante car il s'agit de suivre les nouvelles routes de la cocaïne: la drogue produite au Pérou, en Bolivie et en Colombie passe par la Mauritanie pour être finalement acheminée en Espagne ou... là je vous laisse deviner!
Tout est ultra-documenté, édifiant et absolument...addictif (-:
Les personnages ont une destinée néo-tragique, brutale et solitaire.
C'est donc un livre qui risque de ne pas plaire à tout le monde mais, si on s'accroche un peu, marquera les esprits (en tout cas le mien) même si il met un peu le seum.
Bonne lecture et belek à vous !
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♪ Un peu renard, un peu loup ♪ Il sort le jour ou bien la nuit ♫ Ce qu'on dit de lui il s'en fout ♫ le Gitan, le Gitan, que tu ne connais pas! ♪ (*)

Le dernier roman de DOA aurait pu se nommer comme le film avec Alain Delon : flics ou voyous, avec un petit changement, car c'est "flics contre voyous".

Theo, le policier aux stups, est un ripou. Doublé d'un assassin, même si on aurait tendance à lui pardonner son crime. de l'autre, on a des gitans, des yéniches, trafiquants de drogue, transporteurs de fonds pour d'autres voyous, assassins… Bref, leurs C.V sont bien remplis.

Le dernier roman de DOA est complexe, il ne se lit pas avec le cerveau en vacances, il faut être concentré dans sa lecture, car le scénario est constitué de multiples couches et sous-couches, de personnages (non manichéens), d'actions distinctes et de lieux différents.

C'est vertigineux, addictif, hyper intéressant et d'un réalisme qui fait froid dans le dos. La case prison est à éviter, sauf au Monopoly, car on ne risque rien. À la prison de la Santé, qui porte bien mal son nom, y entrer comme keuf n'est pas conseillé pour la garder, sa santé (ou sa vie).

Au départ, j'ai un peu râlé que l'auteur inclue le/la COVID dans son récit et puis, petit à petit, j'ai compris son utilité, à cette maudite pandémie et à ces foutus confinements. Ils avaient un rôle à jouer, on le comprend après.

Ce roman choral, réaliste, nous plongera dans un bureau de police, dans une prison, dans un camp de manouches, dans un cargo rempli de drogue, dans des trafics en tout genre et dans des morts violentes.

Le récit est sans concession, la plume de DOA aussi. Nette et sans bavures. Ultra documentée, mais sans que cela vienne alourdir le texte.

D'ailleurs, j'ai trouvé que son écriture était très cinématographique, fort descriptive, à tel point que j'ai lu son roman comme si je regardais une série. J'ai aimé l'expérience et l'utilisation de mots argotiques ou en verlan. Mon vocabulaire s'est enrichi !

Pas de manichéisme dans les personnages, qu'ils soient flics ou voyous, ils sont complexes, travaillés. On a des ripoux des deux côtés et des sympas chez les voyous, même s'ils ne sont jamais vraiment des gens à fréquenter, malgré tout, je me suis attachée à l'un d'eux.

Le nouveau roman de DOA est plus noir que mon café, plus corsé, aussi. Comme si nous étions plongés dans une arène où des gladiateurs se livrent des combats à mort, où le public interviendra aussi, comme dans la scène à la Courneuve (putain, sa mère).

Ceci est donc un véritable roman noir, brut de décoffrage et pas un feel good pour se détendre ! Il peut aussi vous rendre addict, dépendant de ce genre de récit ultra-réaliste et super documenté. Ma foi, c'est un risque qui vaut la peine d'être pris…

(*) le gitan : Daniel Guichard

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Difficile pour moi de passer à côté d'un nouveau roman de DOA, auteur que je suis depuis des années maintenant. Un auteur à part s'il en est, autant pour son souhait de ne pas se mettre en scène en tant qu'auteur , que par son écriture écorché vif et son style si particulier quasi cinématographique.
Il a d'ailleurs sans doute trouvé son fils spirituel en la personne de Benjamin Dierstein.
Son nouveau roman né sous le signe d'un combat de gladiateurs des temps modernes, agiles et rusés à défaut d'être protégés par des armures sans faille , nous entraîne dans un combo explosif qui mêle un ancien des stups tueur de trafiquant, une bande de manouches redoutables et une enquêtrice de l'Office anti-stupéfiants.
Vous l'aurez compris le fil rouge de ce récit c'est la drogue. Son trafic international, ses réseaux de revente, son blanchiment et cette violence permanente entre chaque concurrent, prêt à toutes les extrémités pour éliminer un adversaire et étendre son business. En face d'eux, ils vont trouver l'OFAST et les brigades des stups des structures rarement coordonnées dans leur lutte.
On va ainsi faire connaissance avec Amélie Vasseur, gendarme expérimentée qui a rejoint l'OFAST et dont l'une des missions principales est la surveillance de la famille Cerda. Cette famille d'origine yéniche s'est sédentarisée du côté de Romainville, rachetant peu à peu les pâtés de maison alentour pour en faire leur QG. La famille, défavorablement connue des services de police, est pilotée officieusement depuis la prison par Momo en relation avec sa jeune nièce, pendant que son demi-frère Manu tente de jouer les premiers rôles auprès de cette famille meurtrie par les règlements de compte. À la Santé, Momo retrouve une figure connue : celle de Théo Lasbleiz, ancien commandant à la brigade des stups parisienne qui vient de buter un trafiquant dans les sous-sols du 36 rue du Bastion. Quels motifs l'ont conduit à cet acte irréparable ? Peut-être venger l'assassinat de sa femme et de sa fille unique, quelques mois plus tôt.
Entre Amélie, les Cerda et Théo des relations complexes vont se nouer alors qu'un gros coup se prépare, risquant de rebattre les cartes parmi ceux qui gèrent le bizness , mettant les services policiers sur les dents pendant que Théo tente de survivre derrière les barreaux, quelques anciens amis rêvant de lui faire la peau.

Un nouveau DOA qui fait mouche. Qui tape dans le tas sans mettre les formes avec un totale liberté d'écriture qui fait du bien là où ça fait mal. Bienvenue dans cet univers dans lequel se mêle et se démêle flics et voyous et dont les frontières sont parfois ténues. L'auteur y a réuni une belle brochette de protagonistes qui carburent à l'adrénaline, aux nuits sans fin et aux plaisirs éphémères. le langage est à l'avenant : celui de la rue ou des couloirs décrépis de l'institution policière. L'auteur ne s'y est pas trompé , laissant beaucoup de place aux dialogues dans ce récit où l'oral apporte un surplus de réalisme dans ce roman noir qui semble se dérouler sous nos yeux.
Comme souvent dans les romans de DOA , les personnages crèvent le papier, véritables gueules aux caractères affirmés et qui, si on gratte un peu sous la surface, vont déceler des personnalités plus complexes.
La trame du récit est elle plus classique : on suit les pérégrinations des différents personnages sans savoir si à la fin ils vont se prendre un mur ou trouver une porte de sortie. On est dans la totale incertitude des prochains faits et gestes des uns et des autres dont la seule certitude est que leur futur est incertain. C'est brut de décoffrage, sans effets spéciaux mais qu'est-ce que ça fait du bien !


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Chronique de Flingueuse : le billet de Chantal pour Collectif Polar
Comment parler de ce dernier opus de DOA, après les critiques élogieuses lues ici et là …? La dernière en date que j'ai lue est celle du Monde … je n'ai pas la prétention d'écrire mieux et plus juste !
Bon, je vais évoquer ce Rétiaire(s) de mon point de vue lectrice fan absolue depuis … un certain temps. Je n'ai peut-être pas absolument tout lu de DOA, mais tout ce que j'ai lu m'a toujours solidement scotchée à mon fauteuil, fait oublier le temps, le monde alentour et donné envie de mieux connaître cet auteur qui prend soin de rester dans l'ombre pour mieux décortiquer les travers et turpitudes de notre société.
Alors donc, Rétiaire(s). Voilà un titre au parfum d'Antiquité romaine, qui nous met immédiatement dans l'ambiance : on voit sur l'écran noir de nos nuits pas forcément blanches de solides gladiateurs armés d'un filet, d'un poignard et d'un trident, sans autre protection que celle du bras gauche, au vu des mosaïques les représentant. À la fois vulnérables et équipés pour se défendre, mais seules peut-être l'habileté, la vitesse et la ruse étaient-elles leurs meilleures armes.
Il sera donc question de combattants, en quelque sorte, dans ce roman, qui vont s'affronter dans une arène qui n'est pas accessible à Monsieur et Madame Toutlemonde. Flics et voyous s'observent, s'évitent, se cherchent, se croisent parfois en prison … L'enjeu est de taille : la drogue, dont le trafic est orchestré par les Cerda, un clan yéniche au dents longues. Face à eux, la brigade des stups de Paris et l'OFAST, qui se devraient de coopérer. Entre ces groupes, un flic, Théo Lasbleiz, un solitaire qui de commandant de police se retrouve en prison pour avoir tué un trafiquant de drogue dans les locaux même de la police. de sang-froid. Ou presque. C'est d'ailleurs la scène inaugurale du roman, qui nous fait entrer dans cette histoire comme si l'on recevait un coup de poing. Il faudrait lire Rétiaire(s) rien que pour cette scène, tant elle est exceptionnelle de tension. Autre personnage auquel le lecteur peut s'attacher (le mot n'est peut-être pas le bon, mais quand même …), la capitaine de gendarmerie Amélie Vasseur, qui n'aura de cesse de traquer les trafiquants, tout en sachant que la « gloire », si tant est qu'elle arrive un jour à quelque chose, ne lui reviendra pas beaucoup .. Elle essaiera aussi de comprendre Théo, de l'écouter…
On croise beaucoup de personnages, on visite bien des lieux, et notamment la prison de la Santé, dont on pénètre les couloirs, les cellules et autres recoins, à la suite de Lasbleiz ou de Momo, chef de famille yéniche, qui tente de garder les rênes de son clan depuis la prison, avec l'aide de sa nièce Lola, petite étoile montante de la famille Cerda . On voyage aussi, en France, en Espagne, en Amérique du Sud …
Rétiaire(s), c'est une intrigue aux fils multiples, qui s'entrelacent, se tordent, se nouent inexorablement… C'est un récit écrit dans une langue qui vous happe, vous entraîne, avec les mots du « milieu », de la prison, des flics …ou de tous les jours. Pas besoin de traduction, même si on n'est pas habitués à les entendre , ça vous parle, immédiatement. Ce récit est une belle machine, parfaitement huilée, qui offre au lecteur l'essence de tout le travail de recherche, parfaitement maîtrisé et dominé, accompli par l'auteur pour coller au plus près de la réalité,. Et la modeste lectrice que je suis ne peut que recommander ce Rétiaire(s). Ceci dit, âmes sensibles s'abstenir !
À quand le prochain, DOA ?!
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Il avait disparu de la scène littéraire depuis quelques années, mais DOA l'auteur de l'excellentissime pukhtuest bien de retour pour notre plus grand plaisir

Rétiaire(s) est issu d'un ancien projet de série télé. C'est une totale immersion dans les tréfonds des trafics de drogues, d'une lutte sans merci entre les trafiquants et les services de police.

Mais celui qui est aussi le scénariste de la série télévisée Braquo l'a entièrement retravaillé, de la documentation au travail sur le rythme et la langue.

Et l'attente valait la peine : 𝙍é𝙩𝙞𝙖𝙞𝙧𝙚(𝙨) embarque le lecteur dans un polar tendu, nerveux, immersif et extrêmement documenté, entre luttes d'influence, jeux de pouvoir, corruption et trafics de drogues

Rétiaire(s) c'est violent, haletant, mais surtout passionnant. Il est d'ailleurs étonnant qu'à travers toute cette noirceur, ce soit l'humain qui prime le plus.

Le style est nerveux, les personnages forts et humains, et l'intrigue d'un réalisme glacant est servie par des personnages flics et truands très incarnés animés par la rage.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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DOA revient avec Rétiaire(s), un polar noir sur le trafic de drogue. Quand on connaît l'auteur, son écriture pointilleuse, on s'attend à une plongée quasi-documentaire dans les arrières salles des commissariats, les halls d'accueil des cités et les cellules de la prison de la Santé. Il y a tout cela ; livré brut... mais aussi par moment sans mode d'emploi.
La construction du récit s'éparpille entre les différents personnages, se poursuit dans leurs têtes, dans leurs réflexions de détenus, ou de jeune héritière d'une putain de lignée familiale. L'intrigue suit ces méandres ; un temps côté flic, beaucoup côté truand. La forme enrichie à l'argot des bandes se discute. Ce qui fait sens dans des dialogues, est plus difficile à suivre dans les cheminements intérieurs.
Un de ces héros désenchantés, complexe et difficile à appréhender, est Théo, flic à l'ancienne, qui a pété les plombs, liquidé un caïd impliqué dans la mort de sa femme et de sa fille. Théo se retrouve en taule quasiment le voisin de son ex-indic Momo Cerda, le chef d'un clan de Yéniches installés à Romainville. Pendant que Momo dort à l'ombre pour un délit mineur, c'est son frère Manu, violent et emporté, qui continue le business familial. Mais celui qui anticipe l'avenir, construit la suite de la saga familiale, c'est pourtant Momo, qui tisse depuis sa cellule ses intrigues, grâce à sa jeune nièce Lola.
Les flics pataugent, encombrés par leurs guéguerres internes, y compris dans le tout neuf office anti-stup, l'OFAST, où les flics ne peuvent pas blairer les pandores ; les deux corporations en voulant à mort aux douaniers. Amélie, adjointe au chef d'un groupe gendarme de l'OFAST essaie de suivre au plus prés le petit monde des Cerda. Elle sent que quelque chose se prépare ; peut-être ne lui manque t-il que la connaissance de l'intérieur, celle que détient Théo, le flic embastillé.
Tout cela est sombre, mais terriblement réel, informé de tout : expressions des flics, vie des cités (mortiers d'artifice compris…), logistique et route des trafics internationaux. Rétiaire(s) est tout à la fois un concentré d'action, un uppercut pour le lecteur et une ballade désespérée dans le monde des stups dont l'emprise ne cesse de grandir sur notre sol.
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DOA, pseudo énigmatique, (sauf pour les initiés), pour un auteur qui ne l'est pas moins.
Écrivain que j'ai découvert avec son Pukhtu primo que j'avais dévoré,  avant de le rencontrer pour la sortie du secundo tout aussi captivant.
Nouvelle incursion dans son monde avec ce Rétiaire(s) et nouvelle claque.
Je vous le dis tout de suite, on n'est pas chez Jules César, et ici, point de gladiateur.
Non. On est bel est bien dans notre XXIÈME siècle.
Celui de tous les possibles, de tous les excès, de tous les travers et de toutes les pandémies.
Celle que l'on vient de vivre, traverse d'ailleurs ce roman tel un nuage au-dessus de la tête des protagonistes. Là,  mais pas envahissante.
Rétiaire(s) est un polar. Pur. Dur. de ceux qui cognent. de ceux qui règlent les comptes entre bandes rivales, envoient les malfrats en prison et les flics au contact.
Qu'est-ce qui a pris à Théo, flic, jusque-là irréprochable  ?
Pourquoi il est allé flinguer ce voyou qu'on allait présenter au juge ?
Il est dans de beaux draps, maintenant.
Incompréhension.
Énigme.
Mais surtout, danger. Parce qu'un condé derrière les barreaux... Ils sont nombreux à vouloir lui faire la peau.
Dehors, ses collègues s'interrogent, enquêtent, traquent.
Manu et sa bande de manouches, sont dans leur viseur.
Et attention, c'est du lourd, pas du bandit à la petite semaine.
Quel est le lien ?
J'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'histoire. Perturbé par la narration, pourtant efficace mais troublante, comme si.... Mais je sais maintenant. Je sais ce qui donne cette structure. J'ai compris le schéma de construction. Ces lenteurs puis, ces accélérations. Cette tension qui monte brusquement, et qui redescend soudain. J'ai compris pourquoi les dialogues sont souvent imbriqués dans le texte, ce qui perd parfois. J'ai compris les points avant les noms. Tout est calculé, réfléchi, comme... un scénario.
La clé ?
C'est DOA lui-même qui me l'a donné. En expliquant la genèse d'un roman qui ne devait pas être.
Et comme il me manque quand même quelques réponses,  j'ai envie de lui demander :
Et après ?
L'auteur confirme tout le bien que je pensais de lui et il peut me compter, désormais, dans ses fidèles.
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Chronique de Flingueuse : le billet de Chantal
Comment parler de ce dernier opus de DOA, après les critiques élogieuses lues ici et là …? La dernière en date que j'ai lue est celle du Monde … je n'ai pas la prétention d'écrire mieux et plus juste !
Bon, je vais évoquer ce Rétiaire(s) de mon point de vue lectrice fan absolue depuis … un certain temps. Je n'ai peut-être pas absolument tout lu de DOA, mais tout ce que j'ai lu m'a toujours solidement scotchée à mon fauteuil, fait oublier le temps, le monde alentour et donné envie de mieux connaître cet auteur qui prend soin de rester dans l'ombre pour mieux décortiquer les travers et turpitudes de notre société.
Alors donc, Rétiaire(s). Voilà un titre au parfum d'Antiquité romaine, qui nous met immédiatement dans l'ambiance : on voit sur l'écran noir de nos nuits pas forcément blanches de solides gladiateurs armés d'un filet, d'un poignard et d'un trident, sans autre protection que celle du bras gauche, au vu des mosaïques les représentant. À la fois vulnérables et équipés pour se défendre, mais seules peut-être l'habileté, la vitesse et la ruse étaient-elles leurs meilleures armes.
Il sera donc question de combattants, en quelque sorte, dans ce roman, qui vont s'affronter dans une arène qui n'est pas accessible à Monsieur et Madame Toutlemonde. Flics et voyous s'observent, s'évitent, se cherchent, se croisent parfois en prison … L'enjeu est de taille : la drogue, dont le trafic est orchestré par les Cerda, un clan yéniche au dents longues. Face à eux, la brigade des stups de Paris et l'OFAST, qui se devraient de coopérer. Entre ces groupes, un flic, Théo Lasbleiz, un solitaire qui de commandant de police se retrouve en prison pour avoir tué un trafiquant de drogue dans les locaux même de la police. de sang-froid. Ou presque. C'est d'ailleurs la scène inaugurale du roman, qui nous fait entrer dans cette histoire comme si l'on recevait un coup de poing. Il faudrait lire Rétiaire(s) rien que pour cette scène, tant elle est exceptionnelle de tension. Autre personnage auquel le lecteur peut s'attacher (le mot n'est peut-être pas le bon, mais quand même …), la capitaine de gendarmerie Amélie Vasseur, qui n'aura de cesse de traquer les trafiquants, tout en sachant que la « gloire », si tant est qu'elle arrive un jour à quelque chose, ne lui reviendra pas beaucoup .. Elle essaiera aussi de comprendre Théo, de l'écouter…
On croise beaucoup de personnages, on visite bien des lieux, et notamment la prison de la Santé, dont on pénètre les couloirs, les cellules et autres recoins, à la suite de Lasbleiz ou de Momo, chef de famille yéniche, qui tente de garder les rênes de son clan depuis la prison, avec l'aide de sa nièce Lola, petite étoile montante de la famille Cerda . On voyage aussi, en France, en Espagne, en Amérique du Sud …
Rétiaire(s), c'est une intrigue aux fils multiples, qui s'entrelacent, se tordent, se nouent inexorablement… C'est un récit écrit dans une langue qui vous happe, vous entraîne, avec les mots du « milieu », de la prison, des flics …ou de tous les jours. Pas besoin de traduction, même si on n'est pas habitués à les entendre , ça vous parle, immédiatement. Ce récit est une belle machine, parfaitement huilée, qui offre au lecteur l'essence de tout le travail de recherche, parfaitement maîtrisé et dominé, accompli par l'auteur pour coller au plus près de la réalité,. Et la modeste lectrice que je suis ne peut que recommander ce Rétiaire(s). Ceci dit, âmes sensibles s'abstenir !
À quand le prochain, DOA ?!
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