Parlez-moi d'amour, ça m'amuse toujours

Sans m'identifier à l'héroïne Clara (un peu trop manipulatrice et perverse à mon goût) j'ai été transportée par ce roman. Je n'ai pas vu défiler les 600 pages. Certes, certains drames et méfaits dont Clara est victime sont parfois à la limite du crédible mais comment écrire un bon roman avec des faits banals ? En dépit de son titre à la tonalité cynique et désabusée, "Parlez-moi d'amour, ça m'amuse toujours" est le roman de la résilience et de la paix intérieure douloureusement mais courageusement obtenue.

Ce premier roman est tellement bien maîtrisé qu'on a du mal à croire que l'auteur en soit à son premier essai. Ne vous laissez pas dissuader par les quelque 600 pages, elles virevoltent en accompagnant l'héroïne, tantôt malmenée par le destin cruel, tantôt le pliant à son gré par la force de sa résilience. le tout est emballé dans un style enlevé, ponctué de dialogues percutants.

Bon, soyons claires : sans vouloir en divulgâcher la trame, ce roman dense qui se laisse néanmoins lire facilement, peut se résumer à quatre viols. En insérant ces crimes dans des circonstances très différentes et certes très « originales », il semblerait que l'auteur veuille nous amener à réfléchir sur une éventuelle gradation de leur gravité. Ne nous laissons pas entraîner sur cette voie : un viol reste un viol, quelles qu'en soient les circonstances, la victime et celui ou celle qui l'a perpétré (même si les femmes ne violent que dans les romans !).

Comment s'amuser en parlant d'amour. Sinon de lire Parlez-moi d'amour, ça m'amuse toujours

C'est un plaisir de suivre la saga d'un personnage attachant, espiègle et pourtant sans défense.
L'épopée d'une vie confrontée aux contradictions humaines.
Dans la somme des sorties littéraires voilà le livre original de la rentrée.
À lire…

Si l'auteur est vraiment un homme, il a parfaitement réussi à se glisser dans la tête et le corps de son héroïne et narratrice, Clara. Manipulée, mais aussi manipulatrice, Clara est à l'image de ce roman difficilement classable, globalement classique et réaliste mais avec parfois d'étonnantes tonalités orwelliennes ou rabelaisiennes.