LIVRE COUP DE COeUR,
Si je me suis permise autant de citations; c'est que chaque phrase est un paquet d'intelligence qui parlera, via le métaphore des vents, aux "profanes" du sujet ; mais aussi à ceux ayant des bases, et une soif de savoirs quant à l'ardu sujet de la mondialisation. Comment construire le monde de demain, avec les moyens que nous avons en possession; et les nombreux à construire -ensembles. Ce n'est point un roman, l'on dirait plutôt une grande Thèse à donner connaissances concrètes, tout en les illustrant. Une manière par la fluidité de l'écrit, d'apprendre à connaître, ou d'apprendre à parfaire ses connaissances, sur les sujets actuels du monde : les interdépendances (étatiques - entrepreneuriales - migratoires - solidaires...), les progrès nécessaires à réaliser en acteur, et non en spectateur, à chacun son échelle... - l'innovation, la crise climatique (très illustrée ici), les crises sanitaires, la "punition" face au terrorisme... Beaucoup de points sont abordés, très concrètement ; mais aussi par une réflexion métaphorique dans l'Apologue, et par ce que l'auteure propose concrètement dans la conclusion.
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Les vents s'affrontent et s'emmêlent comme les mouvements du monde : l'opposition de la sécurisation et de la liberté, de l'écologie et de l'exploitation de la terre, génèrent, grâce au droit international, des prises de consciences comme par exemple : si la sécurité est à protéger, elle ne peut pas, pour autant, justifier la torture ; la nature a des droits dans les civilisations primitives : sont-elles en avance ?
Amateur de voile, l'auteure entend proposer des outils issus de son expérience de juriste pour comprendre et gouverner le monde, en s'appuyant sur la force des vents dominants.
Impressionnant.
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Mireille Delmas-Marty continue d’explorer les moyens par lesquels le droit peut contribuer à réguler la mondialisation.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Ainsi avons-nous observé que la sécurité sans liberté conduit au totalitarisme tandis que la liberté sans sécurité mène le monde au chaos. De même, la compétition sans coopération peut conduire au règne de la force (force économique, force militaire, etc.), alors que la coopération sans compétition est souvent inefficace. Et l'on pourrait compléter les exemples à propos des quatre autres vents : l'innovation sans la conservation peut conduire à l'effondrement de la planète, mais la conservation sans innovation paralyse ; l'exclusion sans l'intégration, c'est l'enfermement, l'éloignement ou la guerre, mais l'intégration sans exclusion peut aboutir à une fusion mortifère.
En attribuant à la justice pénale une fonction punitive et dissuasive mais aussi préventive voire prédictive dès lors que les dispositifs de l'antiterrorisme remontent de plus en plus loin en amont du passage à l'acte, les systèmes juridiques risquent d'alimenter l'illusion d'une sécurité absolue,au nom de laquelle la société en viendrait à légitimer peu à peu le sacrifice de toute les libertés.
Traditionnellement, les peuples, unis par leur histoire et ses particularismes, avaient adopté des déclarations d'indépendance. Aujourd'hui, les habitants de la Terre, s'ils veulent s'unir dans leur désir d'avenir, doivent reconnaître leurs interdépendances afin de les transformer en un destin commun. Il ne s'agit pas d'aller vers un universalisme fusionnel improbable - et redoutable s'il devait être imposé par l'une des grandes puissances - mais vers la promotion d'objectifs communs.
Partant du constat que la mondialisation semble prise dans un tourbillon de vents contraires, on proposera de se laisser guider par la métaphore du souffle : du souffle comme esprit, à l'esprit comme énergie, puis à l'énergie comme action.
(...) l'accord de Paris prouve la capacité de la communauté internationale à dépasser la vision inter-étatique pour se reconnaître un destin commun, annonçant peut-être l'entrée dans une communauté véritablement mondiale, car interhumaine. Particulièrement bienvenu à l'heure où la peur de l'autre (le terroriste mais aussi l'étranger, fût-il demandeur d'asile) risque d'embraser la planète et de conduire à une sorte de guerre civile mondiale permanente, l'accord de Paris est encore bien fragile.
Mireille Delmas-Marty : " Aucun état ne peut faire face, seul, au dérèglement climatique " .Politique migratoire : une affaire d?Etats ?Le Débat du Grain à Moudre sur France Culture avec Mireille Delmas-Marty, juriste, professeur honoraire au Collège de France et François Gemenne, politologue, chercheur à Sciences Po Paris et à l?Université de Liège.https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/politique-migratoire-une-affaire-detats