Sa lecture terminée, un lecteur ne redevient pas vierge comme un fichier effacé. Il est lui-même complété de phrases, mais alors, avec quelle fascination!
...ne peut-on pas dire qu'une lecture est réussie lorsqu'il nous en reste des phrases ? Elles sont comme des foulards dans un tiroir, aux couleurs toujours fraîches, conservant à jamais dans leurs plis l'odeur délicieuse d'une pensée, d'une émotion.
“J’ai éprouvé cette grande loi de la lecture, que le livre ne se donne pas si on le parcourt. Il faut s’abandonner complètement à lui, esprit comme corps, esprit plongeant dans les pages comme la tête.”
Les romans de vampires, je fais semblant de les aimer plus que je ne les aime. Ils me servent à ne pas avoir l’air de ne lire que du rare ou du chef-d’oeuvre – or c’est avec les livres cheap que je pose, vous voyez, à l’envers.
Les grands lecteurs sont des monstres. Inoffensifs d'ailleurs, quoique jusqu'à un certain point, celui où ils revendiqueraient du prestige et cesseraient de faire les modestes. Qu'ils n'oublient pas qu'ils sont minoritaires. Un livre qui a du succès en France, c'est, mettons, 100 000 exemplaires. Il reste 63 900 000 Français qui ne lisent pas. (p. 79-80)
L'entre les lignes est cet espace merveilleux où le lecteur à bout de raisonnements ramasse la lumière magique qui lui donne ce qu'il veut : être persuadé.
Un titre n'a son sens complet qu'accompagné du nom de l'auteur.
La meilleure raison de ne pas lire, la voici : pour réfléchir. Car enfin, tout le temps que nous lisons, nous sommes comme le serpent devant le flûtiste.
p. 239
On ne lis pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.
L'effronterie du lecteur est ailleurs; dans ce recueillement au milieu de l'action, dans l'esprit détaché du pratique .(...)
On se donne les moyens de sa faiblesse. (Livre de Poche, 2011, p.84)