Des bribes de sagesses empruntées à différentes religions. Certains sont drôles, d'autres plus poétiques. C'est une belle sélection qui nous est offerte mais c'est tout de même un peu court.
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L'EXPLORATEUR
L'explorateur était revenu parmi les siens,
qui étaient désireux de tout savoir sur l'Amazone.
Mais comment pouvait-il jamais enfermer dans des mots
le sentiment qui avait envahi son cœur,
quand il avait aperçu des fleurs d'une beauté à vous couper le souffle
et perçu les bruits de la forêt, la nuit ?
Comment communiquer ce qu'il avait ressenti dans son cœur,
quand il avait pressenti le danger des bêtes sauvages
ou poussé son canoë au-dessus des régions traîtresses du fleuve ?
Il dit à ces gens : « Allez trouver par vous-mêmes.
Rien ne remplace le risque personnel et l'expérience personnelle. »
Pour les guider, tout de même, il traça un plan de l'Amazone.
Les gens s'emparèrent du plan, l'encadrèrent et l'affichèrent dans leur hôtel de ville,
s'en firent des copies personnelles et quiconque possédait une de ces copies
se considérait comme un expert de l'Amazone :
ne connaissait-il pas, en effet, tous les détours, toutes les courbes du fleuve ?
ne connaissait-il pas sa largeur et sa profondeur,
la localisation des rapides et celle des chutes ?
L'explorateur ne vécut que pour regretter ce plan.
Peut-être eût-il été préférable qu'il ne traçât rien.
LA FORMULE
Le mystique revenait du désert.
« Dites-nous, lui demanda-t-on : à quoi ressemble Dieu ? »
Mais comment pourrait-il jamais enfermer dans des mots
ce qu'il avait expérimenté dans les profondeurs de son cœur ?
Est-il possible d'enfermer la vérité dans des mots ?
Finalement, il leur donna une formule - combien gauche, combien inadéquate -,
dans l'espérance que certains de ceux qui la lui avaient demandée
puissent être tentés, grâce à cette formule,
d'expérimenter eux-mêmes ce que lui avait expérimenté.
On s'empara de la formule ; on en fit un texte sacré ;
on l'imposa à tout le monde comme une croyance sacrée.
On fit de grands efforts pour diffuser le texte à l'étranger.
Certains donnèrent même leur vie pour cette cause.
Et le mystique fut attristé.
Peut-être eût-il mieux valu qu'il ne parlât pas
L'arbre est encore un arbre ; les gens sont exactement ce qu'ils étaient auparavant; et vous aussi ; et la vie se continue sans changement.
Vous pouvez être d'humeur aussi changeante ou aussi égale qu'auparavant, vous trouver aussi sage ou aussi fou qu'auparavant.
A une importante différence près : maintenant vous percevez toutes ces choses d'un œil différent. Vous en êtes plus détaché. Et votre cœur déborde d'émerveillement.
Voilà l'essence de la contemplation : le sens de l'émerveillement.
La contemplation diffère de l'extase en ce que l'extase mène au retrait. Le contemplatif qui a reçu l'illumination continue de fendre du bois et de tirer de l'eau du puits. La contemplation diffère de la perception de la beauté en ce que la perception de la beauté (une peinture ou un coucher de soleil) engendre un plaisir esthétique, tandis que la contemplation engendre l'émerveillement - quel que soit l'objet qu'elle observe, coucher de soleil ou pierre.
Pour le commun des mortels, il n'y a pas de quoi s'émerveiller devant des activités aussi prosaïques que celles de tirer de l'eau d'un puits ou de fendre du bois. Après l'illumination, rien ne change vraiment ; toute chose demeure la même : seul notre cœur déborde désormais d'émerveillement.
La souffrance des êtres humains vient de leur manière de percevoir la vie et les événements extérieurs. On peut souffrir ou ne pas souffrir face à un évènement en fonction de notre degré de conscience et de notre interprétation de la réalité. Ce nest donc pas sur la réalité extérieure quil faut agir, nous dit Anthony de Mello, mais sur notre manière de penser et de percevoir la vie.