AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782742731848
126 pages
Actes Sud (03/04/2001)
3.43/5   61 notes
Résumé :
Il est envoûtant d'écouter une conversation faite de silences et de répétitions, de phrases inachevées, de questions tues ou inlassablement répétées. Entre Lauren et son mari, les silences sont sans doute aussi imposants que les mots. Combien de choses peut-on dire dans un souffle, dans une grappe de mots retenus ou un simple regard ?

Peut-être trop. Peut-être pas assez. Lauren ne lira pas, ce matin-là, dans les silences de son mari sa volonté de se ... >Voir plus
Que lire après Body ArtVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 61 notes
5
0 avis
4
1 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
1 avis
Le roman débute sur une scène d'un looooonngg petit-déjeuner. Il ne se passe rien, juste un couple, Rey Robles et sa troisième épouse Lauren Hartke, en train de prendre ensemble leur petit-déjeuner matinal. La seule action consiste à remuer le jus d'orange en écoutant la météo à la radio et en observant les oiseaux par la fenêtre. Je vous ai dit qu'il ne se passait rien ? Non, en fait, ce petit-déjeuner est composé de conversations « non-dites » ou vides de sens et de gestes quotidiens tant répétés lentement, classiquement, machinalement.

Je tourne les pages, oublie ce petit-déjeuner « hallucinant » et tombe subitement sur la notice nécrologique de Rey, un cinéaste culte de soixante-quatre ans qui vient de se suicider (moi, j'aime bien le cinéma « culte »).

Nouveau chapitre : je replonge dans cette maison devenue subitement vide. Rey n'est plus là, reste Lauren, seule à sa fenêtre, toujours à contempler les oiseaux et à penser à son défunt mari. Seule ? Pas tout à fait... Elle découvre dans la maison un squatter, plus tout à fait un enfant, mais pas encore un homme. Qui est-il, que fait-il ? En deuil, Lauren souhaite rester seule, s'isoler du monde extérieur. Pourtant, lorsqu'elle tente de rentrer en contact avec ce squatter, qu'arbitrairement elle a nommé M. Tuttle, elle a l'impression d'entendre la voix de Rey, ses intonations et sa gestuelle en copie conforme. Je découvre donc le thème principal de son roman : le deuil. Quelques jours après la mort d'un proche, quelles sentiments prédominent les pensées de Lauren : le chagrin, la désolation, la tristesse, le déchirement... Une nouvelle vie va devoir commencer pour cette encore « jeune » femme. Une vie qu'il va falloir reconstruire dans ce nouveau silence, un avenir qu'il faudra de nouveau envisager, mais à partir de quand ?

Bizarre, désorienté, doute ou trouble : après cette lecture achevée, mon esprit se trouve « encombré » de toutes ces sensations. Il a peut-être l'impression d'être passé à coté de quelque chose d'indéfinissable. Une précédente lecture de Don DeLillo Cosmopolis ») l'avait déjà laissé légèrement perplexe. du coup, il se trouve embarrassé par cette question : doit-il poursuivre l'exploration de l'univers de DeLillo ? Pris entre le OUI et le NON, tel un référendum engageant son avenir, mon esprit hésite encore. Jusqu'à quand ? Certainement jusqu'à la prochaine rencontre avec cet auteur...
Commenter  J’apprécie          110
A Jamais est le nouveau film de Benoit Jacquot en salles actuellement. Un long métrage découvert en avant première en septembre dernier alors que je ne savais absolument rien du film ( comme quioi parfois ce n'est pas toujours si bien que cela d'arriver totalement vierge lors d'une projection ciné) à part qu'il était une adaptation d'un roman de Don de Lilo un auteur à l'univers singulier mais pas forcément abscons.

Car si le roman de Don DeLillo, The Body Artist n'était pas forcément évident d'accès, il reste d'après mon souvenir assez lointain de lecture, somme toute lisible, et ne verse en tout cas jamais dans l'abstraction totale contrairement à ce A Jamais qui après une première partie déroutante et intriguante verse dans une seconde partie d'un ennui profondément abyssal ( ou absyssalement profond à vous de voir)

C'est le producteur portugais Paulo Branco qui a proposé à Benoît Jacquot de s'attaquer à l'adaptation cinématographique du roman Body Art et à l'écran tout ressemble à une fausse bonne idée..

Le film tourne très vite en rond, répétant les mêmes scènes avec une austérité et une froideur qui irrite profondément.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          100
Ce très court roman s'ouvre sur une longue scène d'un petit déjeuner banal entre Lauren Hartke, 36 ans et son mari Rey Robbles, 64 ans. Pas de quoi fouetter un chat, c'est même un peu long. Elle est artiste de body art, lui est cinéaste.
Puis apparait la notice nécrologique de Rey qui a choisi de mettre fin à ses jours ; Lauren se retrouve seule dans une grande maison vide, retirée et nue. Dans l'expérience à la fois cinglante et douce du deuil, elle découvre un être étrange, ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs, dont la voix est celle de Rey, puis la sienne également mêlée. A travers cet homme semblent se rejouer les derniers mots du couple avant la mort et Lauren y puise une sorte de fascination libératrice.

Voilà un livre bien étonnant, difficilement descriptible, malgré une relecture. Plus qu'une histoire, il s'agit d'une expérience à laquelle j'associerais des mots comme nudité, dépouillement, étreinte, temps, corporalité, voix, lâcher-prise. Don Delillo expérimente la conscience de soi et du monde à travers la plongée dans un monde à la limite de l'absurde servi de mots tantôt fièvreux, tantôt secs et désenchantés. Loin d'apporter des éléments de réponses, ce livre, bien au contraire, pose question. Autant le dire très clairement, il pourra aussi prodigieusement ennuyer. Moi-même, je ne parviens pas à m'en faire une idée en terme de "plaisir" de lecture. Tout comme la première fois où je l'ai lu, j'ai simplement envie de fermer les yeux et de méditer - c'est signe, sans doute, qu'au-delà de la superficialité de l'agrément, il a fait résonner des cordes sensiblement plus profondes.
Pour conclure, quelques mots de l'auteur merveilleusement adaptés à son art - attribués dans l'ouvrage à une performance de Lauren Hartke :



"Son art, dans ce spectacle, est obscur, lent, difficile et parfois insoutenable Mais il ne s'agit jamais de l'agonie grandiose d'images et de décors imposants. Il s'agit de vous et de moi. Ce qui commence dans une altérité solitaire devient familier et même personnel. Il s'agit de qui nous sommes vraiment quand nous ne somme pas affairés à être qui nous sommes."


Lien : http://lapetitemarchandedepr..
Commenter  J’apprécie          50
J'ai toujours cru que DeLillo était un écrivain contemporain important, mais je n'avais jamais lu un livre de lui. J'ai voulu commencer par ce roman relativement très bref. Disons-le tout de suite: je n'y ai pas compris grand-chose. Il commence par le récit d'un petit déjeuner partagé par Rey Robles (un ancien réalisateur de cinéma réputé) et sa troisième femme Lauren Hartke: mais il ne se passe rien, et c'est d'un fastidieux ! Puis on apprend que Rey est mort: désormais le lecteur va suivre Lauren, dans les premiers jours après son veuvage. Elle est isolée, triste, perdue. C'est alors qu'elle découvre un très jeune squatter surnommé Mr Turtle qui lui rappelle étrangement son mari décédé. Mais ici l'auteur ne verse pas du tout dans la veine fantastique: il se contente de regarder l'héroïne vivre dans son deuil, un peu "en apesanteur". C'est énigmatique et surtout pesant. Je pense que DeLillo avait une ambition que je n'ai vraiment pas su apprécier à sa juste valeur.
Commenter  J’apprécie          50
Je ne saurais vous dire, là, comme ça, si j'ai aimé ou pas les deux romans de Don DeLillo que je viens de lire : "Body Art" et "Point Oméga".
La première impression que j'en retire, c'est que ce sont des lectures pendant lesquelles il est difficile de rester passif(ve), parce qu'elles sont génératrices de questionnements et de réactions. DeLillo nous y surprend, nous bouscule.
On subodore la présence d'une symbolique entre ses lignes, la nécessité de ne pas s'arrêter à une interprétation superficielle du texte, qui le laisserait à l'état de récit obscur et incompréhensible.
On y devine un sens non pas caché, mais exprimé sous une forme inhabituelle et qui par conséquent nous déroute, que l'on a du mal à appréhender de prime abord.

Leur point commun le plus évident, c'est que l'auteur y donne l'impression de dilater, d'étirer le temps. Il s'attarde sur des riens, des détails a priori insignifiants mais dont il extrait et révèle l'importance.
Il bouleverse ainsi la signification que nous sommes accoutumés à attribuer aux actes et aux paroles, en modifie le sens et la portée.


Dans "Body Art", Lauren, âgée d'une trentaine d'années, erre à travers la grande maison de location qu'elle a occupée avec son mari pendant deux mois avant que ce dernier ne se donne la mort dans l'appartement new-yorkais de sa première épouse.
Le défunt, Rey, était un célèbre cinéaste de trois décennies son aîné.
Elle prend rapidement conscience qu'elle n'est pas seule dans cette maison. Elle découvre en effet dans l'une des chambres un curieux individu au physique mi-adulte, mi-enfantin, dont elle ne parvient à décider s'il s'agit d'un attardé mental échappé d'un asile ou d'une forme de manifestation surnaturelle...
Elle entretient avec cette créature de singuliers dialogues, qu'elle enregistre, constitués de propos elliptiques, de questions souvent sans réponse, son hôte s'exprimant parfois avec la voix de Rey ou la sienne, restituant des bribes de conversations tenues par le couple avant la disparition du cinéaste.
Lorsqu'elle est seule, Lauren, adepte du "Body Art", pratique des exercices corporels contraignants grâce auxquels, en écoutant, en ressentant intensément son corps, elle se le rapproprie. Parfois aussi, elle le lave soigneusement, le récure, presque. Cette discipline physique s'intègre naturellement dans le processus du deuil, comme si elle était instinctivement consciente que les moments d'unité qu'elle crée ainsi avec elle-même étaient la clé lui permettant de se rouvrir à la vie.
Elle prend également le temps de s'attarder sur des pensées éparses, des sensations intimes, comme si elle observait au microscope les manifestations, les répercussions sur son psychisme de la mort de son aimé.
Cette introspection se fait avec une acceptation à la fois curieuse et sereine. le lecteur a le sentiment d'être en compagnie de Lauren en train d'observer avec fascination les mécanismes mystérieux de la psyché humaine.
Il s'agit d'un récit troublant, qui par instants nous échappe, pour nous happer de nouveau presque aussitôt, par une étrange magie dont on a du mal à saisir l'origine...
DeLillo ne donnera pas d'explication sur la présence de l'étrange individu qui cohabite avec Lauren. Il préfère sans doute, ayant lancé une piste, nous laisser l'explorer librement, et y projeter nos propres interprétations.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle versa du lait dans le bol. Il s’assit et se leva. Il alla chercher le jus d’orange dans le frigo et s’arrêta au milieu de la pièce en agitant le carton pour répartir la pulpe et épaissir le liquide. Il ne pensait jamais au jus d’orange avant que le pain ne soit grillé. Puis il secoua le carton. Il versa le jus et regarda une écume frémissante se former à la surface du verre.
Elle retira un cheveu de sa bouche. Elle resta un moment debout au comptoir à le regarder, un cheveu court et pâle qui n’était ni à elle ni à lui.
Il continuait à secouer le carton de jus d’orange. Il le secouait plus longtemps que nécessaire parce qu’il n’y faisait pas attention, songeait-elle, et parce que c’était satisfaisant, d’une certaine manière muette et inattaquable, le côté enfantin de la chose, le va-et-vient du liquide, le clapotement, et l’arôme d’orange et de carton.
Il dit : « Tu en veux ? »
Elle regardait le cheveu.
« Dis-le-moi parce que je ne suis pas sûr. Tu bois du jus d’orange ? » dit-il, en continuant à secouer le foutu machin, deux doigts pressés sur le bec verseur.
Elle racla ses dents du haut sur sa langue pour débarrasser son système du souvenir sensoriel complexe du cheveu de quelqu’un d’autre.
Elle dit : « Quoi ? Je ne bois jamais de ce truc. Tu le sais bien. Depuis combien de temps on vit ensemble ?
« Pas longtemps », dit-il.
Il prit un verre, versa le jus et regarda la mousse apparaître. Puis il se laissa retomber un peu douloureusement sur son siège. « Pas assez longtemps pour que je remarque les détails, dit-il.
Commenter  J’apprécie          50
Elle versa du lait dans le bol. Il s’assit et se leva. Il alla chercher le jus d’orange dans le frigo et s’arrêta au milieu de la pièce en agitant le carton pour répartir la pulpe et épaissir le liquide. Il ne pensait jamais au jus d’orange avant que le pain ne soit grillé. Puis il secoua le carton. Il versa le jus et regarda une écume frémissante se former à la surface du verre.

Elle retira un cheveu de sa bouche. Elle resta un moment debout au comptoir à le regarder, un cheveu court et pâle qui n’était ni à elle ni à lui.

Il continuait à secouer le carton de jus d’orange. Il le secouait plus longtemps que nécessaire parce qu’il n’y faisait pas attention, songeait-elle, et parce que c’était satisfaisant, d’une certaine manière muette et inattaquable, le côté enfantin de la chose, le va-et-vient du liquide, le clapotement, et l’arôme d’orange et de carton.

Il dit : « Tu en veux ? »

Elle regardait le cheveu.

« Dis-le-moi parce que je ne suis pas sûr. Tu bois du jus d’orange ? » dit-il, en continuant à secouer le foutu machin, deux doigts pressés sur le bec verseur.

Elle racla ses dents du haut sur sa langue pour débarrasser son système du souvenir sensoriel complexe du cheveu de quelqu’un d’autre.

Elle dit : « Quoi ? Je ne bois jamais de ce truc. Tu le sais bien. Depuis combien de temps on vit ensemble ?

« Pas longtemps », dit-il.

Il prit un verre, versa le jus et regarda la mousse apparaître. Puis il se laissa retomber un peu douloureusement sur son siège. « Pas assez longtemps pour que je remarque les détails, dit-il.
Commenter  J’apprécie          30
Elle était heureuse à sa manière, de bien des manières, recroquevillée dans l'espoir, avec la maison où revenir après de longues matinées d'errance dans des bosquets de pins et de sapins, où elle nommait pour lui les plantes des marécages, en épelant les mots, ou bien des après-midi entières passées accroupie sur les énormes dalles de granit, là-bas sur la pointe, le promontoire, à regarder le temps changer et l'écume des vagues assourdissantes monter toujours plus haut, parce que voilà ce qui se passerait à son retour, à passer la main sur des plaques de mousse de mer et sachant qu'elle monterait l'escalier, qu'elle toucherait le haut du pilastre sur le palier, et qu'elle parcourrait le couloir pour entrer dans son temps à lui.
Commenter  J’apprécie          10
Cinq jours de suite elle alla en voiture jusqu'à la pointe, au cap, parce que les mouettes posées qui ont l'air un peu gauche sur leurs pattes raides deviennent en vol les porteurs obliques de tout ce temps encerclé de rochers, l'extirpant de la géologie, de la science et de l'esprit, et lui donnant de l'essor, de la hauteur et du corps, l'intégrant dans leurs muscles de vol et leur circulation sanguine, dans leurs solides coeurs battants, leurs coeurs métronomes, et parce qu'elle savait que c'était le jour où cela arriverait.
Commenter  J’apprécie          10
Es-tu donc incapable d'imaginer pareille chose même quand tu la vois ?
Ce qui se passe est-il si éloigné de ton expérience que tu sois forcée de lui chercher des excuses, ou de lui donner les minables justifications d'on ne sait quelle perception erronée ?
La réalité est-elle trop puissante pour toi ?
Prends le risque. Crois ce que tu vois et entends. C'est la pulsation de toutes les indications secrètes que tu as pu ressentir aux lisières de ta vie.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Don DeLillo (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Don DeLillo
White Noise | Teaser officiel VOSTFR | Netflix France. Inspiré du roman "Bruit de fond" de Don DeLillo, WHITE NOISE (2022) est un film de Noah Baumbach avec Adam Driver et Greta Gerwig.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (126) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..