Une double quarantaine, aux éditions Lamantin et par les postes - jamais trop prudentes (cachet du 29-5, réception le 18/6 !) - n'auront pas suffit à donner de la maturité à ce premier roman peu nuancé. Je remercie néanmoins Babelio pour sa masse critique de mars, l'éditeur pour cet envoi et ce jeune auteur français pour ses efforts méritoires. Soyez rassuré je ne suis pas tombé en panne de lecture, loin s'en faut. le suspens de cette période d'attente a peut-être affaibli en comparaison celui de la lecture.
J'ai sélectionné ce bouquin au vu de l'excellente photo dominée par la Sears tower avec un avant plan m'évoquant l'ambiance de Nighthawks d'Edward Hoper exposée à l'
Art Institute. le titre aussi. J'ai eu plusieurs occasions de rester au Best Western River North sur W. Ohio Street dont le parking longe la N. Clark St. et l'arrière fait face au Blue Chicago sis au 536 de cette rue. Foin de détails superflus, c'est ainsi qu'un samedi soir après avoir acquitté notre entrée et passé en dessous de la grosse corde rouge, avec deux collègues, nous fûmes les seuls blancs à écouter du blues et écluser quelques Buds. Excellent souvenir.
L'histoire elle se passe principalement dans un tout autre quartier bien plus au sud, dans Bronzeville, j'ai rarement été dans ce coin décentré, une fois à Hyde park pour visiter la Robie house de
Frank Lloyd Wright, peut-être une ou deux autres fois. Enfin pour ceux qui voudraient localiser ou écouter la play list rendez-vous sur le site officiel du roman un beau prolongement https://
chicago-blues.jimdofree.com/
Le découpage en cours chapitres de 4 à 5 pages ne m'a pas particulièrement dérangé, mes principaux reproches sont les suivants. Tant qu'à faire un roman choral les personnages devraient penser différemment surtout si ceux-ci sont un policier et une petite frappe. L'auteur vient trop souvent imposer sa propre idéologie à ses personnages, à force cela devient complètement artificiel. Même si nous sommes aux Etats-Unis, la psychologie des personnages manque de finesse les rapprochant d'archétypes jusqu'à la caricature. J'ai ressenti peu d'émotions vraies. Enfin certains rebondissements se devinent bien à l'avance.
Il y a néanmoins quelques belles descriptions mais qui gagneraient à moins s'attarder sur les localisations et plus sur les états d'âme des personnages. Par rapport aux grands romans noirs made in USA cela manque à mon goût de sordide, de cynisme et de bestialité le tout ici baigne dans un environnement et un fond social que l'on ressent loin du vécu d'un auteur trop politiquement correct dans son approche simpliste de la problématique du racisme. Tout jugement est arbitraire et parfois la sentence est cruelle : 2 étoiles. Courage Killian, d'autres ont apprécié.