Aucun art ne reflète peut-être aussi exactement le caractère d'une race que celui de l'Islam, aucun autre ne fut marqué comme lui d'une empreinte sociale aussi forte. La claustration des femmes en est la base. C'est dans les demeures où elles étaient condamnées à vivre toujours, derrière les murs qui ne devaient rien révéler de leur mystère, que la poésie, le luxe, l'imagination, l'art, se réfugièrent presqu'exclusivement.
Une ville arabe est une cité blanche, fauve ou grise, aux ruelles étroites, aux portes massives, aux maisons plates, sans fenêtre ni décoration. Demeures anonymes, uniformes, qui ne se distinguent pas les unes des autres. C'est vers l'intérieur qu'est tourné leur visage et leur grâce...
D'où leur venait cette civilisation? La question n'est point encore résolue.
Les Arabes ne trouvaient dans leur fond aucun art -, ce n'est donc pas le leur qu'ils imposèrent aux nations conquises et il ne saurait être question au Maroc, en plein pays berbère, soit d'un art local, soit d'un art à base gréco-romaine qui se fût rénové et vivifié au contact de l'Islam, comme il advint en Syrie, en Égypte ou en Espagne. On devra donc conclure à une importation d'un de ces centres où la civilisation musulmane s'épanouit si magnifiquement ; mais lequel? La Syrie qui fut, on le sait, un des foyers les plus rayonnants du haut moyen âge et d'où sortirent tant d'idées dont nos arts roman et gothique surent faire leur profit, ne demeura naturellement pas étrangère à la création des formes d'art de l'Islam et c'est de là qu'elles partirent à la conquête des côtes de la Méditerranée.