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"Offenses" comme dans “Pardonne-nous nos offenses.” Mais quand l'offense est un meurtre ? L'assassinat d'une vieille dame - vieille, veuve et pauvre - par son jeune voisin pour quatre cent euros. “C'était comme il a dit, elle par terre et lui à genoux, il l'a tuée comme on prie.” Dans ce livre, au lieu de défendre ou d'accuser le meurtrier, Constance Debré attaque tout le reste. “Le coupable à côté c'est presque un saint.”

Tout le reste c'est “vous” et c'est “nous”. le “vous” c'est nous les lecteurs, nous les bourgeois, nous les gens d'en haut. le “nous” c'est elle la narratrice, lui le meurtrier, eux les gens d'en bas. “Où que vous soyez si vous me lisez vous êtes au-dessus.” Elle dénonce ainsi la géographie verticale du monde. “Vous marchez sur nous” étant la première phrase du livre, le reproche fondateur.

La laideur d'un crime n'est rien face à la laideur du monde. La nôtre et la vôtre. Celle de la victime, du coupable, de leurs familles minables, du dealer, des témoins, des amis. Mais aussi celle des juges, “ces fonctionnaires en robe de prêtres”, des journalistes, des psychiatres, de l'avocat général, “comme les rois d'il y a mille ans.” Constance Debré envoie au diable les procès et la justice : “toujours la même mascarade, les mêmes déguisements, la même sale messe.”

Au-delà des références bibliques, des propos intransigeants décochés tels des flèches, des descriptions froides comme des tombes, on sent des relents de littérature. le choix des mots, de leur ordre, de leur répétition. La gestion de la ponctuation. Il y a même Pascal et Proust au beau milieu de nous autres, comme des apparitions. Amen.
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‹‹ ᴄ'ᴇsᴛ ᴛᴏᴜᴛᴇ ʟᴀ ʟᴀɪᴅᴇᴜʀ ǫᴜɪ ʀᴇssᴏʀᴛ, ᴅᴀɴs ᴜɴ ᴄʀɪᴍᴇ ᴜɴ ᴘʀᴏᴄᴇ̀s, ᴄᴇʟʟᴇ ǫᴜɪ ᴇsᴛ ᴘᴀʀᴛᴏᴜᴛ ᴀᴜᴛᴏᴜʀ, ᴄᴇʟʟᴇ ᴅᴇ ᴄᴇᴜx ǫᴜ'ᴏɴ ᴀᴘᴘᴇʟʟᴇ ʟᴇs ᴛᴇ́ᴍᴏɪɴs, ǫᴜɪ ɴ'ᴏɴᴛ ʀɪᴇɴ ғᴀɪᴛ ǫᴜɪ ɴᴇ ғᴏɴᴛ ᴊᴀᴍᴀɪs ʀɪᴇɴ, ǫᴜɪ sᴏɴᴛ ʟᴀ̀ ʟᴇs ʙʀᴀs ʙᴀʟʟᴀɴᴛs, ʟᴇ ᴄᴏᴜᴘᴀʙʟᴇ ᴀ̀ ᴄᴏ̂ᴛᴇ́ ᴄ'ᴇsᴛ ᴘʀᴇsǫᴜᴇ ᴜɴ sᴀɪɴᴛ. ››

Le début de ma lecture fut laborieux, car j'ai eu du mal avec la ponctuation, les tournures de phrases et les changements de point de vue entre le narrateur (omniscient) et le tueur. Cependant, au bout de quelques pages je me suis habituée à la plume de l'auteur. Une plume cinglante et percutante qui a le mérite de pousser à la réflexion.

Ce récit met en avant l'égoïsme de l'être humain de par son manque d'empathie et la frontière entre le bien et le mal qui est faite de nuances.
Il est également question de la classe sociale inférieure et de la justice qui n'est finalement pas si juste que ça...

C'est l'histoire d'un meurtrier et sa victime. La vie de chacun va être disséquée lors du procès afin d'offrir une ouverture d'esprit au lecteur.

J'ai eu la sensation que l'auteure se servait du tueur pour faire passer plusieurs messages personnels et qu'elle avait du mal à se dissocier de lui.
Il se crée une sorte "d'effet domino" des actes de chaque individu , dont les conséquences nous rendent tous responsables de tous les méfaits, et même coupables. Une vision assez sombre.

Le dédain pour la classe sociale inférieure et la vieillesse est flagrant. L'utilisation du terme "vie minable" pour décrire une personne pauvre et "laideur" pour décrire une personne âgée m'a vraiment déplu.

Au final, je suis ravie d'avoir découvert ce roman qui m'a fait sortir de ma zone de confort.

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La justice, au sens institutionnel du terme, l'autrice la connaît bien pour l'avoir pratiquée pendant des années en tant qu'avocate, avant de choisir de se consacrer pleinement à l'écriture. Sa critique radicale n'en est que plus percutante puisqu'elle vient de l'intérieur. Mais avant d'en venir au procès, qui occupe les dernières pages du livre, celui-ci commence par la description de la scène de crime, froidement détaillée comme une nature morte, avant de s'embarquer dans une sorte d'enquête retraçant le parcours du criminel, mêlant parfois dans le même chapitre un point de vue interne à la première personne du singulier et une prise de recul à la troisième personne.

Le plus souvent, il dit « je », ce jeune homme qui n'hésite pas à s'avouer coupable, qui après son crime n'a jamais cherché à fuir, attendant docilement que la police vienne le cueillir puis que la justice décide quoi faire de lui. Et dès la première page, son « je » est un miroir tendu au « vous » qui alpague les lecteurs/trices, représentant(e)s de toute une société solidaire et complice du crime accompli. Peu à peu, les pièces du puzzle s'assemblent, dressant le portrait d'une famille dysfonctionnelle moyenne de banlieue précaire : un ado déscolarisé, une fratrie divisée par les placements en foyer, une famille recomposée qui éclate après une accusation d'attouchements sur la plus jeune des filles, un flou sur la filiation côté paternel, le manque criant d'argent et la fumette pour supporter le quotidien. L'auteur des faits, sans emploi, sans logement, hébergé par un père qui n'est même pas son géniteur biologique avec sa compagne et leur petite fille, sans ressource autre que celle de louer ses services au dealer qui tient le quartier, sans perspective autre que de tenter ailleurs d'aller trouver l'emploi qui n'existe pas ici, surtout sans qualification aucune, bien qu'inconnu des services de police, semblait déjà tout disposé à basculer. Son crime, violent et brutal, ne semble pour lui que la suite logique d'une vie à la marge, d'emblée condamnée par l'organisation verticale de la société capitaliste.

Qui est vraiment coupable ? Les parents qui n'ont pas su protéger leurs enfants et les empêcher de tomber sous la coupe des trafiquants de drogue ? le système scolaire, qui a laissé l'absentéiste passer de classe en classe jusqu'à atteindre l'âge où la scolarité n'est plus obligatoire ? La famille de la victime, qui en laissant l'octogénaire à l'abandon l'a mise à la merci du premier venu ? La justice, qui se contente d'un coupable au premier degré sans chercher les racines du mal ?

Le texte ne fait pas dans la dentelle, mais dans les phrases-chocs qui viennent percuter toute l'organisation d'une société régie par l'argent : ceux ou celles qui en ont, à l'abri de l'enfer symbolisé par la prison, ceux ou celles qui n'en ont pas, condamné(e)s à sagement rester à leur place de quasi esclaves et de consommateurs/trices silencieux/ses à moins de glisser du côté du mal, défini en tant que tel par les privilégié(e)s. Fondamentalement travaillé par les rapports de classe, le texte l'est aussi par des références, la première étant, comme le titre peut y faire penser, la religion catholique. Filant le champ lexical de la morale chrétienne et l'identification christique, l'autrice se veut iconoclaste. Bien que pointant l'assimilation de la culture à celle des classes dominantes, elle ne fait pas moins usage de parallèles avec Pascal, Shakespeare ou encore Proust comme pour rendre à son protagoniste une grandeur et une humanité dont toute la société, bien avant son crime, l'aurait déjà privé.

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Un jeune homme de dix-neuf ans tue sa voisine, une vieille pour qui il faisait des courses. Il l'a tué pour quelques euros, pour se payer de la drogue. Il vivait avec sa copine chez son père, ils ont une petite fille de trois ans. Il l'a tué sans lui vouloir du mal alors que tout le monde la détestait la vieille, il n'y a que lui qui lui rendait service. Il ne travaille pas, ne fait pas d'études, bien sur que non.
Constance Debré s'essaie à un premier roman après trois livres autobiographiques. Elle porte le même regard sur le monde que dans ses essais, un regard sans concession, net, tranchant comme le style qu'elle adopte. Sa vision du monde et des hommes est noire, nihiliste. Ça nous percute mais un peu moins que dans ses ouvrages personnels. Peut-être parce qu'il est difficile de transposer son point de vue si personnel et définitif dans une oeuvre de fiction. Une oeuvre où aucun des personnages n'est elle.
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C'est la première fois que je lis cette autrice. J'avais entendu parler de son écriture qui pouvait soit plaire soit être détestée.
Après ma lecture, je ne sais pas me positionner. J'ai trouvé que ce livre pouvait être lu à voix haute pour entendre le rythme saccadé. Les répétitions volontaires sont comme une houle.

Il y a la violence des mots et la froideur des descriptions, sans ornement pour adoucir la vérité.
Je cherche encore le sens de ce texte, je me demande de quel côté est Debré, du côté du meurtrier ou de la victime.
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