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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le roman débute sur une scène d'un looooonngg petit-déjeuner. Il ne se passe rien, juste un couple, Rey Robles et sa troisième épouse Lauren Hartke, en train de prendre ensemble leur petit-déjeuner matinal. La seule action consiste à remuer le jus d'orange en écoutant la météo à la radio et en observant les oiseaux par la fenêtre. Je vous ai dit qu'il ne se passait rien ? Non, en fait, ce petit-déjeuner est composé de conversations « non-dites » ou vides de sens et de gestes quotidiens tant répétés lentement, classiquement, machinalement.

Je tourne les pages, oublie ce petit-déjeuner « hallucinant » et tombe subitement sur la notice nécrologique de Rey, un cinéaste culte de soixante-quatre ans qui vient de se suicider (moi, j'aime bien le cinéma « culte »).

Nouveau chapitre : je replonge dans cette maison devenue subitement vide. Rey n'est plus là, reste Lauren, seule à sa fenêtre, toujours à contempler les oiseaux et à penser à son défunt mari. Seule ? Pas tout à fait... Elle découvre dans la maison un squatter, plus tout à fait un enfant, mais pas encore un homme. Qui est-il, que fait-il ? En deuil, Lauren souhaite rester seule, s'isoler du monde extérieur. Pourtant, lorsqu'elle tente de rentrer en contact avec ce squatter, qu'arbitrairement elle a nommé M. Tuttle, elle a l'impression d'entendre la voix de Rey, ses intonations et sa gestuelle en copie conforme. Je découvre donc le thème principal de son roman : le deuil. Quelques jours après la mort d'un proche, quelles sentiments prédominent les pensées de Lauren : le chagrin, la désolation, la tristesse, le déchirement... Une nouvelle vie va devoir commencer pour cette encore « jeune » femme. Une vie qu'il va falloir reconstruire dans ce nouveau silence, un avenir qu'il faudra de nouveau envisager, mais à partir de quand ?

Bizarre, désorienté, doute ou trouble : après cette lecture achevée, mon esprit se trouve « encombré » de toutes ces sensations. Il a peut-être l'impression d'être passé à coté de quelque chose d'indéfinissable. Une précédente lecture de Don DeLillo Cosmopolis ») l'avait déjà laissé légèrement perplexe. du coup, il se trouve embarrassé par cette question : doit-il poursuivre l'exploration de l'univers de DeLillo ? Pris entre le OUI et le NON, tel un référendum engageant son avenir, mon esprit hésite encore. Jusqu'à quand ? Certainement jusqu'à la prochaine rencontre avec cet auteur...
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J'ai toujours cru que DeLillo était un écrivain contemporain important, mais je n'avais jamais lu un livre de lui. J'ai voulu commencer par ce roman relativement très bref. Disons-le tout de suite: je n'y ai pas compris grand-chose. Il commence par le récit d'un petit déjeuner partagé par Rey Robles (un ancien réalisateur de cinéma réputé) et sa troisième femme Lauren Hartke: mais il ne se passe rien, et c'est d'un fastidieux ! Puis on apprend que Rey est mort: désormais le lecteur va suivre Lauren, dans les premiers jours après son veuvage. Elle est isolée, triste, perdue. C'est alors qu'elle découvre un très jeune squatter surnommé Mr Turtle qui lui rappelle étrangement son mari décédé. Mais ici l'auteur ne verse pas du tout dans la veine fantastique: il se contente de regarder l'héroïne vivre dans son deuil, un peu "en apesanteur". C'est énigmatique et surtout pesant. Je pense que DeLillo avait une ambition que je n'ai vraiment pas su apprécier à sa juste valeur.
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Une première scène déroutante. Dans une cuisine, un homme et une femme prennent leur petit déjeuner, le tout est décrit de façon méticuleuse, presque maniaque. Après la mort de l'homme, la femme, adepte du body art, survit en tentant à la fois de soumettre entièrement son corps à sa volonté, et d'évoquer le souvenir de son mari. Curieux personnage que cet inconnu évoluant dans la maison en récitant des phrases entières du défunt. Combat entre volonté et désir, entre l'être, sa conscience, sa raison, son angoisse d'être...

Bien sûr on se précipite sur le premier chapitre pour le relire et relier entre eux les fils du récit.

Difficile de le lire et de ne pas faire partager l'émotion provoquée par ce texte très fort mais très déroutant.
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Je ne saurais vous dire, là, comme ça, si j'ai aimé ou pas les deux romans de Don DeLillo que je viens de lire : "Body Art" et "Point Oméga".
La première impression que j'en retire, c'est que ce sont des lectures pendant lesquelles il est difficile de rester passif(ve), parce qu'elles sont génératrices de questionnements et de réactions. DeLillo nous y surprend, nous bouscule.
On subodore la présence d'une symbolique entre ses lignes, la nécessité de ne pas s'arrêter à une interprétation superficielle du texte, qui le laisserait à l'état de récit obscur et incompréhensible.
On y devine un sens non pas caché, mais exprimé sous une forme inhabituelle et qui par conséquent nous déroute, que l'on a du mal à appréhender de prime abord.

Leur point commun le plus évident, c'est que l'auteur y donne l'impression de dilater, d'étirer le temps. Il s'attarde sur des riens, des détails a priori insignifiants mais dont il extrait et révèle l'importance.
Il bouleverse ainsi la signification que nous sommes accoutumés à attribuer aux actes et aux paroles, en modifie le sens et la portée.


Dans "Body Art", Lauren, âgée d'une trentaine d'années, erre à travers la grande maison de location qu'elle a occupée avec son mari pendant deux mois avant que ce dernier ne se donne la mort dans l'appartement new-yorkais de sa première épouse.
Le défunt, Rey, était un célèbre cinéaste de trois décennies son aîné.
Elle prend rapidement conscience qu'elle n'est pas seule dans cette maison. Elle découvre en effet dans l'une des chambres un curieux individu au physique mi-adulte, mi-enfantin, dont elle ne parvient à décider s'il s'agit d'un attardé mental échappé d'un asile ou d'une forme de manifestation surnaturelle...
Elle entretient avec cette créature de singuliers dialogues, qu'elle enregistre, constitués de propos elliptiques, de questions souvent sans réponse, son hôte s'exprimant parfois avec la voix de Rey ou la sienne, restituant des bribes de conversations tenues par le couple avant la disparition du cinéaste.
Lorsqu'elle est seule, Lauren, adepte du "Body Art", pratique des exercices corporels contraignants grâce auxquels, en écoutant, en ressentant intensément son corps, elle se le rapproprie. Parfois aussi, elle le lave soigneusement, le récure, presque. Cette discipline physique s'intègre naturellement dans le processus du deuil, comme si elle était instinctivement consciente que les moments d'unité qu'elle crée ainsi avec elle-même étaient la clé lui permettant de se rouvrir à la vie.
Elle prend également le temps de s'attarder sur des pensées éparses, des sensations intimes, comme si elle observait au microscope les manifestations, les répercussions sur son psychisme de la mort de son aimé.
Cette introspection se fait avec une acceptation à la fois curieuse et sereine. le lecteur a le sentiment d'être en compagnie de Lauren en train d'observer avec fascination les mécanismes mystérieux de la psyché humaine.
Il s'agit d'un récit troublant, qui par instants nous échappe, pour nous happer de nouveau presque aussitôt, par une étrange magie dont on a du mal à saisir l'origine...
DeLillo ne donnera pas d'explication sur la présence de l'étrange individu qui cohabite avec Lauren. Il préfère sans doute, ayant lancé une piste, nous laisser l'explorer librement, et y projeter nos propres interprétations.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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