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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je peux comprendre les lecteurs qui disent qu'ils ont souffert à la lecture de ce livre ou même qu'ils l'ont détesté. J'ai été moi-même à deux doigts de laisser tomber cette lecture. Plus précisément, c'est ce que j'ai fait, arrivé environ au milieu du livre. Cette lecture m'avait plombé et j'avais l'impression de "tomber" moi aussi comme l'homme qui donne son titre au roman, un comédien qui, dans les semaines qui ont suivi l'attentat du 11 septembre à New York a décidé de se produire à différents endroits de la ville, pendu la tête en bas, une jambe repliée, en référence aux personnes qui s'étaient jetées dans le vide depuis les tours du World Trade Center et dont les caméras ou les objectifs avaient pu capter la chute.

Et puis quelques jours plus tard, j'ai rouvert le livre et j'ai pu poursuivre ma lecture en y trouvant, sinon du plaisir, du moins de l'intérêt. En nous décrivant la vie de cinq ou six personnages new-yorkais (ou du moins familiers de New-York, comme l'allemand Martin) dans les semaines et les mois qui ont suivi l'attentat du 9/11, c'est un monde très fragmenté que nous dépeint ici Don DeLillo, une sorte de puzzle cubiste auquel le lecteur a bien du mal à trouver un sens. Tous semblent soumis à un mélange de forces centripètes et centrifuges qui les poussent à la fois à se rassembler et à se fuir. L'onde de choc de l'attentat est bien présente mais il est souvent difficile de mesurer l'impact réel que cet évènement traumatique a eu sur leur vie, faute de connaître (sauf par bribes) ce qu'était leur vie avant l'attentat. On a l'impression que les vies de ces personnages se prolongent dans l'épais nuage de fumée provoqué par l'effondrement des tours.

Cette difficulté à progresser dans la compréhension des motivations des personnages (Keith, le survivant, qui a pu s'échapper de la tour où il travaillait, son ex-femme Lianne, leur fils Jason, Florence, elle aussi rescapée, Nina, la mère de Lianne et son ami Martin, activiste engagé en Allemagne dans les années 60 et reconverti en marchand d'art...) est ce qui m'a rendu la lecture de la première partie difficile. Mais c'est cette même difficulté qui m'a ensuite fait apprécier ce roman, une fois accepté le principe que la chute des deux tours, et celle des corps qui s'y trouvaient nous a plongé (nous lecteurs, comme les américains et les occidentaux) dans une quasi-nuit dans laquelle, désorientés, nous ne pouvons qu'avancer à tâtons, hors de toute certitude.

Cette incertitude, ce flou qui nimbe les personnages américains du livre sont mis en évidence, par contraste, par les brefs chapitres, à la fin de chaque partie du livre, où l'auteur nous montre la tranquille assurance avec laquelle les terroristes préparent leur attentat, planifié de longue date. Saisissant.

C'est un roman complexe, difficile à lire mais l'effort qu'il exige peut trouver sa récompense au bout du compte.
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11 septembre 2001
Deux tours s'effondrent
C'est l'horreur
Keith sort des décombres perdu, abasourdi.
Il se rend chez son ex-femme,Lianne, sans savoir pourquoi.
A travers ces deux personnages et ceux qui les entourent, l'auteur tente de raconter l'indicible, les séquelles, les traumatismes.
Quel étrange livre
Paradoxalement, j'avais tout le temps envie de l'abandonner et en même temps de continuer.
Tout est enchevêtré, comme l'est la vie des rescapés de cette tragédie.
On ne sait jamais au début d'un paragraphe de qui ça parle, où c'est.
Une construction en chaos comme l'est la situation.
Finalement un bon livre, perturbant, mais que je ne regrette pas d'avoir lu.
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Voilà un livre compliqué à circonscrire, aussi imbécile que génial, aussi brutal qu'anodin. Des générations de critques littéraires pourraient me lapider pour une sentence comme celle-ci concernant leur chouchou parmi les chouchoux, l'écrivain américain que l'on se doit d'adorer. Alors effectivement, Don DeLillo est un romancier particulier, surtout redoutable : fin, précis, grand architecte du roman, à l'écriture toujours nette, parfois magnifique, un romancier qui sait complétement évoquer les petits instants, lorsque le temps T dure une éternité, lorsque la seconde se dilate et que l'oeil nous fait découvrir l'un après l'autre les dix milles points précis d'un paysage. Don DeLillo sait écrire, il est le grand écrivain contemporain avec Paul Auster pour Femmes actuelles et Bret Easton Ellis pour Télérama. Il n'empêche que parler du 11 septembre pour cet écrivain de la suspicion, du conflit mondial, aracchnéen, était irrémédiable : il devait fournir sa réalité au 11 septembre, abreuver de sa vision les visions étriquées du grand cirque critique littéraire.
Il y arrive. Don DeLillo parvient à chacun de ses bouquins à élaborer une intrigue fragmentée, assez complexe et qui dévoile au fil des pages sa singulière hétérogénéité. Keith est cet homme qu'on a tous remarqué sur nos écrans de télé, cet homme qui marche en chemisette blanche ensanglantée, derrière lui la tour en feu, une mallette dans la main. Il erre dans manhattan, à demi conscient de la réalité des choses qui l'entourent, et se rend chez sa femme, de laquelle il est séparé depuis quelques temps. Lianne et Keith vont se reconstruire autour des attentats, elle en sur-interprétant chaque signe et lui en vivant sur une brêche permanente, comme si le fluctuant ne pouvait qu'être, comme si les choses immobiles n'existaient plus pour lui. On croise peu de personnages dans ce roman, Lianne et sa mère, malade, son fils à elle et Keith, un petit paranoïaque de 8 ans, qui guette le ciel en compagnie de deux faux-jumeaux, et attendent Bill Lawton. Ben Laden. Voilà pour les personnages, cette Lianne véritablement insupportable, tellement choquée qu'on lui jetterait le livre à la figure, lorsqu'elle s'emporte sur son palier face à une femme qui passe une musique ni trop forte, ni suffisamment faible qu'on ne la remarque pas en passant. Elle attaque cette femme, jugeant indécent d'écouter maintenant cette musique orientale, quasi blasphématoire. L'Amérique, vous êtes avec elle ou contre elle.
Don DeLillo a parfaitement réussi ces instants là. Il s'est situé dans la vérité du moment, entre nos yeux et l'écran de télé, captant les messages codés que nos cerveaux ne manquaient d'envoyer à la Terre entière. C'est magnifique de vérité crue, glaciale comme ces temps l'étaient mais malheureusement, c'est aussi très affecté. Lorsque Lianne interprète tout, lorsqu'elle soigne des malades atteinds d'Alzheimer (qui pourrait oublier ça ?) le romancier accroche trop de fils à son intrigue. Il fallait penser au couple. La vérité était dans ce couple brisé, on aurait compris le rapprochement, inutile de nous coller des jumeaux, des inconscients, des blancs et des noirs, des oppositions franches. On aurait compris la subtilité de la situation. Au lieu de ça Don DeLillo s'égare à nous gâver et encore et encore de ce pathos un peu lourd, comme si les images que l'on avait tous vues devaient encore et encore nous être expliquées et décortiquées. (Pourquoi nous infliger Mohamed Atta ?)
Cet Homme qui tombe est un artiste de rue qui se pend à des endroits stratégiques, il évoque cet homme qui s'est jetté au delà de l'horreur.
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Avec son dernier roman "L'Homme qui tombe", DeLillo et son écriture fragmentaire livre un ouvrage marquant, qui poursuit le lecteur de loin en loin une fois les pages refermées. Face aux débris de leurs vies, les personnages sillonnent les rues de Manhattan meurtries à tenter de recoller les morceaux, comme on peut, maladroitement souvent.

Keith remonte Broadway complètement hagard, le bras gauche meurtri, la main droite serrant une mallette, alors qu'autour de lui tout n'est que brouillard de cendres, odeur infecte de kérosène et courses éperdues de compagnons d'infortune.

Lianne, épouse séparée de Keith depuis deux ans, le voit revenir tel un zombie sur le pas de sa porte, le visage incrusté de petits éclats de verre. Ils ne cherchent même pas à comprendre ce qui les réunit soudain à nouveau. Dans ces minutes et celles qui suivront dorénavant, doit-on encore chercher un sens à la vie ? Ils assumeront peu à peu leur tendance à l'incommunicabilité, pour en faire un atout, une protection. Keith continuera à avancer dans la vie, en la domptant grâce au poker entre hasard, chance et stratégie. Pourquoi lui s'en est sorti?

Dérives, tempêtes sous des crânes, (se laisser) tomber au plus profond de soi-même pour trouver une paix impossible. Bribes de pensées éparses jeter à la face du lecteur pour percer le mutisme des traumatisés, de ceux qui ont laissé une part d'eux-mêmes au pied des tours en miettes.

Lianne anime également des ateliers de mémorisation et d'écriture pour des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, tentant d'exorciser le souvenir d'un père n'ayant pu supporter cette déchéance. Pansements de la mémoire de ceux qui peu à peu la perdent.

Le cheminement d'êtres trimballant leurs doutes. Doute qui devient certitude inébranlable pour Hammad celui qui, de Hambourg en passant par l'Afghanistan et la Floride, dit se combattre lui-même et ira jusqu'à briser ses ailes contre ces vitres qui semblent dominer le monde. L'événement tragique et marquant de ce début de siècle n'est qu'une toile de fond, à aucun moment l'auteur ne cherche à en comprendre les raisons ou les causes, mais plutôt à replacer la vie à l'échelle d'êtres humains qui se battent avant tout avec eux-mêmes.

Dans les oeuvres de DeLillo, il y a souvent tout ce que j'aime avec l'ancrage historique et social, la fiction dans le réel, l'introspection des personnages, le soucis du détail, et bien sûr le style inimitable... Des pages parfois âpres qui demandent toute l'attention du lecteur, qui dérangent dans leurs constructions, qui s'impriment petit à petit dans l'esprit.
Un immense auteur, maître de la psyché, au summum de son art. le souffle puissant d'une prose entêtante qui vous happe. Une écriture expressionniste par petites touches, déroutante mais qui fait peu à peu apparaître ce qui fait le charme complexe des âmes humaines.
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Don de Lillo est bien un héritier des Faulkner et autres Don de Passos. Alors pour moi il faut s'accrocher au départ mais une fois partie quelle écriture et quel voyage en Amérique et en l'homme en ce qu'il a de plus profond. Deuxième livre que je lis de cet auteur exigeant qui nous livre des textes déstructurés il faut accepter au départ de se laisser prendre par la main et se perdre un peu. Ça tourne autour de l'après 11 novembre aux États Unis. Les personnages visitent le chaos de leur pays et de leurs vies ravagées. Et cet homme qui tombe, artiste provocateur qui rappelle sans cesse à cette ville ce qui s'est passé eT ce qui peut se repasser à n'importe quel moment... un livre puissant . Un auteur admirable
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Chaque lecture d'un DeLillo recouvre un challenge.
Bourré de style, la lecture se fait sur le fil du rasoir, entre fascination et envoûtement mais jamais loin du burn-out.
Une sensation étrange qui fait d'une lecture d'un DeLillo un pur instant présent, quand je repense à un bouquin de l'auteur, c'est une ambiance plus qu'une trame qui me vient à l'esprit.
"L'homme qui tombe" ne déroge pas à la règle. Déroutant, l'impression que le récit échappe, glisse entre vos mains, puis finalement s'imbibe dans votre esprit, un bel exercice, singulier, Don DeLillo est un grand architecte.
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