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EAN : 9782702185803
208 pages
Calmann-Lévy (17/08/2022)
3.2/5   38 notes
Résumé :
Comme chaque année, Baya, ses soeurs et une ribambelle de cousins passent leurs grandes vacances à Hammamet. C’est pour elle l’été de tous les bouleversements. Véritable défi à la modération, cette famille est un univers où il est à la fois drôle, attachant et dangereux de naviguer. Les luttes de pouvoir s’exercent, y compris entre les enfants, dans l’indifférence totale des adultes. Sous le joug de cousins plus âgés, Baya vit des moments d’autant plus doulou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire de Baya, famille bourgeoise d'origine tunisienne vivant à Genève. Tous les étés, elle rejoint avec ses soeurs ses cousins et leurs parents dans la maison d'Hammamet de la grand-mère. Etés du laisser-aller où les enfants évoluent dans un chaos étourdissant d'adultes déresponsabilisés, dans le tourbillon d'une clique de cousins pléthoriques. L'été de ses douze ans est celui de la bascule. Elle a ses règles pour la première fois. Elle n'y comprend rien. Rien de ce qui se passe dans son corps ou dans le regard des adultes qui change et lui offre un nouveau statut flatteur de jeune fille. Jusqu'à ce qu'elle devienne la proie de ses cousins plus âgés.

Khadija Delaval propose un portrait puissant d'une jeune fille rattrapée par son corps et par la violence qui fait irruption dans sa vie d'enfant. le roman initiatique qu'elle dessine fait évoluer Baya et reprendre le pouvoir. Apprendre à dire non, à ne plus se taire, n'est pas naturel, surtout dans une famille aussi dysfonctionnelle, toute bourgeoise qu'elle soit selon les apparences. Sa route sera solitaire pour dépasser le mektoub, « ce mur en béton sur lequel on ne faisait que se cabosser la tête toute sa vie durant en espérant que le bon Dieu le changerait si on prenait le bon chemin. »

Incontestablement, l'auteure a trouvé un ton authentique à hauteur d'enfant, avec toute la singularité de cette période. On découvre, souvent effarés, la logique particulière des enfants, leur vie secrète, leurs perceptions qui échappent aux adultes. Elle tape très fort, ses phrases décrivent sans tabou les affres d'une jeune fille perdu qui cherche une issue à l'horreur qu'elle vit, rongée par la culpabilité que ce qu'elle a vécu est sa faute.

Pas de place à la pudeur lorsqu'il faut raconter un viol et les conséquences psychologiques sur une jeune fille de douze ans. Les mots sont crus, durs, choquants. On sent la volonté de Khadija Delaval d'atteindre le lecteur, forcé de lire les yeux grands ouverts, impossible de ne pas regarder. Et le malaise s'installe car il y a plusieurs scènes détaillées à l'extrême qui déploient une grande violence physique et psychologique, et s'impriment dans la rétine. Toujours avec la complicité passive des adultes qui, certes ne savent pas, mais ne cherchent jamais à savoir ce que font leurs enfants en roue libre.

Ce malaise est voulu, délibérément provoquée, mais il m'a dérangée. Pas parce qu'il parle de viols, j'ai lu récemment plusieurs romans d'une grande crudité sur le sujet qui m'ont embarquée. Il faut en parler. Les auteurs sont là pour déranger le confort des lecteurs et sortir la poussière de dessous le tapis.

Mais dans ce roman, je ne suis jamais entrée en empathie avec Baya, et cela m'a perturbée de ne pas avoir envie de la consoler. En fait les scènes les plus dures, nombreuses, et la récurrence des allusions aux règles, au sang menstruel, aux culottes salies et aux serviettes hygiéniques sales m'ont éloignée d'elle, me donnant la sensation d'être placée en position voyeuriste, finissant par me dégouter. Encore une fois, je suis persuadée que cet effet est recherché par Khadija Delaval, de même que la métaphore appuyée des menstruations sur la difficulté de devenir une femme dans le monde actuel.

Il est très rare qu'une lecture me laisse aussi perplexe une fois achevée, dans le sens où je lui reconnais de grandes qualités d'écriture et d'audace, tout en ayant été rebutée de façon très organique par certains passages, ce qui a altéré mon adhésion à l'ensemble. Reste un portrait à la fois dérangeant et inspirant d'une jeune fille qui construit son identité de femme forte et servira de repère à ses petites soeurs pour leur montrer la voie.

Lu dans le cadre du Coups de coeur des Lectrices Version femina novembre 2022
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Baya, la narratrice, est une jeune fille tunisienne née dans un milieu aisé. Pendant l'année, elle vit à Genève avec ses parents et ses soeurs mais, une fois l'été arrivé, elle va passer les vacances chez sa grand-mère à Hammamet, avec une flopée de cousins et cousines, avec ou sans les parents, dans une atmosphère libre et extravagante.
Cet été-là, Baya a douze ans et a ses règles pour la première fois. Elle savait que cela lui arriverait un jour, mais ne comprend pas réellement la portée de ce qui se passe, sa mère est à Genève, et ses tantes et sa grand-mère ne parviennent pas à la rassurer totalement. Baya comprend néanmoins qu'elle est désormais admise dans le cercle des « grands », qu'elle peut rester tard le soir avec les adultes et sortir avec ses cousins et cousines plus âgés.
Elle perçoit aussi qu'on (surtout les hommes) la regarde autrement, et, à la fois flattée et méfiante, ne sait pas trop comment interpréter ce changement d'attitude à son égard. Elle passe ainsi, sans transition et sans soutien, du monde de l'enfance à celui, plus trouble, des adultes, dans une catégorie d'âge où elle est la seule de la famille à se trouver, trop grande pour jouer avec les petits mais encore loin d'être aussi mature que ses cousins plus âgés.
Alors que les adultes se contentent de pourvoir à l'intendance sans trop se soucier de leur progéniture, les jeunes sont livrés à eux-mêmes, et certains ne s'en privent pas pour jouer à des jeux malsains et violents. Baya en sera la victime, mais elle n'en dira rien, faute d'avoir quelqu'un à qui se confier et faute d'avoir compris le sens de ce qu'elle a subi. Sans compter les non-dits, les tabous et les injonctions faites aux femmes, tout cela transmis de génération en génération depuis trop longtemps et sans l'ombre d'une remise en question, pour ne pas heurter l'honneur et les traditions.

« La nièce du taxidermiste » est un roman initiatique dur et dérangeant, dans lequel la narratrice, qui semble très froide et détachée, met du temps à comprendre la violence de ce qui lui arrive, persuadée qu'elle est forcément coupable de quelque chose. le contexte socio-culturel et l'aspect psychologique sont très bien décrits, et le roman montre bien l'hypocrisie d'un milieu ou d'une société où la vie est apparemment libre et chaleureuse, mais où l'envers du décor révèle une réalité cruelle dans laquelle des parents insoucieux négligent de prendre soin de leurs enfants.

En partenariat avec les Editions Calmann-Lévy.
#Laniècedutaxidermiste #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Elle a treize ans. Elle nous raconte l'irruption de la puberté dans sa vie de jeune fille. Bien qu'elle ait été avertie, elle n'avait pas vraiment compris qu'elle serait concernée. Les premières règles constituent un véritable traumatisme, dont il sera question tout au long du roman, car cet événement intime sera associé à d'autres souvenirs encore plus douloureux.

Si elle vit en Suisse, les vacances d'été se passent en Tunisie, dans la maison familiale, avec les oncles et tantes, les cousins et les cousines. Les relations sont troubles, entre séduction et chamaillerie de l'enfance. On perçoit la sexualisation malsaine des échanges, d'autant plus dérangeante, que la jeune fille n'en comprend vraiment l'enjeu. Ce qui en ressort par contre clairement, c'est la place et le rôle attribué aux femmes, objets à marier, au cours d'une fête qui contribue à pérenniser leur statut sous couvert de traditions.

L'épisode le plus dramatique est curieusement traité avec un certain détachement, de la part de la victime au moment des faits, mais aussi de la narratrice qui en parle. Il faut l'insistance d'un ami témoin de la scène pour qu'elle prenne conscience de l'inadmissible.

Le versant culturel de ce roman est tout à fait intéressant, mais malgré tout, on ressent un malaise lié au décalage entre ce qui a été vécu et ce qui est ressenti. L'immaturité de la jeune fille n'est pas suffisante pour expliquer cette indifférence affichée. Il ne s'agit même pas d'un pardon puisqu'il n'y a pas de crime.

Impression mitigée pour ce premier roman qui se démarque par le ton sur un sujet très porteur ces dernières années

208 pages Calmann-Lévy 17 août 2022
#Laniècedutaxidermiste #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La narratrice, Baya, passe tous les ans les vacances chez sa grand-mère à Hammamet avec tous ses cousins et cousines . Or, cet été là ne sera pas comme les autres.
En effet, l'apparition de ses règles va chambouler la jeune fille qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Les semaines qui vont suivre seront très dures pour Baya qui subira plusieurs viols, notamment d'un de ses cousins plus âgés.
Elle va découvrir que le monde dans lequel elle vit, plombé par les non-dits et l'hypocrisie, ne protège pas les plus jeunes des adultes.
C'est un roman fort, dérangeant à certains moments mais qui a le mérite de mettre en lumière le fonctionnement d'une société aux apparences vertueuses mais extrêmement dure et violente.
« J'aurais voulu arrêter le temps, attraper Dieu, je croyais encore parfois qu'il existait. L'attraper au col et lui demander de s'expliquer. Est-ce que tous les enfants du monde devaient passer leurs vies à fuit une rouée, une fessée, des doits ou un pénis dans le vagin ou entre leurs fesses ? (…) Est-ce que c'était ça grandir ? Passer son temps à surveiller tous ses trous et ses seins en essayant de faire en sorte de ne jamais laisser personne approcher de trop près ? (…) Je voyais aussi les contradictions que les grandes personnes semblaient porter avec sérénité en elles. Whisky à la main et voeux spirituels à tout bout de champ, tiens prends un coup de boucle de ceinture mais qu'Il te montre le chemin. Viens que je t'abandonne et ne te laisse pas de quoi manger à ta faim, et après je pars en pèlerinage ? Et quand, comme avec Ghalta, Maridth, Zoufri et l'oncle de Lise, j'avais fait appel à Lui, il n'avait pas été là. »
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Etonnant ce roman dont le titre, à mon sens, ne va pas avec le contenu!
Baya a douze ans, son père est suisse et sa mère tunisienne. Chaque année, elle passe l'été dans la maison de sa grand mère, avec ses cousins et cousines.
Cet été-là, Baya a ses règles pour la première fois et cela l'inquiète beaucoup. Sa mère n'étant pas là, elle se confie à sa grand mère qui n'en fait pas grand cas mais las adultes, à sa grande honte, en parlent sans pudeur.
J'ai été surprise et choquée par le ton de ce livre, qui, tout en soulignant les difficultés de la jeune fille face à elle-même dans un moment où elle aurait eu besoin de se confier, raconte sans émoi ses rapports violents avec ses cousins, qui la font devenir femme sans se soucier de ce qu'elle ressent.
Je ne veux pas croire que ce qui lui est arrivé est courant dans ces grandes familles!!!
Je suis sortie un peu écoeurée de ce récit dans lequel les hommes soumettent les femmes à leur plaisir et dans lequel les adultes s'amusent sans prendre garde à ce qui se passe derrière les portes.


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critiques presse (1)
LeFigaro
08 septembre 2022
Avec ce récit qui dépeint l'irruption de la violence taboue dans un tableau pourtant idyllique, l’auteur raconte le chemin solitaire mais inspirant d’une jeune fille vers son propre pouvoir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mais elle était de surcroît d’une modernité hérétique pour son époque, et pour la nôtre.
Elle savait tout sur tout, avait passé sa vie à voyager et avait rapporté de ses tribulations une forme de féminisme ambigu car ancré dans la tradition tunisienne.
Pour elle, il était clair que le monde était régi par les femmes et gâché par les hommes. Cette conviction dont elle faisait la propagande sous différentes formes était à l’origine de son rapport viril avec le sexe opposé.
Elle n’a eu dans sa vie de femme d’autre homme que mon grand-père, mais ses frères, ses fils, ses neveux et ses gendres, et même ses ouvriers et autres domestiques, la vénéraient plus que les femmes de leurs propres familles.
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Les adultes cherchaient à gommer les aspérités entre leurs différentes méthodes d’éducation et, en uniformisant nos besoins, à faciliter la garde du petit monde que nous constituions. Je savais que mon père n’irait pas plus loin dans cette histoire de règles que de me signifier, en m’invitant à rester, que quelque chose avait changé. Il faudrait que j’attende, et encore peut-être sans résultat, que ma mère arrive pour que le problème soit traité.
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Malgré ma détestation de la maison, ma phobie de tous les animaux empaillés dont elle était décorée, mon dégoût face aux cousins et frères de mon père, je devais être polie, discrète, serviable, gentille, polie, discrète, serviable et gentille. Et serviable surtout.
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C’était une femme d’une beauté sobre dont le visage avait vieilli avec charme. Nous avions toutes deux des rapports particuliers car dans ses relations à ses petits-enfants, elle s’était d’une certaine manière arrêtée à moi. Ses trois aînés, Samra, Maridh et moi-même avions avec elle des liens forts et plus ou moins faciles. Pour elle, Samra était simplement la cadette de ses filles, d’une dizaine d’années à peine plus jeune que le dernier de ses fils ; née alors que ma grand-mère avait encore l’âge d’être sa mère.
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J’imagine que ce fut ma chance. Je ne sais plus ce que ça signifiait pour moi à l’époque, mais je connaissais Freud et le complexe d’Œdipe. Je savais que c’étaient des trucs louches. De l’ordre de ce qui ne se disait pas et ne devait pas se dire. J’ai pensé qu’elle devait en être imprégnée pour avoir posé cette question et, comme ensuite elle m’a juste embrassée sans insister et que ma tante Tsakhef et ma grand-mère ne sont pas allées plus loin, je me suis dit que Freud m’avait sauvé la mise.  
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Videos de Khadija Delaval (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Khadija Delaval
Khadija Delaval présente son premier roman "La Nièce du taxidermiste" Un échange animé par Marie-Madeleine Rigopoulos
Comme chaque année, Baya, ses soeurs et une ribambelle de cousins passent leurs grandes vacances à Hammamet. C'est pour elle l'été de tous les bouleversements. Véritable défi à la modération, cette famille est un univers où il est à la fois drôle, attachant et dangereux de naviguer. Les luttes de pouvoir s'exercent, y compris entre les enfants, dans l'indifférence totale des adultes. Sous le joug de cousins plus âgés, Baya vit des moments d'autant plus douloureux qu'en l'absence de sa mère elle ne peut se confier à personne. Trébuchant mais découvrant aussi sa propre force, Baya va traverser cette mer de difficultés, d'injonctions silencieuses et de tabous transmis de génération en génération, et en sortir en tous points grandie. Roman initiatique, La Nièce du taxidermiste nous offre une puissante et tendre évocation de ce qui attend les femmes dans la grande aventure de leur corps et de leur identité.
https://bit.ly/3axOSbz
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