Le Peuple français jugeait en toute sérénité des inconnus venus du pays des gueules noires, les assassins d’un fermier et d’un notable… Les jurés qui avaient dormi sur leurs deux oreilles entre 1940 et 1944 après avoir compté l’argent du marché noir…
Elle ressemble à ces milliers d'autres femmes de soixante ans qui laisse venir l'âge sans capituler et combattent à leur mesure : mise en plis, fard, teinture, sans se faire d'illusions sur l'issue de la bataille.
Le bourg endormi s'etire le long de la route, l'église en retrait. Quelques silhouettes grises se hâtent vers les boutiques encore ouvertes. Je me gare près d'un "cafe-bar-pêche". Un troquet minuscule dont la devanture, pleine de cannes, annonce "vers de terre ", en blanc dans la poussière. Un couple aviné guette le client devant une rangée de verres sales. Je ne trouve pas suffisamment de courage pour entrer leur demander mon chemin. Je me vois déjà avalant une bière tiedasse dans la vaisselle grasse...
Le courage c'est bien, on en a sacrément besoin, mais le tout, c'est de s'en servir au bon moment.
On ne choisit pas l'époque à laquelle on vit.
Pourquoi voulez vous que je coure après une médaille quand on n’accorde pas de tombe à celui qui m’a sauvé la vie au prix de la sienne ?
Le micro de la Bétacam F.R.3 enregistra les seuls mots que Jean Ricouart accepta de prononcer avant de retrouver la prison de Saint-Omer: Lucien a payé d'avance.
Ecoute Ricouart : il existe mille manières de te faire parler. Des plus douces aux plus ignobles et tu comprendras que je ne recule devant rien quand je t'aurai dit que personnellement je ne fais aucune différence entre le miel et le piment.
Aujourd’hui sa haine dépassait la somme de leur mépris.
On nous transféra la veille du 14 Juillet, au petit matin. Les matons, des Français pour la plupart, nous éjectèrent de nos cellules à coups de matraques et nous remirent aux Allemands…