J'ai remarqué cette très jolie collection Cheyne édition, élégamment illustrée, au CDI de mon collège. Estampillé "Poèmes pour grandir", je trouve, comme souvent d'ailleurs, quand il s'agit de poésie, que ce recueil s'adresse en fait à tous.
Belle découverte aussi de l'auteur, Christian Da Silva. J'ai été séduite par ses mots clairs, simples, des mots de partage et de douceur. Et comme son adresse au ( jeune et moins jeune) lecteur sonne juste! Il écrit en préambule:" Si tu ne vois pas tout à fait ce que je vois, ça n'a pas d'importance: l'essentiel est que ton regard invente autre chose, que mes objets, mes arbres, mes herbes ou mes étangs deviennent les tiens."
La nature est en effet omniprésente , et le poète invite l'enfant qui est en nous à regarder vraiment le paysage, à écouter sa résonance en nos coeurs, à la transcrire par écrit :
" Je voudrais que tu provoques les mots
jusqu'au vertige,
que ce pays te lègue
sa plus belle écriture.
Nous aurons le temps:
la rivière le dit."
Chaque poème a provoqué chez moi une émotion, Christian Da Silva a vraiment une belle sensibilité, une fraîcheur, un imaginaire qui m'attirent:
" L'étoile, un jour,
brûlera doucement toutes les encres
pour nous apprendre à lire
l'eau transparente des images."
Seul regret, le recueil m'a paru trop court, peut-être est-ce voulu, pour ne pas lasser le jeune public, qui zappe beaucoup... Moi, en tout cas, je suis restée un peu sur ma faim...de mots . J'ai un gros appétit ! Mots-rêves, mots-scintillements, mots-frissons, je les veux tous!
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Un poème pour la terre
et le blé surgira
comme l'oiseau.
Un poème pour l'arbre
et la feuille dira
le chant des sèves.
Un poème pour l'eau
et la lumière
se peuplera de sources.
Un poème pour le chemin
et le nuage nous apprendra
où se cachent les rêves.
Octobre
enroule ses brouillards.
La maison
s'est mise en boule
auprès du feu.
La chienne dort,
rousseur de flammes,
rousseur de poil.
Le temps bâille
et relève le col.
Tu sauras, un jour ,
le goût de ces jardins
qui font semblant de dormir
sur les os d'anciens morts.
Ils sont doux comme la couleuvre,
leur solitude n'est pas triste,
et quand il pleut
leurs épaules frémissent
comme si les brûlures apprises
à force de juillets
s'évadaient d'un seul coup,
comme si la cétoine empoudrée
avait soudain pouvoir
d'être cheval ailé sur la rivière.
Tu connaîtras ,un jour,
l'alaphabet-menthe du jardin.
Avec des mots d’eau fraîche,
la chaîne du puits lève l’ancre
une histoire roule calèche
et c’est toujours dimanche,
avec les mots, avec les mots…