Librairie Caractères- Issy / Commande mi-janvier 2022- chronique le 17 février 2022
Toujours une vraie jubilation de retrouver l'univers et les mots de cette auteure, découverte avec grand enthousiasme, il y a déjà quelques années, avec deux de ses livres, s'inspirant de sa pratique de « Relieuse » [comme son grand-père ] : «
La relieuse du Gué » et «
le portefeuille rouge » [d'ailleurs ,offerts abondamment autour de moi …]
J'étais donc ravie de voir un nouvel écrit de cette dame, toujours très lié Au LIVRE !
Cette fois , notre auteure met en scène le parcours d'une fille et petite-fille d'enlumineurs, au XVe, peu de temps avant la naissance de l'Imprimerie.
Marguerite , très petite, est fascinée par l'atelier fondé par son grand-père, où son père travaille également…Elle se sauve de la maison et se réfugie dès qu'elle peut à l'Atelier,observant retenant tout ce qu'elle peut de l'exercice de l'enluminure, du broyage et de la fabrication des couleurs…
Hormis son jumeau adoré, Jacquot, auquel elle est très attachée, [celui-ci est malade et fragile], elle fuit sa mère, qui lui mène la vie dure, voulant que Marguerite se cantonne aux occupations traditionnelles des filles… : la maison, les corvées domestiques, la messe, et idée fixe maternelle : le Mariage….mais Marguerite n'en a que faire ; tout ce qui l'absorbe et la captive, c'est l'atelier d'enluminure, et ses passages quotidiens chez son parrain, apothicaire, où elle va quérir des produits nécessaires à son grand-père et son père, avec lequel elle entretient une belle complicité !
Nous sommes à Paris , à la fin du XVe siècle, sur le pont de Notre-Dame, où les corporations des libraires et des enlumineurs sont des plus florissants et actifs…
Pour une fois, les personnages les plus attachants et tolérants sont les personnages masculins : le père, le grand-père, le parrain, qui loin de cantonner Marguerite, l'encourage dans sa passion et ses talents de peintre, de dessinatrice, et d'enlumineuse. le grand-père l'accepte comme « apprentie »… elle pourra, très exceptionnellement, réaliser ses rêves et son ambition suprême de devenir la meilleure « Enlumineuse » de la Capitale …
Il y aura bien sûr moult difficultés et épreuves, mais « notre » Marguerite a un sacré caractère et une sacrée détermination, elle persistera et réussira contre vents et marées ! !!!
Cette fiction est des plus vivantes et colorées grâce au choix de l'écrivain d'utiliser à de nombreuses reprises, un français ancien… des expressions moyenâgeuses, qui finissent de nous immerger dans cette époque…
Marguerite prendra la direction de l'atelier familial d'Enluminure à la mort du grand-père, pendant que son père voudra se lancer dans ce nouveau défi : l'Imprimerie !
« Mais ce projet du père est venu ouvrir des perspectives. L'industrie de l'imprimerie est en plein essor.De ce nouveau monde, le père veut être. (..)
Rien n'arrêtera cette nouvelle invention. le livre qui était serré avec les bijoux ou les titres de propriété hier,sera demain laissé à portée de mains,lu,relu,on le partagera comme un repas, comme on partage l'essentiel. » (p.114)
Merci à l'auteure de ce très beau moment de lecture. Lecture pleine de charme, de vie et de couleurs chatoyantes (dans tous les sens du terme),soulignant à notre plus grand bonheur, l'unicité et la singularité magique des métiers liés aux soins, à la conservation et à l'embellissement de nos amis, Les Livres !