Contre Euralille : Une critique de l'utopie métropolitaine

Tout d'abord je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions les étaques pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique non fiction.

Cet opuscule se veut une critique du troisième quartier d'affaires de France, célébré comme le signe réussi d'une nouvelle ère qui devait permettre à un centre commercial, une gare, des immeubles de bureaux de propulser la ville de Lille dans le grand bain des métropoles européennes. Les auteurs ont pris le parti de dresser le procès de ce qu'ils considèrent comme une utopie métropolitaine, aussi bien en terme d'architecture, de vision politique des édiles et notables, que de la bascule des habitants vers un consumérisme effréné. le tout dans le sens originel du mot, soit la négation d'un lieu.

Après une introduction sous forme de présentation du lieu, le livre se divise en cinq chapitres avec dans un premier temps, une explication de ce qui a amené le socialiste Pierre Mauroy a glissé vers le monde des affaires ainsi que vers ce projet, rendu réalisable grâce à la loi de décentralisation dans les années 80. Les auteurs exposent aussi brièvement certaines dérives mise en lumière par la chambre régionale des comptes.

Les écrivants égratignent ensuite Rem Koolhaas, architecte de l'ensemble. D'une part par le choix discutable de celui-ci mais surtout par sa conception qui révèle plus de la négation de l'existant et d'un « fuck the context ». Un lieu érigé pour les personnes de sa caste bourgeoise où l'habiter doit se plier au bâtir.

Euralille, un lieu de vie ? Les écrivains penchent plutôt pour un lieu d'exclusion où les plus pauvres ne doivent plus être visibles, au point même de les interdire. Une zone de cadres sup, le plus souvent navetteurs, entretenue par un prix particulièrement haut du mètre carré et comprenant un simili écoquartier coincé entre les rails, l'autoroute et le périphérique.

Antonio et Rafaël contestent également cette politique de la reconversion où la ville devient un produit où les mots attractivité et rayonnement règnent en maître, où tout est converti à l'eura (euro ?) : Eurasanté, Euratechnologie, Eurométropole, qui au final n'a fait que creuser la fracture sociale et servit d'ascenseur aux anciennes familles issues de la filature et autres.

Enfin les rédacteurs montrent qu'une autre vision est et a été possible en prenant pour exemple la vie d'avant dans ce coin des Dondaines (en grande partie absorbé par Euralille). Une alternative qu'on peut considérer comme étant parfois en marge mais ayant le mérite d'une implication coopérative et ingénieuse des habitants.

Si ce livre est contestataire, il rejoint en partie mon opinion sur ce lieu froid, sans réel vie, ultra bétonné où l'économie a pris le pouvoir au détriment de pas mal de choses. On ne visite pas Euralille, on y passe. Néanmoins, je regrette que les auteurs ne citent pas ou très peu leurs sources. Une attention aussi sur le fait que ce livre a été publié en avril 2019 et que depuis quelques éléments évoqués ont évolué. Evidemment cet opuscule sera plus en phase avec un habitant de la métropole lilloise cependant il est aussi le reflet de ce qui se passe dans diverses grandes villes de province et en cela intéressera un plus large public.

Avant de commencer je remercie Babélio et les éditions « Les étaques" pour l'envoi de ce livre suite à la masse critique « non fiction » de février.
Je suis toulousaine, mais mon fils à fait une partie de ses études à Lille et j'ai eu l'occasion plusieurs fois de venir à Lille. Autant j'ai aimé le centre de Lille (vieille ville) ainsi que les quartiers où je séjournais (Five et Hellemmes) autant je n'ai pas été attirée par Euralille.
Ce petit livre est une critique du quartier Euralille et se décline en cinq chapitres.
Prologue : Description détaillée du quartier, le centre commercial, la gare TGV, la station de métro, l'hôtel de luxe, la place Mitterrand et le parc Matisse.
Chapitre 1: comment est né ce projet, les politiques associés, le choix de l'architecte.
Chapitre 2 : dédié à l'architecte Rem Koolhaas, qui est-il? Comment a-t-il été choisi? de quelle façon a-t-il travaillé ? Quels bénéfices en a-t-il retiré.
Chapitre 3: C'est nouveaux espaces sont-ils accueillants et pour qui? Les auteurs nous décrivent la dérive liés à ses espaces, les jeunes des quartiers défavorisés viennent au centre commercial et cela dégénère en bagarre, les auteurs expliquent comment la ville a réglé le problème de la sécurité et par la même occasion la gène occasionnée par des SDF.
Chapitre 4: Euralille a permis à des familles de Lille enrichies grâce au textile de continuer à prospérer grâce aux affaires. Euralille a été une aubaine et leur à permis de passer du statu provincial à international dans leur domaine de compétences. Les auteurs, expliquent comme cela a été possible.
Chapitre 5 des exemple de constructions sauvages, faites de bric et de broc soit disant une belle alternative à ses quartiers sans vie.
Epilogue: comment contrer ce genre de projet.
j'ai trouvé ce livre très contestataire, facile à lire, bien écrit, quelques mots soutenus, mais rien d'incompréhensible. Ce livre recèle beaucoup d'informations, comment ce projet à vue le jour, pourquoi, qui cela sert-il, les choix qui ont été opérés pourquoi avoir choisi tel architecte et comment. Beaucoup d'informations, mais je trouve regrettable le manque de bibliographie, les auteurs citent des rapports (SNCF, court des comptes, conseils municipaux) mais ne donnent pas les références. c'est dommage, car cela apporterai de la crédibilité à leurs propos.
Malgré les quelques manquements, ce livre permet d'ouvrir les yeux et d'avoir une réflexion plus humaniste de nos villes, mais aussi comment s'y prendre pour contester des projets de ce style dans d'autres métropoles.
Contre Euralille d'Antonio Delfini et Rafaël Snorigussi paru chez Editions les étaques le 26/04/2019 - 120 pages

Merci à Babelio de m'avoir permis de lire ce livre très critique d Euralille. Je ne reviendrai pas sur le résumé du contenu, très bien fait par le 1 er lecteur-critique précédent. Pour ma part, je souligne les propos tous négatifs des auteurs sur ce projet et sa réalisation, après tout, c'est le but du livre. Certes le résultat de ces constructions est assez banal, je ne dirai pas laid. J amènerai des propos plus positifs. Quand on parle des Dondaines comme "un mode de construction savant et spontané, artisanal et collectif", les auteurs n ont certainement pas connu ce quasi bidonville où peu de Lillois osaient s aventuraient. le fait que la gare Lille Europe (pour les TGV) soit construite en ville, près de la gare pré existante est un vrai point pratique que Pierre Mauroy a réussi a obtenir. le centre commercial est comparé aux malls américains, mais il y a une grande différence :il est dans la ville, accessible en transport en commun. le centre d affaire n a pas tenu ses promesses et ce n'est pas le développement du télé travail qui va remplir les m2 de bureaux. La dimensions européenne de Lille était une bonne idée de Pierre Mauroy il fallait profiter de cet emplacement privilégié de la ville de Lille. le Vieux Lille a été réhabilité, il fallait voir l etat de ces rues dans les années du milieu du 20 ème siècle !! de même, le quartier Saint Sauveur. À la construction du centre commercial, il était spécifié qu un commerce du centre-ville ne pouvait y déménager, tout au plus s ouvrir en 2 ème magasin. Tout cela a été oublié et malheureusement les commerces des rues du centre ferment et les rues sont pleines de commerces fermés, la crise Covid a emplifié le phénomène.