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Offenses marque un tournant dans l'oeuvre de Constance Debré. Loin de l'autofiction à laquelle elle nous avait habitué, elle revient avec un roman coup de poing.

L'histoire est simple, banale. Un jeune homme tue de dix coups de couteau, sa voisine à la retraite, à qui il faisait les courses. Un geste dramatique de peur et de détresse tant il doit de l'argent à son dealer. Pour autant, il ne part pas, il ne fuit pas. Rembourse sa dette et attend. Il attend son arrestation et ne dément pas.

Un court texte de 120 pages de pure violence contenue, d'ambivalence entre saleté et émerveillement, entre pitié et bienveillance. le choc de deux mondes qui coïncident sans jamais se regarder. En peu de mots l'autrice nous parle de drogue, de quotidien pauvre et gris, de HLM et de solitude.

Un roman contemporain dans une langue musicale et poisseuse.
Lien : https://topobiblioteca.fr/
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Roman choc.
On est plongés dans un drame social de banlieue: Un meurtre, un dealer, des enfants placés, des enfants parents à seize ans, le manque d'argent au coeur de tout.

L'histoire est un prétexte à une théorie sur la « géographie » de la justice. (Très intéressant).

Constance Debré vous retourne le cerveau et vos certitudes avec un texte très fort et un criminel élevé au rang christique.

Roman qui fait réfléchir.
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"Offenses" commence avec une sordide histoire de meurtre dans un modeste appartement de banlieue parisienne. le logement est celui d'une vieille femme aigrie par la vie, délaissée par sa famille, rejetée par les habitants de son quartier. le seul personnage qui lui parle ou l'aide est paradoxalement son assassin, un jeune homme de 19 ans qui vit au-dessus de chez elle et qui la tue en raison d'une dette dérisoire qu'il avait auprès d'un dealer. La misère se nourrit de la misère avec ce crime qui est le premier temps du roman.
Le deuxième est celui du procès, une autre narration, celle de l'appareil judiciaire, celle du jugement d'un homme seul face à la société. Nouveau paradoxe, alors que le jeune homme est au centre du procès, qu'il en est le personnage principal, l'expert psychiatrique « spécialisé dans l'âme humaine » dit de lui qu'il est insignifiant, comme s'il n'avait pas de valeur, ni pour le procès ni pour la société. D'ailleurs, les juges eux-mêmes ne semblent guère considérer l'humanité de l'accusé pour s'intéresser surtout à son côté monstrueux. La condamnation suit, sans surprise.
Ce jeune homme m'a immédiatement fait penser au Raskolnikov de Dostoïevski qui tue une vieille dame pour de l'argent. Évidemment, la forme littéraire n'est pas la même. Ici, le propos est resserré sur une centaine de pages pour aller au coeur du sujet, au coeur des ténèbres. Et même si Constance Debré utilise le « il » d'un narrateur omniscient, elle revient par moment à la puissance du « je » pour « crache[r] à la figure du monde, dénonce[r] ses mensonges, pleure[r] ses promesses. » L'écriture est épurée et va à l'essentiel.
Ici, la hache de Raskolnikov est remplacée par un gros couteau de cuisine. Les victimes se ressemblent et leur mort n'émeut personne. Les deux assassins ont des points communs également. Ils partagent la pauvreté, l'exclusion sociale. Leurs actes criminels semblent même arranger tout le monde et avoir un but politique, humanitaire ou sacrificiel. Dans "Offenses", le narrateur déclare : « Je l'ai tuée mais je l'ai tuée à votre place. Je tue mais je tue par vous, pour vous et avec vous. Je tue parce que vous vous nourrissez de mon crime, parce que vous vous nourrissez des assassins, pour vous permettre de nous punir, parce que ainsi va le monde qui a besoin de victimes sans fin, le monde qui est fait de bourreaux partout. »
Le texte peut gêner, déranger, embarrasser, plus en raison des questions qu'il soulève que d'un éventuel sentiment de culpabilité. "Offenses" n'est pour moi ni un roman à thèse ni un pamphlet. Constance Debré décrit des souffrances psychiques, des dysfonctionnements administratifs, mais elle ne donne ni solutions ni leçons de morale et ne cherche pas à régler ses comptes avec l'institution judiciaire. Elle n'analyse pas les mécanismes psychologiques ou institutionnels générateurs de douleur, mais nous plonge dans l'âme humaine, dans nos peurs, dans notre humanité confrontée à la violence, une humanité déclassée qui survit à l'écart des centres-villes proprets. C'est un univers social peu exploré que l'autrice décrit sans artifice en délivrant une vérité âpre.
Ancienne avocate pénaliste, elle n'a pas oublié les clients qu'elle a défendus, les prisons qu'elle a visitées, les procès auxquels elle a participés. Elle puise dans cette expérience la matière pour nous rappeler des vérités simples et factuelles sur l'origine sociale pauvre ou modeste des accusés, sur la posture froide et insensible de l'institution judiciaire plus dans la sanction que dans la réparation. Constance Debré nous pose des questions morales ou politiques sur la frontière mouvante entre le bien ou le mal. le monde est-il séparé entre victimes et coupable ? Pourquoi se sent-on concerné lorsqu'un crime est commis alors qu'on veut proscrire celui ou celle qui l'a perpétré ? En plaçant le lecteur dans la peau de l'accusé, ce récit m'a touché par son universalité comme s'il racontait notre histoire, celle de la grandeur et la misère de l'humanité. À aucun moment, Constance Debré n'excuse l'acte criminel ce qui, il me semble, lui permet de mieux sonder l'âme humaine et d'aider le lecteur à mieux se connaitre en s'interrogeant sur des notions philosophiques. N'est-ce pas le rôle et la force de la littérature ?
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C'est un livre qui se veut coup de poing, qui se veut révélateur, qui se veut choquant

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'autrice et à son parcours, en tant que jeune fille dont les parents et la famille avaient beaucoup d'argent, grandi à Paris, fait des études de droit. Je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir une once de Syndrome du sauveur blanc, à dénoncer haut et fort les injustices que subissent les plus faibles. Je n'ai pas pu m'empêcher de trembler un peu quand elle utilisait le "nous" sûrement parce que cela me semblait étrange qu'elle s'inclue dans le groupe des opprimés.

Ce livre parle juste, en effet, comment oublier que l'actuel président Emmanuel Macron a dit que dans les gares on croisait ceux qui avaient réussi et "ceux qui ne sont rien" ? Ce mépris des classes sociales favorisées, cultivées, bronzées par leurs vacances en hiver, est absolument banal en France, pays des droits de l'homme apparemment. Alors j'abonde dans le sens de Constance Debré, oui, bien sûr, dénonçons cette société injuste qui maintient les pauvres dans la pauvreté, pour garantir aux plus riches le confort de leurs vies. J'abonde dans ce sens mais je préfère lire "La prison est-elle obsolète ?" d'Angela Davis, je préfère lire des auteurs et autrices concerné.es par les questions qu'ils abordent. C'est un choix qui est le mien.
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C'est avec une certaine impatience et curiosité que j'attendais ce nouveau livre de Constance Debré récemment et amplement présenté par la presse avec des commentaires contrastés.

N'ayant lu cet auteur que le nom et surpris de son contenu, histoire familiale, rejet de valeur que devait illustrer on ne peut mieux le grand-père premier ministre de de Gaulle et une conception du monde des plus négatives du moins est ce ainsi que d'aucuns ont pu le percevoir, donc, qu'en serait il de ce nouvel opus.

Exit la dimension autobiographique, il s'agit d'une histoire de meurtre, d'une histoire d'un meurtrier et d'une histoire de bien et de mal avec la justice en maître arbitre.

Sur une première lecture, j'ai l'impression de ne rien avoir compris, ayant du mal à ne pas prendre pour argent comptant ce qui est écrit d'autant que l'écriture ici est sans appel au regard des vérités énoncées.
Donc première lecture, il y a ceux d'en bas et ceux d'en haut. le meurtrier est issu d'en bas. Un enchaînement le conduit à tuer une octogénaire. Ceux d'en haut incarnant le bien, créent des situations où ceux d'en bas peuvent être conduit à des extrémités. Extrémités incarnant le mal permettant à ceux d'en haut d'incarner le bien.
Peu satisfait de ces incarnations à répétitions aux allures simplistes, une deuxième lecture s'impose pour plus de recul.

Deuxième lecture.
Deux lectures, l'une narrative, de qualité, précise et concise un peu trop peut être, reprenant le parcours meurtrier et l'histoire du futur condamné issu du monde d'en bas. Constance Debré, ancienne avocate ce réquisitoire fait figure de défense, manque donc le parcours de la vieille dame assassinée qui n'en demandait pas tant ( d'être assassinée ).

Deuxième lecture, celle de Constance Debré exposant ses vision et conception des choses, de la vie, du monde et du fonctionnement sociétal.
Je vous laisse découvrir mais me permets certaines reprises.

P 49. Vous ne tuerez point et pourquoi pas.
Je vous laisse lire l'argumentaire contr ce commandement basique.
P 60. Vous n'irez pas en prison.
Ceux d'en haut, idem je vous laisse découvrir pourquoi.
P 114. Vous êtes des hommes malades. Malades de vos vies vides. Malades de votre cruauté non assumée. Malades de vos mensonges. Malades de votre trahison. PS cette manie de parler pour l'autre
P 121. Votre morale cache votre faute. Votre droit cache votre crime. Votre bien cache votre violence et notre servitude. C'est nous qui faisons votre paradis.

Constance Débré postule l'existence de deux mondes l'un vivant aux dépens de l'autre.
P 61. Je tue mais je tue par vous., pour vous et avec vous. Je tue parce que vous vous nourrissez de mon crime, pour vous permettre de nous punir parce que ainsi va le monde.

Offenses. Non il n'y a rien d'offensant à exprimer ses idées, elles seront toujours sources de réflexions d'échanges de relativité et un frein à tous ceux qui campent sur leurs certitudes.

La dernière phrase comme j'aime bien à les citer. Une histoire de jugement dernier. Je passe mon tour.
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L'auteure nous a fait part, avant sa conversion, de son opinion sur le peuple dans un ouvrage que je vous conseille tant il est édifiant : Manuel pratique de l'idéal. Je n'avais jamais rien lu ni entendu de pire comme éclat de rire de la grande bourgeoisie à la face des non-dominants.

Aujourd'hui, Constance Debré semble avoir changé de point de vue sur les banlieusards « pas très riches et qui n'ont pas fait beaucoup d'études », en s'intéressant à leur sort et en donnant l'impression d'y compatir, mais selon moi cette impression est fausse.
En effet, ce n'est pas pour dire qu'une grand-mère assassinée de basse extraction aurait dû avoir le même droit à la retraite tranquille que les autres. C'est pour réinventer le déterminisme en se prenant de compassion pour l'assassin que tout avait mené à ce geste. Bizarre de n'avoir de compassion pour le « peuple » que lorsqu'il assassine.

Les « prolos » sont trop limités dans son esprit pour avoir un libre arbitre, preuve qu'elle les méprise encore.
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Une lecture qui tape, qui hache, qui cogne.

Constance Debré supprime le superflu et vise directement l'intensité. Elle interroge la Justice, le Bien, le Mal et notre société avec une précision chirurgicale.

C'est un roman marquant, engagé et implacable à la plume incroyable.
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Très déçue par cette tentative romanesque après ses auto-fictions décapantes. Dans certaines phrases, on retrouve presque la musique de Duras mais elle tombe dans l'incantation. Il y a quelque chose d'inégale dans la narration. C'est toujours l'autrice qui revient avec ses obsessions qui la dominent. On dirait qu'elle utilise le personnage du tueur pour parler d'elle, on dirait qu'elle se bat contre elle. C'est assez étrange car du coup les changements de point de vue entre le narrateur et ce tueur, c'est comme un prolongement d'elle--même, comme si elle tentait de faire sortir son "je" narratif, mais il ne sort pas du ventre. de ce fait la rage s'épuise en une petite musique durassienne lancinante... Anti-système
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J'aime l'écriture de Constance Debré, elle est vive, directe, sans fard et sans circonvolutions inutiles, les mots sont choisis, chaque phrase est une punchline, on les lit à un rythme soutenu.

L'histoire est banale, un fait divers comme il en arrive tous les jours.
Un meurtre, commis sans vraiment l'avoir prémédité, l'intéressé a besoin d'argent, une petite somme, 450 euros. Tue t'on pour une somme aussi dérisoire?
Parce que si l'on tue pour beaucoup plus d'argent, le crime est plus acceptable?

L'autrice campe la situation du crime, décrit la pauvre vie des protagonistes, vie familiale éclatée, enfance meurtrie, adolescence toxique ... On essaye pourtant de s'en sortir, mais quand on est à ce point défini socialement, c'est compliqué, très compliqué.
Elle passe ensuite au moment du procès. Et utilise le même processus de description du milieu social des juges, des avocats, du procureur ... On sent qu'elle maîtrise le sujet, on sait quand on s'intéresse à elle qu'elle a quitté ce monde d'avocats, ce monde d'intellectuels qui détiennent le savoir et le pouvoir.

Jusque là, tout me convient, l'âpreté des mots, les descriptions à l'os des faits.
Il est évident qu'une petite frappe peu éduquée et instruite se fera gober d'une seule lampée par tous ces détenteurs et défenseurs de la loi. le pot de terre contre le pot de fer.
Il est évident qu'une société qui s'intéresse peu à ces citoyens issus des milieux défavorisés n'est pas digne de clamer haut et fort à qui veut l'entendre: liberté, égalité, fraternité.
Jusque là, je suis entièrement d'accord avec l'autrice.

Elle finit par conclure que dans un tribunal, les vrais coupables ne sont pas à la place à laquelle on les attend. Et là, je suis moins d'accord avec elle, un petit peu moins d'accord avec elle.
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"Ce que je raconte c'est ce que vous ne voulez  plus voir de vous-même ".
Dans un style direct sans metaphore ,cet écrit prend le lecteur et interpelle sa morale, sa position...
"voilà, tu vas "regarder vraiment" ".Dans ce "système" "vertical" "capitaliste" , cette "farce",c'est si arrangeant de placer le criminel dans le mal , les démunis "en dessous" ? Ne faut-il pas "Que quelque chose d'insupportable' soit purgé. Un homme doit payer pour ts les hommes." Percutant.  Très bien construit et écrit.
Voilà ce que j'attends de la littérature comme Kafka qu'elle soit "la hache qui brise la mer gelée en nous."
Une claque littéraire et réflexive.

1ère fiction de C.Debré , après 3 livres autobiographiques.Elle était avocate avant d'où probablement cette interpellation sur le bien,le mal




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