Reynolds, malgré son admiration profonde pour Michel-Ange, est surtout un élève des Vénitiens. Le Titien, Véronèse et le Tintoret, furent ses maîtres véritables. Dans ses recherches infinies pour pénétrer le métier de ces grands artistes, dont il aimait instinctivement l'art fastueux, le coloris éclatant, dans ses élans de passion pour saisir le secret de leur génie, on le vit sacrifier des toiles dues à leurs divins pinceaux, afin d'en décomposer les couleurs, d'en découvrir les pratiques mystérieuses.
Ce qui caractérise surtout l'art d'Henry Raeburn, que nous n'hésitons pas à placer dans le groupe des plus grands portraitistes anglais, à côté de Reynolds, de Gainsborough, de Romney, et au-dessus de Lawrence, c'est la fougueuse liberté du pinceau, la somptueuse générosité du métier, la richesse du coloris et le respect de la vérité.
Reynolds ne fut pas seulement un superbe peintre, mais aussi un remarquable esthéticien, et en relisant ses harangues académiques on se demande lequel des deux fut le plus grand, de l'artiste ou du critique, encore que les doctrines du maître soient bien souvent en flagrante contradiction avec sa technique et que rien ne ressemble moins à ses théories que ses œuvres. Qu'on nous permette, après avoir esquissé la physionomie du peintre, de montrer l'orateur d'art, en reproduisant l'analyse faite par M. Charles Blanc, dans son Histoire des Peintres, d'un des quinze discours prononcés a la Royale Académie.
C'est à William Hogarth d'abord , puis à Joshua Reynolds et à Gainsborough qu'il était réservé de fixer du premier coup. dans d'immortels chefs-d'oeuvre, et avec un art très particulier, le caractère de là peinture anglaise devenant, en quelque sorte; sous leurs habiles pinceaux, et avec une spontanéité presque miraculeuse, l'expression définitive de la race et de l'esprit d'un peuple.
Un portrait de jolie femme, un portrait de bel enfant, sont d'ailleurs peut-être suffisamment définis, lorsque la grâce et le charme extérieurs des modèles ont été rendus avec la délicatesse qui convient au peintre expert dans l'art de réaliser un chef-d'œuvre d'après la représentation d'une fleur.
Ici la psychologie perd ses droits et Reynolds triomphe.