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EAN : 9782707344984
336 pages
Editions de Minuit (04/10/2018)
4.29/5   7 notes
Résumé :
UNE CONNAISSANCE INUTILE Alors vous saurez qu’il ne faut pas parler avec la mort c’est une connaissance inutile Une connaissance inutile est le troisième ouvrage de Charlotte Delbo sur les camps de concentration. Après deux livres aussi différents par leur forme et leur écriture que Aucun de nous ne reviendra et Le Convoi du 24 janvier, c’est dans un autre ton qu’on lira ici Auschwitz et Ravensbrück. On y lira plus encore une sensibilité qui se dévoile à travers les... >Voir plus
Que lire après Auschwitz et après, tomes 2 et 3 : Une connaissance inutile - Mesure de nos joursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre fait suite à "Aucun de nous ne reviendra" "Auschwitz et après, livre I".
Celui-ci contient livre II "Une connaissance inutile" et livre III "Mesure de nos jours".
Pour le lecteur, il est à mes yeux (humbles) important de passer par le livre I avant d'entreprendre celui-ci. En revanche, on peut s'arrêter à la seule lecture du livre I pour déjà comprendre la démarche de Charlotte Delbo et partager, un peu, avec elle et ses camarades.
Le livre I est toujours à mes yeux beaucoup plus dans l'émotion, peut être une démarche de délivrance, de libération de la mémoire et de la parole (j'en ai fait la chronique dès la fin de ma lecture avant d'avoir lu la suite).
Les livres II et III sont une sorte d'approfondissement et de suite aussi.
Le livre II. nous amène avec Charlotte dans les camps. Auschwitz, Birkenau puis Ravensbrück. Je précise Charlotte est déportée politique - communiste -. Elle dresse des tableaux, chronologiques, car elle met en abîme la dégradation, l'accumulation des mortes. Ce sont des tableaux. L'appel. le travail. Les exécutions. le temps qui ne passe pas. Et elle y mêle des pages de pauses, de poésie, d'une très belle lecture, presque légère, dédiée à son mari, fusillé à l'âge de 28 ans, dans la prison où elle attend de connaître son sort. Toutes ces pages, quelles qu'elles soient sont incroyables car d'abord elles racontent l'incroyable, mais elles mêlent d'une manière remarquablement bien écrites, la cruauté et la mort, la vie et l'amour (ou l'amitié quand il s'agit des camarades dans le camp).
Il n'y a pas de ligne narrative, il n'y a pas de romance, non simplement des tableaux, des scènes, effroyablement précises, tous les sens sont sollicités par son écriture, l'odeur (la puanteur), la vue (la laideur), l'ouïe (les hurlements, les cris aussi bien des victimes que des bourreaux), le goût (son absence, le désir de soif) et le contact qu'il soit par les coups de bâtons ou de fouet ou les morsures des chiens, encore douleur et cruauté, qu'une main glissée en cachette dans la main de l'autre pour dire "tiens encore un peu"...
Et la langue reste poétique, belle, à la fois glaçante et chaleureuse, pour en effet, nous amener à ce constat terrifiant et horrifiant, qui enchainera sur le livre III. Connaître, avoir connu Auschwitz est, a été inutile.
Charlotte Delbo m'a emmenée ainsi et je dirais simplement que j'ai lu les derniers mots de ce livre II, empreinte d'une infinie et sombre tristesse.
Puis j'ai lu le livre III.
(enchaîné le même jour).
Il est complètement différent. Il, comme son titre l'indique "Mesure de nos jours", porte sur le retour et la vie après. Il dresse de manière très fine, subtile, très émouvante aussi, les portraits (encore des tableaux) des femmes, camarades, mais aussi quelques hommes, dans leur vie après. On retrouve le 'aucun de nous n'aurait dû revenir" qui fermait le livre I. Pour certains, oui, en effet, le retour est d'une douleur ajoutée (parents bombardés, tués, déportés, morts, solitude, clochardisation... déporté à 17 ans, revenir 4 ans après...), j'ai apprécié la diversité de ces portraits, entre l'oubli volontaire, l'oubli forcé, travaillé, tous les jours (il faut chasser de force les images, les cris...), et ceux ou celles qui ne reviennent pas Il y a celles qui trouvent une sorte de réparation en allant raconter, elles en sont presque joyeuses. Mais, la plupart décrive la vie comme deux vies, la vie des autres, ordinaires, normales, légères, et puis cette vie qui ne revient pas, elles restent à côté. Elles ne reviennent pas. C'est terrible. Epouvantablement tragique, triste. Et encore une fois, j'ai ressenti une tristesse très profonde.
D'autant plus profonde que l'oeuvre de Charlotte Delbo n'est pas connue. Je remercie ici Valentine Goby qui grâce à son opuscule "Je me promets d'éclatantes revanches" m'a fait découvrir l'oeuvre de Charlotte.
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L'ouvrage dont il est question ici regroupe les deux derniers volets des souvenir de déportation de Charlotte Delbo. Charlotte Delbo, c'est une voix singulière dans le domaine. On n'entre pas si facilement que cela dans ses textes. Son écriture est particulière, tout comme sa manière d'aborder l'innommable.
De ce que j'ai pu lire sur la déportation, les écrits de Charlotte Delbo sont nettement plus littéraires.

Une connaissance inutile, second volet est une juxtaposition de souvenirs plutôt axés sur la vie courante au camp, sur des personnages que Charlotte Delbo a côtoyés de près, sur des lieux, des sensations, des objets. Un ensemble de textes assez courts ayant une portée émotionnelle variable. Il n'y a pas de grandes démonstrations dans le propos de l'auteur, mais plutôt une certaine froideur, une retenue qui s'avère percutante.

Dans Mesure de nos jours, dernier volet, Charlotte Delbo donne également la parole à ses compagnes de déportation sur la question récurrente de l'ouvrage Et toi, comment tu as fait ?
C'est, à mon sens, le plus fort et le plus émouvant des trois ouvrages, parce qu'il est moins question de relater des faits que de mettre en mots des ressentis. Il aborde également le délicat sujet du retour des camps.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Un enfant m’a donné une fleur…



Un enfant m’a donné une fleur
un matin
une fleur qu’il avait cueillie
pour moi
il a embrassé la fleur
avant de me la donner
et il a voulu que je l’embrasse aussi
il m’a souri
c’était en Sicile
un enfant couleur de réglisse
il n’y a plaie qui ne guérisse
Je me suis dit cela
ce jour-là
je me le redis quelquefois
ce n’est pas assez pour que j’y croie.
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Chacune de celles qui sont revenues a eu de la chance, disait Jeanne. La chance d’avoir les autres.

p 317
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J’ai résisté à l’injustice…



J’ai résisté à l’injustice
elle m’a prise
et elle m’a remise à la mort
j’ai résisté à la mort
si fort
qu’elle n’a pas pu m’ôter la vie
pour se venger
elle m’en a ôté l’envie
et
elle m’a fait un certificat
je l’ai là
signé d’une croix
pour me servir la prochaine fois.
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Videos de Charlotte Delbo (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Delbo
Charlotte Delbo : Spectres, mes compagnons - Lettre à Louis Jouvet (France Culture / Théâtre et Cie). Texte présenté par Geneviève Brisac. Réalisation : Marguerite Gateau, avec des archives INA. En partenariat avec l’association “Les Amis de Charlotte Delbo”. http://www.charlottedelbo.org/. Conseillère littéraire : Céline Geoffroy. Enregistré au Festival d’Avignon le 18 Juillet 2013. Diffusion sur France Culture le 2 octobre 2016. Texte lu par Emmanuelle Riva. Photographie : Charlotte Delbo, via le site internet de “L'association des amis de Charlotte” • Crédits : @copyright Schwab. « Charlotte Delbo fut l’assistante de Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée avant d’entrer dans la Résistance. Elle est arrêtée avec son mari Georges Dudach le 2 mars 1942. Le 23 avril 1945, après vingt-sept mois de captivité dans les camps d’Auschwitz-Birkenau et de Ravensbrück, elle fut libérée par la Croix-Rouge et internée en Suède. Elle n’avait pas encore trente-deux ans. Des deux cent trente prisonnières de son convoi, elles n’étaient plus que quarante-neuf. Et Charlotte Delbo se préparait à consacrer le restant de ses jours à trouver les mots justes, à écrire des livres et des pièces de théâtre pour faire vivre la mémoire et les mots de ses amies assassinées, et de son mari fusillé. La première chose qu’elle fit, le 17 mai 1945, ce fut d’écrire une lettre. On peut imaginer dans quel état de faiblesse elle se trouvait. C’était une lettre à Louis Jouvet, qui disait : « Je reviens pour entendre votre voix. » Il y eut d’autres lettres, jusqu’à cette dernière qu’Emmanuelle Riva lira, une lettre non envoyée, non terminée, non reçue, interrompue par la mort de Louis Jouvet, en 1951. Une lettre comme un testament politique et littéraire, où le courage, la peur, le rêve et la pitié pèsent leur juste poids. » Geneviève Brisac Cette lecture de « Spectres, mes compagnons » est agrémentée d'extraits de la Radioscopie consacrée à Charlotte Delbo, produit par Jacques Chancel et diffusée le 2 avril 1974. Remerciements à Claude-Alice Peyrottes, présidente d'honneur de “L'association des amis de Charlotte”. Source : France Culture
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