AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 188 notes
5
10 avis
4
13 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
5 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Offenses" c'est l'histoire d'un meurtre puis d'un procès d'un jeune de banlieue accusé du meurtre d'une octogénaire, qui conduit à la réflexion sur la société et qui bouscule quelques idées reçues sur la justice française.

Le jeune homme est pauvre, déjà père a à peine vingt ans, pris en otage par un dealer à qui il doit de l'argent, tue une vieille femme de dix coups de couteau pour seulement 450euros. Cette femme habite en dessous de chez lui, après son geste, il attend chez lui, ne fuit pas, six jours plus tard la police l'embarque. Les journaux en sont les gros titres "Il tue pour 450 euros". Mais que sait-on de ce jeune homme ?

Constance Debré décrit le procès et le contexte autour de ce geste : les faits, les liens, la famille, l'injustice, la misère, la pauvreté. L'auteure pose la question : peut-on reconnaitre qu'un agresseur peut être aussi une victime ? Dénonciation d'une justice a un seul sens, une injustice qui est faite pour les personnes de haut rang, de la haute société, des personnes bien nées, qui ne manque pas d'argent..

Premier roman lu de Constance Debré, lu d'une traite, en apnée, impossible de s'arrêter ; l'écriture est cash, forte, sans fioritures, aux phrases coup de poing. Chaque chapitre dérange, interroge, énonce ; les mots sont choisis avec minuties et intensités.

Un roman très cout qui interroge sur le bien et le mal, sur la société, sur notre justice, sur notre violence, sur la misère. Constance Debré avec un style concis, provoque, fait réfléchir, questionne, mais pour en sortir plus fort, pour nous sortir de notre zone de confort, pour nous montrer la vision de sa propre justice !
Commenter  J’apprécie          191
“Il n'y a pas d'innocents”, car nous sommes coupables, nous dit en pointillé Constance Debré dans Offenses. Ce cri, où l'écriture est taillée, dépecée de toutes émotions et de tous ressentis, énonce, dénonce même, la partialité du jugement en matière de Justice et la violence comme expérience salvatrice. Pour elle, loin de représenter la justesse, la Justice n'est qu'un mensonge et la brutalité, une conséquence inéluctable pour arrêter le mal-être.

En s'inspirant de son expérience d'avant, celle où elle était “avocat” dit-elle en interview, Constance Debré décrit un fait divers inventé et le procès qui s'ensuit.

Un jeune poignarde sa vieille voisine qu'il avait pourtant l'habitude d'aider en lui faisant ses courses. Parce qu'elle lui réclame l'argent qui ne lui a pas rendu, il ne le supporte pas et se laisse envahir par sa violence qui l'assaille. Dix plaies au couteau. On découvrira le corps baignant dans une mare de sang dans son appartement de sa cité en banlieue.

Constance Debré dissèque la vie du jeune et dévoile la misère sous toutes ses formes. Et elles sont nombreuses. Quelques-unes comme celle de ce jeune, père à 16 ans. Ou celle de la voisine dont le fils habitant de l'autre côté de sa rue et ne vient pas la voir. Il lui fait un signe de tête lorsqu'il la croise dans la rue. Pourtant, l'agresseur est le seul à parler de sa voisine avec attention et empathie.

Du coup, à toutes les misères, la violence, quelle que soit sa nature, est l'élément déclencheur et inéluctable pour que les choses puissent cesser.

Chaque chapitre interroge, dérange ou bouscule. La justice est devenue incohérente avec ses codes et son cérémonial à traiter ce genre de situations. Ainsi, même l'intervention de l'expert psychiatre n'a plus de sens par le prisme que pose Constance Debré. Les témoins se succèdent mais leurs interventions se dénaturent. L'accusé semble persuader qu'il n'y avait pas d'autres issues et même qu'elle devient salutaire.

Du moins, c'est la vision que l'écrivaine impose. Offenses rappelle la responsabilité que nous partageons pour accepter les inégalités. Notre société produit et laisse s'enkyster des situations où la violence est la seule issue. Est-ce la nature humaine ou la société qui engendre ce type de situation ? Constance Debré ne répond pas mais distille une noirceur qui est omniprésente.

Le style et les mots choisis captent avec intensité. Constance Debré condense sa langue, la dépouille, l'épure pour ne garder que le strict minimum.

Offenses est un roman court qui interroge sur la justice et la violence, sur notre société et les injustices qu'elle produit, sur la nature humaine et le bien et le mal. Avec une langue travaillée comme au scalpel, Constance Debré convoque pour partager sa vision, dénonce pour réveiller et interpelle pour bouleverser !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          124
Un jeune homme tue une vieille dame de plusieurs coups de couteau pour la somme dérisoire de 450 euros. La nécessité pour lui d'un remboursement urgent. Je n'en dirais pas plus pour garder le mystère ; le livre fait moins de 150 pages.

Tout est condensé et bref, dans un style gonflé de colère, de ressentiment et de rage. On sent la violence sous-jacente dans chaque phrase, le ras-le-bol, le trop plein contre une forme de fatalité et de société qui prône une justice qui n'existe pas.

Ancienne avocate pénaliste, Constance Debré connait son sujet. On suit les pensées de ce jeune homme, ses tergiversations, ses choix ou absence de choix, les conséquences judiciaires en passant par la description de son quotidien où l'espoir d'une vie meilleure semble pipé dès l'enfance.

Virage littéraire pour Constance Debré qui délaisse l'autobiographie/autofiction de ses trois premiers livres. Si le style est assez différent, comme un choix volontaire de cumuler changement de thème avec changement de plume, j'ai malgré tout retrouvé cette volonté d'en découdre, cette forme d'agressivité et de remise en cause des codes, des croyances et des certitudes.

Elle y va franco. Elle assène, elle constate, elle décrit, elle accuse ; on a parfois l'impression qu'elle hurle et a envie de tout casser. Un roman d'une rare intensité.
Commenter  J’apprécie          100
« Notre Père (…)
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

Il l'a tuée pour 450 euros
Il l'a tuée et est retourné se coucher
Dans l'appartement du dessus
Sans se cacher
Il a tué cette octogénaire
Pour qui il faisait des courses
Une dette de drogue
De pauvres gens
450 euros pour deux vies

« et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du Mal »

Rapidement la police le retrouve
L'engrenage judiciaire
La condamnation
La prison
Un crime brutal, violent, sans motif, il faut bien condamner son auteur
Protéger la société
Maintenir l'ordre

« Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel »

La justice
La société
La prison
La vie
L'exclusion
La drogue
450 euros

Qui est coupable?

Constance Debré fout un grand coup de pied dans ce monde manichéen. Iconoclaste, elle l'est définitivement. Gentille petite fille, pas son genre. L'ancienne avocate penaliste pose un regard sans concession sur la société, le système judiciaire et la loi des hommes. « Le droit est une farce ».

Elle nous offre un texte fort, qui se lit en apnée, avec un champ lexical travaillé. le Bien et le Mal. le Bien contre le Mal. le Mal dans le Bien. le Bien dans le Mal.

Un texte qui ne vous laissera pas indemne. Qui vous remuera. Vous poignardera. Un texte comme je les aime duquel transperce un certain humanisme.
Commenter  J’apprécie          90
Un livre coup de poing, dont le résumé a aiguisé ma curiosité. Car ici, Constance Debré revient avec une plume toujours aussi forte, parfois violente, mais une histoire en apparence moins personnelle. Quoique, l'ancienne avocate a probablement mis tout ce qu'elle avait de la mémoire de son ancienne vie pour donner vie à ce texte, précisément. Coup de poing, et presque coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          60
Une belle découverte, l'écriture est incisive chirurgicale, les phrases sont courtes mais tranchantes, directes et le propos d'actualité.
Une vieille femme est assassinée pour un peu plus de 400 euros par son voisin, "nourrice" et dealer qui doit de l'argent à son fournisseur sous peine de voir sa famille molestée. Un crime odieux certes mais banalisé par la société blasée de ces règlements de compte. L'histoire est donc racontée avec une froideur, un recul et une analyse de la justice qui ne laisse pas indifférent.
J'ai pensé au début de cette prière : Pardonnez nous nos offenses comme nous pardonnons ceux qui nous ont offensés.
Commenter  J’apprécie          50
Constance Debré poursuit dans un pas à pas de textes courts la construction d'une oeuvre, son chemin de décryptage du point de chavirement (pour reprendre le mot de Lola Lafon) de sa vie. Cette fois c'est en livrant son point de vue par la voix (voie) d'un jeune homme jugé pour meurtre en disséquant au laser la question morale, sous tous les aspects, du dossier de justice.
En cent vingt pages est démontré combien la complexité des êtres et des faits si justement décrite est laminée par la comptabilité du bien et du mal dès qu'en apparaît la personnification sous forme de « Eux/moi » ou comme ici « Vous/nous », pour une plongée abyssale qui ramène à la violence sans la dénouer.
Je venais de poser une critique d'« Eux » de Joyce Carol Oates quand j'ai lu « Offenses ». Cinquante-cinq ans séparent ces deux textes en écho troublant, l'un débordant de ces 640 pages acharnées à un récit qui fouille les vies sans en perdre une miette, l'autre resserré sur les faits mais les faisant parler. La forme est différente pour une démarche et une sensibilité si proches, à considérer l'impasse où mène le raccourci des « Eux », des « Vous » qui inlassablement alimente la violence.
Commenter  J’apprécie          40
Roman choc.
On est plongés dans un drame social de banlieue: Un meurtre, un dealer, des enfants placés, des enfants parents à seize ans, le manque d'argent au coeur de tout.

L'histoire est un prétexte à une théorie sur la « géographie » de la justice. (Très intéressant).

Constance Debré vous retourne le cerveau et vos certitudes avec un texte très fort et un criminel élevé au rang christique.

Roman qui fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          30
"Offenses" commence avec une sordide histoire de meurtre dans un modeste appartement de banlieue parisienne. le logement est celui d'une vieille femme aigrie par la vie, délaissée par sa famille, rejetée par les habitants de son quartier. le seul personnage qui lui parle ou l'aide est paradoxalement son assassin, un jeune homme de 19 ans qui vit au-dessus de chez elle et qui la tue en raison d'une dette dérisoire qu'il avait auprès d'un dealer. La misère se nourrit de la misère avec ce crime qui est le premier temps du roman.
Le deuxième est celui du procès, une autre narration, celle de l'appareil judiciaire, celle du jugement d'un homme seul face à la société. Nouveau paradoxe, alors que le jeune homme est au centre du procès, qu'il en est le personnage principal, l'expert psychiatrique « spécialisé dans l'âme humaine » dit de lui qu'il est insignifiant, comme s'il n'avait pas de valeur, ni pour le procès ni pour la société. D'ailleurs, les juges eux-mêmes ne semblent guère considérer l'humanité de l'accusé pour s'intéresser surtout à son côté monstrueux. La condamnation suit, sans surprise.
Ce jeune homme m'a immédiatement fait penser au Raskolnikov de Dostoïevski qui tue une vieille dame pour de l'argent. Évidemment, la forme littéraire n'est pas la même. Ici, le propos est resserré sur une centaine de pages pour aller au coeur du sujet, au coeur des ténèbres. Et même si Constance Debré utilise le « il » d'un narrateur omniscient, elle revient par moment à la puissance du « je » pour « crache[r] à la figure du monde, dénonce[r] ses mensonges, pleure[r] ses promesses. » L'écriture est épurée et va à l'essentiel.
Ici, la hache de Raskolnikov est remplacée par un gros couteau de cuisine. Les victimes se ressemblent et leur mort n'émeut personne. Les deux assassins ont des points communs également. Ils partagent la pauvreté, l'exclusion sociale. Leurs actes criminels semblent même arranger tout le monde et avoir un but politique, humanitaire ou sacrificiel. Dans "Offenses", le narrateur déclare : « Je l'ai tuée mais je l'ai tuée à votre place. Je tue mais je tue par vous, pour vous et avec vous. Je tue parce que vous vous nourrissez de mon crime, parce que vous vous nourrissez des assassins, pour vous permettre de nous punir, parce que ainsi va le monde qui a besoin de victimes sans fin, le monde qui est fait de bourreaux partout. »
Le texte peut gêner, déranger, embarrasser, plus en raison des questions qu'il soulève que d'un éventuel sentiment de culpabilité. "Offenses" n'est pour moi ni un roman à thèse ni un pamphlet. Constance Debré décrit des souffrances psychiques, des dysfonctionnements administratifs, mais elle ne donne ni solutions ni leçons de morale et ne cherche pas à régler ses comptes avec l'institution judiciaire. Elle n'analyse pas les mécanismes psychologiques ou institutionnels générateurs de douleur, mais nous plonge dans l'âme humaine, dans nos peurs, dans notre humanité confrontée à la violence, une humanité déclassée qui survit à l'écart des centres-villes proprets. C'est un univers social peu exploré que l'autrice décrit sans artifice en délivrant une vérité âpre.
Ancienne avocate pénaliste, elle n'a pas oublié les clients qu'elle a défendus, les prisons qu'elle a visitées, les procès auxquels elle a participés. Elle puise dans cette expérience la matière pour nous rappeler des vérités simples et factuelles sur l'origine sociale pauvre ou modeste des accusés, sur la posture froide et insensible de l'institution judiciaire plus dans la sanction que dans la réparation. Constance Debré nous pose des questions morales ou politiques sur la frontière mouvante entre le bien ou le mal. le monde est-il séparé entre victimes et coupable ? Pourquoi se sent-on concerné lorsqu'un crime est commis alors qu'on veut proscrire celui ou celle qui l'a perpétré ? En plaçant le lecteur dans la peau de l'accusé, ce récit m'a touché par son universalité comme s'il racontait notre histoire, celle de la grandeur et la misère de l'humanité. À aucun moment, Constance Debré n'excuse l'acte criminel ce qui, il me semble, lui permet de mieux sonder l'âme humaine et d'aider le lecteur à mieux se connaitre en s'interrogeant sur des notions philosophiques. N'est-ce pas le rôle et la force de la littérature ?
Commenter  J’apprécie          30
C'est avec une certaine impatience et curiosité que j'attendais ce nouveau livre de Constance Debré récemment et amplement présenté par la presse avec des commentaires contrastés.

N'ayant lu cet auteur que le nom et surpris de son contenu, histoire familiale, rejet de valeur que devait illustrer on ne peut mieux le grand-père premier ministre de de Gaulle et une conception du monde des plus négatives du moins est ce ainsi que d'aucuns ont pu le percevoir, donc, qu'en serait il de ce nouvel opus.

Exit la dimension autobiographique, il s'agit d'une histoire de meurtre, d'une histoire d'un meurtrier et d'une histoire de bien et de mal avec la justice en maître arbitre.

Sur une première lecture, j'ai l'impression de ne rien avoir compris, ayant du mal à ne pas prendre pour argent comptant ce qui est écrit d'autant que l'écriture ici est sans appel au regard des vérités énoncées.
Donc première lecture, il y a ceux d'en bas et ceux d'en haut. le meurtrier est issu d'en bas. Un enchaînement le conduit à tuer une octogénaire. Ceux d'en haut incarnant le bien, créent des situations où ceux d'en bas peuvent être conduit à des extrémités. Extrémités incarnant le mal permettant à ceux d'en haut d'incarner le bien.
Peu satisfait de ces incarnations à répétitions aux allures simplistes, une deuxième lecture s'impose pour plus de recul.

Deuxième lecture.
Deux lectures, l'une narrative, de qualité, précise et concise un peu trop peut être, reprenant le parcours meurtrier et l'histoire du futur condamné issu du monde d'en bas. Constance Debré, ancienne avocate ce réquisitoire fait figure de défense, manque donc le parcours de la vieille dame assassinée qui n'en demandait pas tant ( d'être assassinée ).

Deuxième lecture, celle de Constance Debré exposant ses vision et conception des choses, de la vie, du monde et du fonctionnement sociétal.
Je vous laisse découvrir mais me permets certaines reprises.

P 49. Vous ne tuerez point et pourquoi pas.
Je vous laisse lire l'argumentaire contr ce commandement basique.
P 60. Vous n'irez pas en prison.
Ceux d'en haut, idem je vous laisse découvrir pourquoi.
P 114. Vous êtes des hommes malades. Malades de vos vies vides. Malades de votre cruauté non assumée. Malades de vos mensonges. Malades de votre trahison. PS cette manie de parler pour l'autre
P 121. Votre morale cache votre faute. Votre droit cache votre crime. Votre bien cache votre violence et notre servitude. C'est nous qui faisons votre paradis.

Constance Débré postule l'existence de deux mondes l'un vivant aux dépens de l'autre.
P 61. Je tue mais je tue par vous., pour vous et avec vous. Je tue parce que vous vous nourrissez de mon crime, pour vous permettre de nous punir parce que ainsi va le monde.

Offenses. Non il n'y a rien d'offensant à exprimer ses idées, elles seront toujours sources de réflexions d'échanges de relativité et un frein à tous ceux qui campent sur leurs certitudes.

La dernière phrase comme j'aime bien à les citer. Une histoire de jugement dernier. Je passe mon tour.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (438) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}