AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782379920844
280 pages
Otago (01/02/2023)
4.69/5   21 notes
Résumé :
Mai 1940, la Wehrmacht déferle sur les Ardennes. Les divisions blindées françaises, encore en état de se battre, se sacrifient à Stonne, un village perdu. Dans la fournaise d’un printemps de plomb, la bataille de Stonne se transforme en Verdun des machines. Le destin de trois tankistes français va se jouer un coup de dés. Ils ont l’amitié et un cambriolage réussi en partage. L’un d’entre eux, un aristocrate, disparait en laissant derrière lui un manuscrit inachevé :... >Voir plus
Que lire après Pierre de StonneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
4,69

sur 21 notes
5
14 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Avec Pierre de Stonne, Dario hausse le niveau d'exigence de son écriture. Il avait, déjà, placé la barre très haut dans la Valise et le cercueil, son premier roman, et Palikao 79 son deuxième.
Dans son dernier opus, il se surpasse et confirme son talent à traiter de l'histoire, la grande histoire, celle des historiens, en la regardant du point de vue de la pâte humaine que les grands de ce monde jettent en pâture à la férocité des événements qu'ils provoquent en lui laissant le choix de « (…) crever la gueule ouverte pour les Rotschild. »

Ce faisant, il joue de questions à propos des quelles les historiens n'ont jamais cessé de s'étriper :
Les grands hommes font-ils l'histoire, ou est-ce l'histoire qui fait les grands hommes ?
L'histoire amène-t-elle les humains à se surpasser ou non, pousse-t-elle le personnage falot et inodore à se muer en héros, en salaud ou à continuer ?

Le roman Pierre de Stonne se déroule entre 1939 et 1945, période trouble pour la France, drôle de guerre, débâcle, armistice, résistance et collaboration, théorie controversée du glaive et du bouclier, Radio Londres et ses messages codés.

L'alchimie des mots et des phrases de Dario, nous plonge dans l'atmosphère de l'époque :
« J'avais plus soif que chaud et plus chaud que peur» dit le tankiste dans son Renault B1 bis , fier de ses 307 ch et ses 6 cylindres, avant d'affronter les Panzer II allemands.
« Nous étions les premiers à sentir cette étrange puanteur d'huile chaude et de chair rôtie : le parfum de la guerre nouvelle. »

Avant d'en arriver là, il a fallu patienter tout l'hiver 39-40 dans cette promiscuité des baraquements en Ardennes, cette mixité sociale qui ne disait pas encore son nom qui fait se côtoyer «  « (…) un chti épais à l'accent minier (…) et l'héritier au nom à particules multiples que ses compagnons de casemate ont surnommé Re-de-de, humour facile mais compréhensible.

En mai 1940, sur la route des Flandres, « L'impunité dont jouissaient les avions allemands dans le ciel concourait au découragement général. » -notez la musicalité de « concourait au découragement » - « C'était un printemps avec des senteurs d'été et de mort. le bitume des routes s'était mis à mollir », et « une colonne de bouches sèches dans un nuage de gasoil » à fuir devant l'ennemi, se mêlant à ceux que l'on appellerait les réfugiés, « Tous traînaient des pieds, mains crochues, bouches poudreuses. »

Jusqu'à la débâcle ! Malgré la bataille de Stonne, « Stonne, village perdu et repris dix-sept fois. » ; malgré ce colonel au Mont Caubert, « (…) long, puissant, cuirassé (…) Dans sa longue veste de cuir, barrée d'une sorte de ceinture sombre (…) » - faisant penser à- « un éléphantidé…ou un pachyderme préhistorique. » Vous le reconnaissez ?

Le roman va dès lors suivre deux personnages dans cette débâcle, personnages qui font, comme les Français, des choix différents, association improbable en temps de paix, d'un titi parisien, Faubourg du Temple et Levallois, escroc à ses heures, toujours en avance d'une arnaque et cet aristocrate « (…) à la chair rose, ni grasse ni maigre, qui fait les beaux ovales de visage. »
« Les pauvres ont de la glace en hiver et les riches en été. » souligne le parisien. Version onirique de la lutte des classes…

Je ne spoilerai pas, la 4ème de couverture en dit assez long, l'histoire du manuscrit Soleil Gris dont le titre revient au fil de l'histoire comme une antienne.
Je reviendra sur la qualité de l'écriture, sa puissance évocatrice et les nombreuses références qui émaillent le texte de façon subtile, laissant au lecteur la joie de la surprise.

De Gaulle bien sûr, mais aussi Simenon, Flaubert dont on retrouve la rondache en cuir d'hippopotame du conte La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, Céline, Brasillach et les écrivains collaborationnistes, les incertitudes et les déceptions de l'épuration d'après guerre, « Les dénonciations staliniennes de confrères, les gaullistes commençaient à en avoir ras le képi. » ; « Les grands éditeurs étaient morts en déportation, faisaient déjà de bonnes affaires avec les syndicats; ou attendaient leur sort à Fresnes avec Tino Rossi. »

El lisant Pierre de Stonne on ne peut s'empêcher d'imaginer une filiation entre les partitions de la société que nous connaissons aujourd'hui et les fractures que cette période trouble de l'histoire de France a installées.

Un roman dont je recommande la lecture avec enthousiasme.
Commenter  J’apprécie          270
Après ‘La valise et le cercueil' (révélation) puis ‘Palikao' (succulent), Dario monte encore puissance avec cette dernière oeuvre, se confirmant décidément un cador du roman historique. Car si l'Histoire (avec un grand H) n'est pas au centre des intrigues dario-esques, elle les entoure, les enveloppe, et se décline en anecdotes véridiques (et vérifiées dans un minutieux travail de recherche), qui étaient passées à côté de la postérité. Dans ce dernier ouvrage, nous avons ainsi un grand plaisir à (re)découvrir l'étonnante victoire française dans la bataille de blindés à Stonne, ou encore l'existence de ce footballeur de l'équipe de France qui s'enrôla dans la Gestapo.
Pierre de Stonne' s'ancre en effet dans cette période trouble de la Débâcle, puis de l'Occupation, avec une intrigue à rebondissements rythmés qui, par certains aspects, pourraient rappeler la trilogie de Pierre Lemaître, le dynamisme en plus. Et que dire du style, incisif et drôle ? Ce roman mériterait un prix !
Commenter  J’apprécie          120
Par mon métier, je suis amené à voyager dans des pays difficiles où la lecture est une distraction précieuse. Je lis de bonnes feuilles, et d'ennuyeuses qu'on m'avait pourtant chaudement recommandées. Heureusement, tous les trois ans, on peut lire un Dario. J'ai découvert ce romancier par son premier roman, la Valise & le Cercueil. J'ai ensuite suivi cet auteur qui gagnerait à être mieux connu. J'apprécie plusieurs qualités de ses romans : un contexte historique original, un style relevé, des personnages crédibles. D'aucuns diront que Dario fleurette parfois avec le roman d'atmosphère ? Et alors…

Donc, ses livres parlent d'histoire sans être des livres académiques, pas même des romans historiques. L'Histoire est un cadre pour décrire les passions et les doutes humains.

Pierre de Stonne, c'est le récit d'un héros malgré lui, un tankiste embusqué que la gloire poursuit. On y évoque longuement le fort méconnu campagne de France de mai 1940 et ses épiques combats de blindés. La fuite de ce faux héros (sans nom, il emprunte celui des autres pour mieux se planquer, le bougre) est même parfois assez drôle…

Une réussite, une de plus. Alors, Dario, à quand le prochain bouquin ?
Commenter  J’apprécie          100
Un trafiquant de pneus et perceur de coffres-forts qui devient la plume du Général de Gaulle, une baronne en manque d'amour épicé, un aristocrate qui trompe son monde avec un subjonctif imparfait éloquent, un prisonnier de guerre revanchard, un mystérieux roman inachevé ; autant de personnages improbables et d'intrigues qui émaillent le troisième opus de l'auteur Dario.

Le roman est un récit cadre où un récit moyenâgeux vient s'enchâsser dans un récit se déroulant lors de la seconde guerre mondiale. L'auteur jongle avec les époques et les genres avec aisance, aidé par une palette lexicale surprenante et riche en couleurs. Qu'elle soit médiévale, argotique, guerrière, policière, les amoureux de la langue française trouveront leur compte à chaque coin de page.

Le chapitrage de l'histoire est conséquent et les séquences peuvent-être ressenties comme indépendantes les unes des-autres. C'est comme si on déambulait dans l'aile renaissance d'un musée et que l'on s'attarde devant un tableau unique en savourant ses qualités. On a très souvent l'impression de faire une immersion dans la séquence tableau et observer la scène décrite à l'intérieur du cadre, comme si on y était invité. L'auteur arrive à donner cette impression par le réalisme descriptif des atmosphères, des ambiances, des lieux et des personnages. Que ce soit le drapé d'une étoffe, l'intérieur d'un char d'assaut, le détail d'un mobilier ancien, le rictus d'un visage, ou les caprices de la nature, tout est ciselé avec précision et rigueur, sans se départir d'élans poétiques.

Le philosophe Arthur Schopenhauer disait que la principale et unique condition d'un style était d'avoir quelque chose à dire. Dario met la puissance et le réalisme de son style au service d'une histoire singulière, originale, qui surprendra tout un chacun.
Commenter  J’apprécie          70
Ici il nous livre un récit haletant, dans l'ambiance et le huis clos de l'une des plus meurtrières batailles de la deuxième guerre mondiale où l'infanterie et les blindés français et allemands s'affrontent, avec de lourdes pertes, pour le contrôle du village de Stonne, petite commune du département des Ardennes.

Comme toujours chez Dario, pas de héros musclés et bien portants. Juste des hommes ordinaires, fatigués et tétanisés par la peur, plongés dans des circonstances extraordinaires.

Le titre et la photo de couverture annoncent la couleur : chevaux exténués, fumées épaisses, déroutes et déluge de feu évoquent irrésistiblement la débâcle française. Et les premières pages de l'ouvrage enfoncent le clou, si ce livre emprunte parfois les codes du roman de guerre, le coupable est déjà désigné : c'est l'échec, avec son cortège de panique et d'absurdité.

Une réussite à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au sortir du taillis, ce fut le feu du ciel et le bruit de la mer qui firent s’arrêter l’homme et sa bête lourdement caparaçonnés : la lande. Ensemble, ils clignèrent des yeux, ensemble ils cherchèrent sur le bout de la langue, le goût salin que transporte le vent.
Commenter  J’apprécie          40
Il souriait. Il souriait tout le temps, ce type-là. A nos pieds, les restes sanglants d’un faisan dévoré par la tête disparaissaient sous le grésil soulevé par le vent. Les voix ne sont jamais aussi belles qu’en hiver. De l’humour avec ça, derrière ses lèvres en cul de poule :

Il eût bien fallu que se déclenchât cette drôle de guerre… pour que nous nous rencontrassions.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : seconde guerre mondialeVoir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3200 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..